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Économie Publié le samedi 19 novembre 2016 | Notre Voie

Secteur de l’hôtellerie dans le Gbêkê: Les opérateurs dénoncent le harcèlement fiscal

Les propriétaires d’hôtels de la Région du Gbêkê (Centre) estiment qu’ils paient trop de taxes et d’impôts. Ce qui n’est pas sans conséquence sur leurs activités. Le secrétaire général de l’Association des hôteliers du centre (AHC), Guy Eméric Loukou, a dénoncé le harcèlement fiscal auquel les opérateurs du Gbêkê sont soumis.
Sur au moins 100 hôtels membres de l’AHC, il révèle que seulement 30% sont en règle sur le plan administratif. Parce qu’ils sont capables de payer l’impôt foncier (selon le prix des chambres, la surface où est bâti l’hôtel…), l’impôt synthétique, la taxe sur la publicité, la taxe de l’occupation du domaine public (ODP) et la quittance du Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA). Ainsi que la licence d’exploitation qui coûte 200.000 FCFA et l’agrément technique qui a une valeur de 300. 000 FCFA pour une période de 5 ans et la traditionnelle taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 18%. Eméric Loukou évoque la taxe pour le développement touristique (TDT) qui est de 4% sur le chiffre d’affaires annuel. « Même si cette taxe est le fruit du prélèvement sur la consommation des clients, elle pose néanmoins problème parce qu’elle oblige l’hôtelier à renchérir le coût du service pour le client », dénonce-t-il. Pour les deux hôtels qu’il gère, le secrétaire général de l’AHC avoue qu’il paie plus d’un million FCFA d’impôt synthétique par an plus les autres taxes et impôts.
Le plus embêtant, c’est que les hôtels, révèle-t-il, ne sont pas fréquentés. « Aujourd’hui, la tendance à Bouaké, c’est que les clients négocient le tarif des prestations qui leur sont offertes dans les hôtels. Dans ces conditions, il est difficile de rentabiliser », regrette-t-il.
Il n’a pas été en mesure de donner le taux moyen de remplissage des hôtels dans le Gbêkê parce que, selon lui, les propriétaires refusent de fournir les données de leurs activités à la Direction régionale du tourisme de peur d’être épinglés par le service des Impôts, la Municipalité, le BURIDA, etc. Eméric Loukou révèle qu’il n’y a pas d’hôtel classé 2 étoiles à Bouaké. « Plus tu es classé, plus tes impôts augmentent. Par conséquent, les propriétaires d’hôtel n’ont pas intérêt à être classé ».
En plus de toutes ces difficultés, le secrétaire général de l’AHC évoque la concurrence déloyale dans le milieu. « Des gens transforment leurs résidences en aménageant des chambres qu’ils mettent au service des clients sans se me mettre en règle vis-à-vis de l’administration. Ainsi, ils évitent de payer d’impôts », regrette-t-il.
Au vu toutes ces difficultés, Eméric Loukou milite ouvertement pour l’assainissement du secteur de l’hôtellerie dans le Gbêkê.
Le besoin du développement de la filière, à l’en croire, nécessite l’accès au financement avec des facilités de remboursement. « Les hôtels, faute de soutien financier, basculent dans la catégorie d’hôtels de passe et dans l’informel. Nous souhaitons en outre la réductions des taxes et impôts », exhorte-t-il. Il trouve inadmissible que, malgré l’existence de l’AHC, les membres prêchent pour leur propre chapelle.
« La solidarité dans l’association nous permettrait de mieux défendre nos intérêts », soupire-t-il.
Eméric Loukou demande à l’Etat ivoirien d’aider les hôtels qui existaient avant septembre 2002 (début de la crise politico-militaire) à relancer leurs activités. « Malheureusement, l’accès au fonds d’investissement du secteur exige d’être en règle sur le plan administratif », précise-t-il. Il trouve inadmissible que Bouaké n’ait pas d’attrait touristique pour attirer les visiteurs. Même la politique qui consiste à faire jouer les matches des Eléphants footballeurs à Bouaké, selon le secrétaire général de l’AHC, ne profite qu’à un groupe d’hôtels au détriment de la majorité. C’est pourquoi il propose la réhabilitation des sites touristiques de la région pour attirer les visiteurs, comme l’a promis par le ministre du Tourisme, Roger Kacou, en avril 2015, lors de la visite qu’il a effectuée dans la région.


GOMON Edmond
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