THEME : MINISTERE DU PETROLE ET DE L’ENERGIE, ET SI ON TRAVAILLAIT MIEUX ?
Mesdames et Messieurs les journalistes, membres de la presse,
C’est avec un sentiment mitigé que nous venons ici nous adresser à vous et tenter de faire, autant qu’il se peut, cet exercice de passer au scanner le travail du Ministère du Pétrole et de l’Energie.
Nous voulons tout d’abord vous adresser nos remerciements les plus sincères pour avoir accepté de nous entendre sur ce thème que nous soumettons à votre attention, à savoir : Ministère du Pétrole et de l’Energie, et si on travaillait mieux ?
Nous voudrions aussi adresser nos remerciements au Camarade Mamadou SORO, SG de la Centrale Syndicale Humanisme, qui nous donne un cadre pour échanger avec vous.
Enfin, nos remerciements s’adressent à tous les agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie pour leur contribution significative dans la réalisation de cette conférence et leur dur labeur de fonctionnaire.
Pour revenir au sujet de ce matin, nous vous proposons un plan succinct en quatre (04) parties :
A. Les succès du MPE depuis 2011
B. L’envers du décor au MPE
C. Le MPE à l’épreuve de la bonne gouvernance
D. Nos solutions pour un MPE plus vertueux
A- Les succès du MPE depuis 2011
Dès 2011, le Ministre du Pétrole et de l’Energie a affirmé sa volonté de « faire de la Côte d’Ivoire le hub pétrolier et énergétique de la Sous-région ». Cette volonté doit être mise en œuvre à travers le développement des flux physiques du gaz naturel, des produits pétroliers (gaz butane et carburants), de l’électricité et des infrastructures associées.
Qu’est-ce qui a été fait dans la réalisation de cet objectif ?
Nous citerons quelques éléments en nous appuyant sur les données du dernier Séminaire National de l’Energie (SNE 2016, Yamoussoukro).
Au titre des Hydrocarbures
- Signature de 22 CPP de 2011 à 2015 contre 17 de 2000 à 2010
- Bonus de signature cumulés 117 240 000 USD, soit environ 58 620 000 000 F CFA
- Une couverture sismique de 24 300 Km2 en 3D et 2 000 Km en 2D de 2012 à 2015 contre 22 381 Km2 en 3D et 64 000 Km en 2D de 2000 à 2010
- Une production moyenne de 45 000 bbl de brut par jour et 240 MMscf de gaz naturel par jour au 1er semestre 2016 contre 34 000 bbls de brut par jour et 150 MMscf par jour en 2011
- Les revenus de l’Etat au niveau du brut et du gaz naturel sont respectivement de 3,9 et 1,4 milliards USD de 2011 à 2015
- Mise en service du tronçon Abidjan-Yamoussoukro du pipeline multi-produit
- Uniformisation du prix du gaz butane sur l’ensemble du territoire national
- Résorbation du déficit du secteur butane lié à la subvention
- Elimination des pénuries de gaz butane
- Etc.
Au titre du secteur de l’Energie
- Réalisation à plus de 90% du barrage hydroélectrique de Soubré
- Accroissement de la capacité de production de 1 391 MW en 2011 à 2 000 MW en début 2016
- Réduction des pertes du réseau électrique par un accroissement du rendement global de 71% en 2011 à 80% en 2015
- Réduction du déficit de 107 milliards de F CFA en 2011 à 39 milliards de FCFA en 2015
- Alimentation de Bouna à partir du Ghana
- Electrification de 4 126 localités portant le taux de couverture de 33% en 2011 à 48% en 2015
- Préfinancement des branchements à faible ampérage pour environ 44 500 ménages dans le cadre du programme de branchements sociaux
Pour l’ensemble du Ministère, mise en place d’un programme de formation de jeunes bacheliers dans le domaine des hydrocarbures et de l’électricité dans les grandes universités américaines et européennes. Ce programme a déjà pris en compte 90 nouveaux bacheliers depuis 2012.
En bref, les actions du Ministère du Pétrole et de l’Energie ont eu un certain impact positif.
B. L’envers du décor
Ici aussi, nous nous appesantirons sur quelques éléments.
Au titre des hydrocarbures
Mesdames et Messieurs, nous voulons commencer par vous dire que, pour la première fois dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, un DG d’Administration publique est nommé DG d’une société d’Etat. En l’occurrence le DG des Hydrocarbures est aussi DG de PETROCI.
Il cumule donc deux postes de hautes responsabilités, deux salaires et des prérogatives qui peuvent être conflictuelles.
Ce qui est inquiétant, c’est que le gouvernement n’a pas encore donné son accord (puisqu’il n’y a pas encore de décret de nomination), mais cette nomination dure depuis au moins un an. De plus cette nomination est en violation flagrante du Statut Général de la Fonction Publique.
Pour nous, cette nomination confirme le fait que le Ministère fonctionne en petit comité. En effet, le PCA de la SIR est aussi Conseillers Spécial du Ministre du Pétrole te de l’Energie. Le double DG des Hydrocarbures et de la PETROCI est aussi Conseiller Spécial du Ministre du Pétrole et de l’Energie.
Deuxièmement, certaines Directions du Ministère sont soit inexistantes, soit sans Directeur depuis de nombreuses années. Il s’agit de la Direction des Ressources Humaines, de la Direction de la Planification et de la statistique et de la Direction de l’Electrification Rurale. Plus particulièrement, à la Direction Générale de l’Energie sur 8 Sous-directions, seulement 3 trois ont été dotées de Sous-directeurs.
Troisièmement, en dépit des chiffres encourageants cités dans la première partie, les sociétés d’Etat semblent être dans les situations les plus difficiles qui soient.
D’abord la SIR (Société Ivoirienne de Raffinage). C’est un fait notoire que la SIR a fréquemment des difficultés de trésorerie pour s’offrir les cargaisons de brut nécessaires au fonctionnement de ses unités. D’ailleurs, c’est un fait confirmé par la presse écrite nationale qui affirme que depuis le début de l’année 2016, la SIR a effectué de nombreux licenciements et qu’elle est confrontée à une dette de 850 milliards de F CFA.
Cette situation est inquiétante à plusieurs titres. En effet, selon plusieurs experts, une période de bas cours du brut, comme celle que nous observons depuis plus de deux ans est profitable aux industries du raffinage. Ce qui ne semble pas être le cas de la SIR.
De plus, la dette de la SIR représente plus de 90% de la masse salariale de la Fonction Publique. C’est dire son importance et le risque que cette situation fait peser sur la disponibilité des produits pétroliers en Côte d’Ivoire.
Les questions qui se posent. D’où vient la dette de la SIR ? Pourquoi n’a-t-elle pas été traitée jusqu’à ce jour ? Ne sommes-nous pas en train d’être conduits vers une privatisation de la SIR ? Ne faut-il pas s’inquiéter d’une augmentation à venir des prix des carburants (essence super, gasoil, jet, pétrole lampant), avec son corollaire d’augmentation du coût de la vie ?
Ensuite et enfin la PETROCI. Elle aussi, semble être dans une passe difficile. En effet, nous n’avons pas encore oublié les nombreux licenciements en fin d’année dernière. De plus, PETROCI Logistique a été cédé à SEA Invest et son réseau de stations-service à PUMA Energy.
Qu’est-ce qui justifie ce démantèlement de cette société d’Etat, alors qu’aucune explication n’est donnée sur son état de santé ?
Au titre de l’Energie
Pour le secteur de l’Energie, nous voulons insister sur l’insuffisance, voire l’absence du contrôle régalien de l’Etat. Dans ce cadre, nous évoquerons quelques éléments.
En effet, selon le décret organisant le MPE, la Direction Générale de l’Energie étant chargée de la coordination et de la planification de la politique énergétique nationale, de l’élaboration et du suivi de la législation et de la réglementation sur l’électricité et les énergies renouvelables et de la gestion de l’utilisation des ressources énergétiques.
Cependant, le constat est que la DGE a renoncé à ses attributions.
Premièrement, la planification et la mise en œuvre de l’électrification rurale est menée par CI-énergie. L’on comprend donc pourquoi, l’inexistence de Directeur de l’Electrification Rurale n’émeut personne.
Deuxièmement, la lutte contre la fraude sur l’électricité est menée par la CIE alors que nous savons tous que les agents de cette structure sont très souvent complices des fraudeurs et que c’est l’Etat et les populations ivoiriennes qui souffrent des déficits dans le secteur.
Troisièmement, le contrôle de la facture de l’éclairage public et des bâtiments publics est désormais effectué (sans aucune explication) par la Direction du Patrimoine de l’Etat (DPE) alors que traditionnellement, ce contrôle était fait par la Direction Générale de l’Energie à travers une convention entre la DGE et le LBTP. Cette convention est désormais conclue entre la DPE et le LBTP. Conséquence, la facture des abonnés de l’Etat devient de plus en plus insupportable.
Quatrièmement, il n’existe aucun service de l’énergie dans les Directions Régionales et Départementales du Ministère du Pétrole et de l’Energie. Cela laisse libre cours aux pratiques illicites avec la possible complicité d’agents de la CIE.
Cinquièmement, chaque année, la DGE reçoit de la CIE des rapports contractuels dont la fiabilité peut être mise en doute. En effet, le consultant Macroconsulting, dans le cadre de l’étude tarifaire de l’électricité de 2012, a révélé que « les informations comptables et financières (balance comptable), détail des principales charges d’exploitation, détail des travaux réalisés pour le compte de l’Etat, assignation des charges entre activités de production, transport, distribution MT et BT n’ont pu être obtenues de la CIE ». Il affirme aussi que « les données des comptes rendus techniques 2006 et 2009 ne coïncident pas exactement avec l’information du rapport annuel d’exploitation 2009 ».
C. Le MPE à l’épreuve de la bonne gouvernance
Depuis 2011, une certaine politique de développement et de stabilisation des secteurs pétroliers et énergétique est engagée. Quelques chiffres l’attestant ont été donnés dans la première partie.
Mais le constat que nous faisons, c’est que ce développement se fait au détriment du capital ivoirien.
Crise à la PETROCI avec des licenciements et la vente de parts importantes et juteuses de cette société d’Etat.
Crise de liquidité et de dette à la SIR avec des licenciements et le risque de privatisation et d’augmentation du prix à la pompe des carburants.
L’absence de lutte contre la fraude sur le réseau qui est pourtant reconnue comme un moyen de faire baisser les coûts de l’électricité.
Le détournement des primes et indemnités des agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie. En effet, conformément aux dispositions de l’arrêté interministériel n°112 du 14 juillet 2009, nous avons droit à un certain nombre de ressources parmi lesquelles figurent les ventes de données sismiques et les frais appontements. Cependant, depuis 2011, nous n’arrivons plus à percevoir ces indemnités pendant que le Ministère du Pétrole et de l’Energie perçoit toujours ces ressources.
Pour vous fournir un élément comparatif sur ce point, les ventes de données sismiques en 2010 s’élevaient à 8 milliards de F CFA. De plus, un accord avait été obtenu entre le Syndicat SYNAMMECI et le Cabinet ministériel d’alors pour le paiement d’une prime d’un montant total de 1 milliard de F CFA sur ces ventes de données sismiques en fin 2010.
Or les ventes de données sismiques au regard des chiffres que nous avons annoncés plus haut se sont multipliées ces dernières années. Mais le Ministère a jugé bon de violer l’arrêté précité et de porter atteinte aux conditions de vie de ses agents. Cela laisse croire que les autorités du Ministère gèrent les ressources des Hydrocarbures et de l’Energie comme des biens privés.
Pour faire face à cette situation et pour nous rétablir dans nos droits, nous avons initié un certain nombre d’actions. Nous avons saisi le Premier Ministre, le Président de la République, la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, l’Inspection Générale d’Etat, le Président de l’Assemblée Nationale, le Grand Médiateur de la République et la Grande Chancelière etc.
Mais jusqu’à présent la réaction de ces différentes institutions de la République sembles conforter les autorités du Ministère de gérer les ressources à leur guise, au détriment des agents, en violation de la réglementation en vigueur et contre les principes de la bonne gouvernance.
En somme, nous dénonçons l’immobilisme qui règne dans ce dossier.
Quelles sont les conséquences de cette situation ?
L’appauvrissement et démotivation des agents. Nous en voulons pour preuve le fait que depuis 2011, nous enregistrons le départ de plus 25 à 30 agents (partis à la recherche de lendemains meilleurs) pour un Ministère qui en compte moins de 400.
De plus, nous voulons porter à la connaissance de la presse nationale et internationale que les agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie entrent en grève à partir du lundi 28 novembre 2016 pour 72h. Déjà les manœuvres ont commencé pour intimider les agents et casser cette grève avant qu’elle n’ait démarré.
D. Nos solutions pour un MPE plus vertueux
Pour nous, la Côte d’Ivoire a les moyens de devenir effectivement le hub pétrolier et énergétique de la Sous-région.
Mais il est difficile de réaliser un tel objectif en petit comité et dans un contexte de mal gouvernance.
Le constat actuel est que le secteur pétrolier et énergétique ivoirien évolue au détriment des agents publics et parapublics et des intérêts stratégiques de la Côte d’Ivoire dans le secteur. C’est pourquoi nous proposons :
- L’instauration d’un dialogue social sincère et constructif au sein du Ministère du Pétrole et de l’Energie,
- Renforcer la structure organisationnelle du Ministère par la finalisation des nominations,
- Mise en place d’un programme de formation continue et de spécialisation des fonctionnaires du Ministère du Pétrole et de l’Energie,
- Elaborer et mettre en œuvre un plan de lutte contre la fraude sur l’électricité,
- Une gestion de l’administration publique et des sociétés d’Etat conformément aux principes de la bonne gouvernance et des intérêts stratégiques de l’Etat dans les secteurs du Pétrole et de l’Energie
- Publication par la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance des résultats de son enquête sur le dossier de non-paiement de nos primes que nous lui avons soumis,
- Paiement sans délai des arriérés de primes des agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie et Signature d’un décret pour formaliser définitivement le paiement des primes aux agents. En effet, il est impensable de faire de la Côte d’Ivoire un hub pétrolier et énergétique de la sous-région avec des fonctionnaires pauvres.
Chers amis de la presse,
Camarades du Ministère du Pétrole et de l’Energie,
Parvenu à la fin de notre exposé nous voulons encore vous réitérer nos remerciements.
Il est reconnu qu’il n’y a pas de développement et donc d’émergence sans énergie. De plus d’une manière générale, les secteurs pétroliers et énergétiques sont très réglementés et sont aussi de gros pourvoyeurs de ressources financières. Il y a donc là une source multiple de solutions d’émergence de la Côte d’Ivoire.
En ce qui nous concerne, les agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie ont décidé de ne plus être des cordonniers mal chaussés. Nous en appelons donc au réveil et à la vigilance de tout le corpus national, parce que l’émergence de la Côte d’Ivoire passe irrémédiablement par le Ministère du Pétrole et de l’Energie.
Fait à Abidjan, le 24 novembre 2016
OMEPIEU Diégo Armand
Secrétaire Général de CALME
Mesdames et Messieurs les journalistes, membres de la presse,
C’est avec un sentiment mitigé que nous venons ici nous adresser à vous et tenter de faire, autant qu’il se peut, cet exercice de passer au scanner le travail du Ministère du Pétrole et de l’Energie.
Nous voulons tout d’abord vous adresser nos remerciements les plus sincères pour avoir accepté de nous entendre sur ce thème que nous soumettons à votre attention, à savoir : Ministère du Pétrole et de l’Energie, et si on travaillait mieux ?
Nous voudrions aussi adresser nos remerciements au Camarade Mamadou SORO, SG de la Centrale Syndicale Humanisme, qui nous donne un cadre pour échanger avec vous.
Enfin, nos remerciements s’adressent à tous les agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie pour leur contribution significative dans la réalisation de cette conférence et leur dur labeur de fonctionnaire.
Pour revenir au sujet de ce matin, nous vous proposons un plan succinct en quatre (04) parties :
A. Les succès du MPE depuis 2011
B. L’envers du décor au MPE
C. Le MPE à l’épreuve de la bonne gouvernance
D. Nos solutions pour un MPE plus vertueux
A- Les succès du MPE depuis 2011
Dès 2011, le Ministre du Pétrole et de l’Energie a affirmé sa volonté de « faire de la Côte d’Ivoire le hub pétrolier et énergétique de la Sous-région ». Cette volonté doit être mise en œuvre à travers le développement des flux physiques du gaz naturel, des produits pétroliers (gaz butane et carburants), de l’électricité et des infrastructures associées.
Qu’est-ce qui a été fait dans la réalisation de cet objectif ?
Nous citerons quelques éléments en nous appuyant sur les données du dernier Séminaire National de l’Energie (SNE 2016, Yamoussoukro).
Au titre des Hydrocarbures
- Signature de 22 CPP de 2011 à 2015 contre 17 de 2000 à 2010
- Bonus de signature cumulés 117 240 000 USD, soit environ 58 620 000 000 F CFA
- Une couverture sismique de 24 300 Km2 en 3D et 2 000 Km en 2D de 2012 à 2015 contre 22 381 Km2 en 3D et 64 000 Km en 2D de 2000 à 2010
- Une production moyenne de 45 000 bbl de brut par jour et 240 MMscf de gaz naturel par jour au 1er semestre 2016 contre 34 000 bbls de brut par jour et 150 MMscf par jour en 2011
- Les revenus de l’Etat au niveau du brut et du gaz naturel sont respectivement de 3,9 et 1,4 milliards USD de 2011 à 2015
- Mise en service du tronçon Abidjan-Yamoussoukro du pipeline multi-produit
- Uniformisation du prix du gaz butane sur l’ensemble du territoire national
- Résorbation du déficit du secteur butane lié à la subvention
- Elimination des pénuries de gaz butane
- Etc.
Au titre du secteur de l’Energie
- Réalisation à plus de 90% du barrage hydroélectrique de Soubré
- Accroissement de la capacité de production de 1 391 MW en 2011 à 2 000 MW en début 2016
- Réduction des pertes du réseau électrique par un accroissement du rendement global de 71% en 2011 à 80% en 2015
- Réduction du déficit de 107 milliards de F CFA en 2011 à 39 milliards de FCFA en 2015
- Alimentation de Bouna à partir du Ghana
- Electrification de 4 126 localités portant le taux de couverture de 33% en 2011 à 48% en 2015
- Préfinancement des branchements à faible ampérage pour environ 44 500 ménages dans le cadre du programme de branchements sociaux
Pour l’ensemble du Ministère, mise en place d’un programme de formation de jeunes bacheliers dans le domaine des hydrocarbures et de l’électricité dans les grandes universités américaines et européennes. Ce programme a déjà pris en compte 90 nouveaux bacheliers depuis 2012.
En bref, les actions du Ministère du Pétrole et de l’Energie ont eu un certain impact positif.
B. L’envers du décor
Ici aussi, nous nous appesantirons sur quelques éléments.
Au titre des hydrocarbures
Mesdames et Messieurs, nous voulons commencer par vous dire que, pour la première fois dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, un DG d’Administration publique est nommé DG d’une société d’Etat. En l’occurrence le DG des Hydrocarbures est aussi DG de PETROCI.
Il cumule donc deux postes de hautes responsabilités, deux salaires et des prérogatives qui peuvent être conflictuelles.
Ce qui est inquiétant, c’est que le gouvernement n’a pas encore donné son accord (puisqu’il n’y a pas encore de décret de nomination), mais cette nomination dure depuis au moins un an. De plus cette nomination est en violation flagrante du Statut Général de la Fonction Publique.
Pour nous, cette nomination confirme le fait que le Ministère fonctionne en petit comité. En effet, le PCA de la SIR est aussi Conseillers Spécial du Ministre du Pétrole te de l’Energie. Le double DG des Hydrocarbures et de la PETROCI est aussi Conseiller Spécial du Ministre du Pétrole et de l’Energie.
Deuxièmement, certaines Directions du Ministère sont soit inexistantes, soit sans Directeur depuis de nombreuses années. Il s’agit de la Direction des Ressources Humaines, de la Direction de la Planification et de la statistique et de la Direction de l’Electrification Rurale. Plus particulièrement, à la Direction Générale de l’Energie sur 8 Sous-directions, seulement 3 trois ont été dotées de Sous-directeurs.
Troisièmement, en dépit des chiffres encourageants cités dans la première partie, les sociétés d’Etat semblent être dans les situations les plus difficiles qui soient.
D’abord la SIR (Société Ivoirienne de Raffinage). C’est un fait notoire que la SIR a fréquemment des difficultés de trésorerie pour s’offrir les cargaisons de brut nécessaires au fonctionnement de ses unités. D’ailleurs, c’est un fait confirmé par la presse écrite nationale qui affirme que depuis le début de l’année 2016, la SIR a effectué de nombreux licenciements et qu’elle est confrontée à une dette de 850 milliards de F CFA.
Cette situation est inquiétante à plusieurs titres. En effet, selon plusieurs experts, une période de bas cours du brut, comme celle que nous observons depuis plus de deux ans est profitable aux industries du raffinage. Ce qui ne semble pas être le cas de la SIR.
De plus, la dette de la SIR représente plus de 90% de la masse salariale de la Fonction Publique. C’est dire son importance et le risque que cette situation fait peser sur la disponibilité des produits pétroliers en Côte d’Ivoire.
Les questions qui se posent. D’où vient la dette de la SIR ? Pourquoi n’a-t-elle pas été traitée jusqu’à ce jour ? Ne sommes-nous pas en train d’être conduits vers une privatisation de la SIR ? Ne faut-il pas s’inquiéter d’une augmentation à venir des prix des carburants (essence super, gasoil, jet, pétrole lampant), avec son corollaire d’augmentation du coût de la vie ?
Ensuite et enfin la PETROCI. Elle aussi, semble être dans une passe difficile. En effet, nous n’avons pas encore oublié les nombreux licenciements en fin d’année dernière. De plus, PETROCI Logistique a été cédé à SEA Invest et son réseau de stations-service à PUMA Energy.
Qu’est-ce qui justifie ce démantèlement de cette société d’Etat, alors qu’aucune explication n’est donnée sur son état de santé ?
Au titre de l’Energie
Pour le secteur de l’Energie, nous voulons insister sur l’insuffisance, voire l’absence du contrôle régalien de l’Etat. Dans ce cadre, nous évoquerons quelques éléments.
En effet, selon le décret organisant le MPE, la Direction Générale de l’Energie étant chargée de la coordination et de la planification de la politique énergétique nationale, de l’élaboration et du suivi de la législation et de la réglementation sur l’électricité et les énergies renouvelables et de la gestion de l’utilisation des ressources énergétiques.
Cependant, le constat est que la DGE a renoncé à ses attributions.
Premièrement, la planification et la mise en œuvre de l’électrification rurale est menée par CI-énergie. L’on comprend donc pourquoi, l’inexistence de Directeur de l’Electrification Rurale n’émeut personne.
Deuxièmement, la lutte contre la fraude sur l’électricité est menée par la CIE alors que nous savons tous que les agents de cette structure sont très souvent complices des fraudeurs et que c’est l’Etat et les populations ivoiriennes qui souffrent des déficits dans le secteur.
Troisièmement, le contrôle de la facture de l’éclairage public et des bâtiments publics est désormais effectué (sans aucune explication) par la Direction du Patrimoine de l’Etat (DPE) alors que traditionnellement, ce contrôle était fait par la Direction Générale de l’Energie à travers une convention entre la DGE et le LBTP. Cette convention est désormais conclue entre la DPE et le LBTP. Conséquence, la facture des abonnés de l’Etat devient de plus en plus insupportable.
Quatrièmement, il n’existe aucun service de l’énergie dans les Directions Régionales et Départementales du Ministère du Pétrole et de l’Energie. Cela laisse libre cours aux pratiques illicites avec la possible complicité d’agents de la CIE.
Cinquièmement, chaque année, la DGE reçoit de la CIE des rapports contractuels dont la fiabilité peut être mise en doute. En effet, le consultant Macroconsulting, dans le cadre de l’étude tarifaire de l’électricité de 2012, a révélé que « les informations comptables et financières (balance comptable), détail des principales charges d’exploitation, détail des travaux réalisés pour le compte de l’Etat, assignation des charges entre activités de production, transport, distribution MT et BT n’ont pu être obtenues de la CIE ». Il affirme aussi que « les données des comptes rendus techniques 2006 et 2009 ne coïncident pas exactement avec l’information du rapport annuel d’exploitation 2009 ».
C. Le MPE à l’épreuve de la bonne gouvernance
Depuis 2011, une certaine politique de développement et de stabilisation des secteurs pétroliers et énergétique est engagée. Quelques chiffres l’attestant ont été donnés dans la première partie.
Mais le constat que nous faisons, c’est que ce développement se fait au détriment du capital ivoirien.
Crise à la PETROCI avec des licenciements et la vente de parts importantes et juteuses de cette société d’Etat.
Crise de liquidité et de dette à la SIR avec des licenciements et le risque de privatisation et d’augmentation du prix à la pompe des carburants.
L’absence de lutte contre la fraude sur le réseau qui est pourtant reconnue comme un moyen de faire baisser les coûts de l’électricité.
Le détournement des primes et indemnités des agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie. En effet, conformément aux dispositions de l’arrêté interministériel n°112 du 14 juillet 2009, nous avons droit à un certain nombre de ressources parmi lesquelles figurent les ventes de données sismiques et les frais appontements. Cependant, depuis 2011, nous n’arrivons plus à percevoir ces indemnités pendant que le Ministère du Pétrole et de l’Energie perçoit toujours ces ressources.
Pour vous fournir un élément comparatif sur ce point, les ventes de données sismiques en 2010 s’élevaient à 8 milliards de F CFA. De plus, un accord avait été obtenu entre le Syndicat SYNAMMECI et le Cabinet ministériel d’alors pour le paiement d’une prime d’un montant total de 1 milliard de F CFA sur ces ventes de données sismiques en fin 2010.
Or les ventes de données sismiques au regard des chiffres que nous avons annoncés plus haut se sont multipliées ces dernières années. Mais le Ministère a jugé bon de violer l’arrêté précité et de porter atteinte aux conditions de vie de ses agents. Cela laisse croire que les autorités du Ministère gèrent les ressources des Hydrocarbures et de l’Energie comme des biens privés.
Pour faire face à cette situation et pour nous rétablir dans nos droits, nous avons initié un certain nombre d’actions. Nous avons saisi le Premier Ministre, le Président de la République, la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance, l’Inspection Générale d’Etat, le Président de l’Assemblée Nationale, le Grand Médiateur de la République et la Grande Chancelière etc.
Mais jusqu’à présent la réaction de ces différentes institutions de la République sembles conforter les autorités du Ministère de gérer les ressources à leur guise, au détriment des agents, en violation de la réglementation en vigueur et contre les principes de la bonne gouvernance.
En somme, nous dénonçons l’immobilisme qui règne dans ce dossier.
Quelles sont les conséquences de cette situation ?
L’appauvrissement et démotivation des agents. Nous en voulons pour preuve le fait que depuis 2011, nous enregistrons le départ de plus 25 à 30 agents (partis à la recherche de lendemains meilleurs) pour un Ministère qui en compte moins de 400.
De plus, nous voulons porter à la connaissance de la presse nationale et internationale que les agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie entrent en grève à partir du lundi 28 novembre 2016 pour 72h. Déjà les manœuvres ont commencé pour intimider les agents et casser cette grève avant qu’elle n’ait démarré.
D. Nos solutions pour un MPE plus vertueux
Pour nous, la Côte d’Ivoire a les moyens de devenir effectivement le hub pétrolier et énergétique de la Sous-région.
Mais il est difficile de réaliser un tel objectif en petit comité et dans un contexte de mal gouvernance.
Le constat actuel est que le secteur pétrolier et énergétique ivoirien évolue au détriment des agents publics et parapublics et des intérêts stratégiques de la Côte d’Ivoire dans le secteur. C’est pourquoi nous proposons :
- L’instauration d’un dialogue social sincère et constructif au sein du Ministère du Pétrole et de l’Energie,
- Renforcer la structure organisationnelle du Ministère par la finalisation des nominations,
- Mise en place d’un programme de formation continue et de spécialisation des fonctionnaires du Ministère du Pétrole et de l’Energie,
- Elaborer et mettre en œuvre un plan de lutte contre la fraude sur l’électricité,
- Une gestion de l’administration publique et des sociétés d’Etat conformément aux principes de la bonne gouvernance et des intérêts stratégiques de l’Etat dans les secteurs du Pétrole et de l’Energie
- Publication par la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance des résultats de son enquête sur le dossier de non-paiement de nos primes que nous lui avons soumis,
- Paiement sans délai des arriérés de primes des agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie et Signature d’un décret pour formaliser définitivement le paiement des primes aux agents. En effet, il est impensable de faire de la Côte d’Ivoire un hub pétrolier et énergétique de la sous-région avec des fonctionnaires pauvres.
Chers amis de la presse,
Camarades du Ministère du Pétrole et de l’Energie,
Parvenu à la fin de notre exposé nous voulons encore vous réitérer nos remerciements.
Il est reconnu qu’il n’y a pas de développement et donc d’émergence sans énergie. De plus d’une manière générale, les secteurs pétroliers et énergétiques sont très réglementés et sont aussi de gros pourvoyeurs de ressources financières. Il y a donc là une source multiple de solutions d’émergence de la Côte d’Ivoire.
En ce qui nous concerne, les agents du Ministère du Pétrole et de l’Energie ont décidé de ne plus être des cordonniers mal chaussés. Nous en appelons donc au réveil et à la vigilance de tout le corpus national, parce que l’émergence de la Côte d’Ivoire passe irrémédiablement par le Ministère du Pétrole et de l’Energie.
Fait à Abidjan, le 24 novembre 2016
OMEPIEU Diégo Armand
Secrétaire Général de CALME