Le Code de l’électricité, l’investissement privé et le Plan d’action 2013-2030 pour le renforcement de la production énergétique sont autant de facteurs qui permettent de comprendre le fonctionnement de ce secteur et les détails de la politique de tarification.
Le retour à la stabilité politique en côte d’Ivoire depuis 2012 a marqué la fin d’une longue période de déboires politiques qui a eu des effets néfastes sur les infrastructures du secteur énergétique, et dissuadé les investisseurs privés internationaux. Le gouvernement ivoirien a récemment mis en œuvre des plans de développement stratégiques afin de revitaliser le secteur de l’électricité. L’un des objectifs de ces plans est de doubler la capacité de production d’électricité d’ici 2020 afin de répondre à la demande croissante tirée par la croissance de l’économie. C’est dans ce contexte qu’un nouveau Code de l’électricité a été promulgué en 2014. Il permet une libéralisation progressive du secteur de l’électricité en mettant fin au monopole que l’Etat détenait dans le transport, la distribution, la commercialisation, l’importation et l’exportation de l’électricité. Ces activités peuvent dorénavant être assurées par un ou plusieurs opérateurs privés au terme d’un accord conclu avec l’Etat. Cependant, le partenariat entre l’Etat et la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a été prolongé en 2005 pour une période de quinze ans ; les effets réels de la participation des autres compagnies privées à des activités assurées normalement par la CIE restent à venir.
Par ailleurs, le nouveau Code de l’électricité ne représente pas une libéralisation totale du secteur de l’électricité. L’Etat conserve son monopole en ce qui concerne le maintien de l’offre et de la demande (dispatching). En Côte d’Ivoire, la production de l’électricité repose sur un système dual : environ 60% de l’électricité du pays est issue de centrales thermiques, et environ 40% de centrales hydrauliques. Ciprel, Azito et Aggreko sont les principaux producteurs indépendants (PIE). Ciprel, située dans la zone industrielle de Vridi, est actuellement la plus importante centrale du pays et participe à environ deux tiers de la production d’électricité non hydraulique. Les évolutions récentes reflètent la stratégie du gouvernement de placer la Côte d’Ivoire comme un acteur clef du Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain, notamment par la construction d’une nouvelle centrale hydraulique à Soubré et l’agrandissement des centrales électriques de Ciprel et Azito. La participation des PIE dans le secteur de l’électricité en Côte d’Ivoire est régie par un système d’accords conventionnés, de tels accords étant conclus entre le PIE et l’Etat avant tout démarrage des activités en question.
Une nouvelle logique de tarification
Le gouvernement ivoirien a entrepris d’améliorer l’environnement pour l’investissement des PIE grâce aux modifications apportées à la tarification. L’existence d’une tarification préférentielle et l’échec du règlement des prix de l’électricité quant à sa capacité à rendre compte des coûts de production ont été vécus comme des obstacles pour les investisseurs privés du secteur de l’électricité en Côte d’Ivoire. Le gouvernement a donc annoncé une nouvelle stratégie de tarification, y compris les objectifs de mettre progressivement un terme au régime de tarification préférentielle et de mettre en œuvre des augmentations graduelles des prix, ce qui illustre le souhait du gouvernement de rendre le secteur de l’électricité plus attractif pour les investisseurs. Cet objectif est également exprimé dans le nouveau Code de l’électricité qui prévoit explicitement que les prix doivent tenir compte des coûts, des charges et des profits envisagés qui résultent des obligations de service public dans le secteur de l’électricité, ainsi que l’équilibre financier des opérateurs et de leur retour sur investissement. C’est à ce titre qu’une augmentation de 40% du coût de la consommation de l’électricité a été opérée, créant une situation de mécontentement généralisé presque partout sur le territoire national.
Des investissements nécessaires
Le Plan d’action 2013-2030 prévoit d’ambitieux objectifs pour le développement du secteur de l’électricité. Le gouvernement s’attache surtout à mettre l’accent sur la diversification de l’approvisionnement en carburant, en particulier la biomasse et le charbon, et tend à se dispenser des centrales thermiques. Les développements futurs du secteur prévoient également de mettre l’accent sur le développement des énergies renouvelables. Dans le cadre des objectifs du gouvernement, les énergies renouvelables devraient représenter 20% de la capacité de production en Côte d’Ivoire à l’horizon 2030. D’importants investissements sont nécessaires dans le seul secteur afin de réaliser cet objectif au regard de la part actuelle des énergies renouvelables qui est d’environ 2%. Pour le moment sur la base des productions thermiques et hydrauliques, la Côte d’Ivoire a augmenté sa production énergétique de 50% en quatre ans, de 1.200 MW à une puissance installée proche de 2.000 MW début 2016, et compte avec l’appui de certains opérateurs, tels que Général Electric, «ajouter 2000 MW d’ici 2020. Le pays, en l’état de sa production, fournit au Ghana (80 MW), au Burkina Faso, au Togo, au Mali, à la Guinée, au Liberia et à la Sierra Leone.
Quelques prix comparatifs d’un pays à un autre
Le prix de l’électricité varie de 1 à 20 suivant les pays. Le kWh est vendu 70 centimes d’euros au Gabon contre 3,6 centimes en Afrique du Sud. A Djibouti, il est à 53 centimes alors qu’en Tunisie et au Maroc, il est à 6 centimes et au Sénégal à 22 centimes (145 FCFA). Les disparités dans le prix du KWh ne sont pas une exclusivité de l’Afrique. En Europe, le kWh est en moyenne à 17,7 centimes, mais seulement à 13 centimes en France contre 25 centimes au Danemark, 21 centimes en Belgique et 20 centimes en Allemagne… Aux Etats-Unis, il varie de 6 à 10 centimes selon les Etats, sauf celui de New York où il culmine à 17 centimes. Les coûts de production ne sont pas toujours l’élément essentiel du prix. Les coûts de transport, les coûts de gestion des compagnies et les taxes diverses sont souvent responsables de telles différences.
Dieudonné Wognin
Le retour à la stabilité politique en côte d’Ivoire depuis 2012 a marqué la fin d’une longue période de déboires politiques qui a eu des effets néfastes sur les infrastructures du secteur énergétique, et dissuadé les investisseurs privés internationaux. Le gouvernement ivoirien a récemment mis en œuvre des plans de développement stratégiques afin de revitaliser le secteur de l’électricité. L’un des objectifs de ces plans est de doubler la capacité de production d’électricité d’ici 2020 afin de répondre à la demande croissante tirée par la croissance de l’économie. C’est dans ce contexte qu’un nouveau Code de l’électricité a été promulgué en 2014. Il permet une libéralisation progressive du secteur de l’électricité en mettant fin au monopole que l’Etat détenait dans le transport, la distribution, la commercialisation, l’importation et l’exportation de l’électricité. Ces activités peuvent dorénavant être assurées par un ou plusieurs opérateurs privés au terme d’un accord conclu avec l’Etat. Cependant, le partenariat entre l’Etat et la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE) a été prolongé en 2005 pour une période de quinze ans ; les effets réels de la participation des autres compagnies privées à des activités assurées normalement par la CIE restent à venir.
Par ailleurs, le nouveau Code de l’électricité ne représente pas une libéralisation totale du secteur de l’électricité. L’Etat conserve son monopole en ce qui concerne le maintien de l’offre et de la demande (dispatching). En Côte d’Ivoire, la production de l’électricité repose sur un système dual : environ 60% de l’électricité du pays est issue de centrales thermiques, et environ 40% de centrales hydrauliques. Ciprel, Azito et Aggreko sont les principaux producteurs indépendants (PIE). Ciprel, située dans la zone industrielle de Vridi, est actuellement la plus importante centrale du pays et participe à environ deux tiers de la production d’électricité non hydraulique. Les évolutions récentes reflètent la stratégie du gouvernement de placer la Côte d’Ivoire comme un acteur clef du Système d’échanges d’énergie électrique ouest-africain, notamment par la construction d’une nouvelle centrale hydraulique à Soubré et l’agrandissement des centrales électriques de Ciprel et Azito. La participation des PIE dans le secteur de l’électricité en Côte d’Ivoire est régie par un système d’accords conventionnés, de tels accords étant conclus entre le PIE et l’Etat avant tout démarrage des activités en question.
Une nouvelle logique de tarification
Le gouvernement ivoirien a entrepris d’améliorer l’environnement pour l’investissement des PIE grâce aux modifications apportées à la tarification. L’existence d’une tarification préférentielle et l’échec du règlement des prix de l’électricité quant à sa capacité à rendre compte des coûts de production ont été vécus comme des obstacles pour les investisseurs privés du secteur de l’électricité en Côte d’Ivoire. Le gouvernement a donc annoncé une nouvelle stratégie de tarification, y compris les objectifs de mettre progressivement un terme au régime de tarification préférentielle et de mettre en œuvre des augmentations graduelles des prix, ce qui illustre le souhait du gouvernement de rendre le secteur de l’électricité plus attractif pour les investisseurs. Cet objectif est également exprimé dans le nouveau Code de l’électricité qui prévoit explicitement que les prix doivent tenir compte des coûts, des charges et des profits envisagés qui résultent des obligations de service public dans le secteur de l’électricité, ainsi que l’équilibre financier des opérateurs et de leur retour sur investissement. C’est à ce titre qu’une augmentation de 40% du coût de la consommation de l’électricité a été opérée, créant une situation de mécontentement généralisé presque partout sur le territoire national.
Des investissements nécessaires
Le Plan d’action 2013-2030 prévoit d’ambitieux objectifs pour le développement du secteur de l’électricité. Le gouvernement s’attache surtout à mettre l’accent sur la diversification de l’approvisionnement en carburant, en particulier la biomasse et le charbon, et tend à se dispenser des centrales thermiques. Les développements futurs du secteur prévoient également de mettre l’accent sur le développement des énergies renouvelables. Dans le cadre des objectifs du gouvernement, les énergies renouvelables devraient représenter 20% de la capacité de production en Côte d’Ivoire à l’horizon 2030. D’importants investissements sont nécessaires dans le seul secteur afin de réaliser cet objectif au regard de la part actuelle des énergies renouvelables qui est d’environ 2%. Pour le moment sur la base des productions thermiques et hydrauliques, la Côte d’Ivoire a augmenté sa production énergétique de 50% en quatre ans, de 1.200 MW à une puissance installée proche de 2.000 MW début 2016, et compte avec l’appui de certains opérateurs, tels que Général Electric, «ajouter 2000 MW d’ici 2020. Le pays, en l’état de sa production, fournit au Ghana (80 MW), au Burkina Faso, au Togo, au Mali, à la Guinée, au Liberia et à la Sierra Leone.
Quelques prix comparatifs d’un pays à un autre
Le prix de l’électricité varie de 1 à 20 suivant les pays. Le kWh est vendu 70 centimes d’euros au Gabon contre 3,6 centimes en Afrique du Sud. A Djibouti, il est à 53 centimes alors qu’en Tunisie et au Maroc, il est à 6 centimes et au Sénégal à 22 centimes (145 FCFA). Les disparités dans le prix du KWh ne sont pas une exclusivité de l’Afrique. En Europe, le kWh est en moyenne à 17,7 centimes, mais seulement à 13 centimes en France contre 25 centimes au Danemark, 21 centimes en Belgique et 20 centimes en Allemagne… Aux Etats-Unis, il varie de 6 à 10 centimes selon les Etats, sauf celui de New York où il culmine à 17 centimes. Les coûts de production ne sont pas toujours l’élément essentiel du prix. Les coûts de transport, les coûts de gestion des compagnies et les taxes diverses sont souvent responsables de telles différences.
Dieudonné Wognin