Une puissance entre en scène. Son boubou brun accentue la force qu’il dégage. Tiken Jah Fakoly est de ceux dont on dit « il a une gueule ». Yeux perçants, barbe grise, visage émacié entouré de longs dreadlocks grisonnants. Impressionnant. Indéchiffrable. La foule, électrisée, réagit dans l’instant. Une houle respectueuse et bonne enfant se met en mouvement pour ne s’arrêter qu’au final. Une seule voix, profonde, cadencée, s’en échappe.
Nous sommes au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) qui s’est achevé samedi soir avec le bien nommé « lion du Denguélé », avant de se délocaliser à Adiaké.
Tiken Jah est un homme engagé. En colère même. Chaque chanson en témoigne. Contre les injustices du monde, il défend les faibles qu’ils soient continents, peuples ou personnes. Contre la violence, la bêtise, les injustices, contre la paresse aussi. Son message est politique, son reggae en est le véhicule. Il dit tout, sans filtre et sans ambages. À chacun ses vérités.
À son peuple, qui a « merdé » (dixit Tiken) pendant les dix années de crise politique.
Aux occidentaux, ex-colonialistes, ex-esclavagistes, qui abusent de leur force, qui prennent sans rien donner, qui circulent partout en toute liberté tout en bouclant leurs propres frontières.
Aux africains qu’il tance gentiment : « il n’y a que la pluie qui tombe du ciel », dit-il, les encourageant à se tenir debout, fiers, à prendre conscience de leur force et de leurs richesses, à travailler pour trouver le paradis tant espéré, alors qu’ils ne font pas ce qu’il faut à son goût pour l’atteindre : « tout le monde veut entrer au paradis mais personne ne veut payer le prix ». Une variante de la maxime « aide toi, dieu t’aidera ».
Aux hommes politiques, enfin, présidents de préférence, il prévient, dans un nouveau titre à sortir, « tu veux me tuer » si tu cherches à changer la Constitution, à faire un troisième mandat. À bon entendeur…
Résistant aux modes, au temps, aux brimades, Tiken Jah maintient le cap. Trouver la raison autant que l’âme. N’accepter aucune concession quand il s’agit de ses idées, universelles et intangibles. Chantre de la paix et de la concorde. Héraut de l’égalité des peuples et de la fierté africaine, Tiken parle haut. Que cela plaise ou non. Rien ne le dévie, rien ni personne ne le corrompt. Une marque de fabrique, l’intégrité, que le public, conquis d’avance, adore.
Pour sa première prestation au Femua, Tiken Jah a offert un concert nourrissant, consistant. Sa force laissera une trace sur ce festival. Après Salif Keita, la veille, sa présence est la marque de la maturité pour le Femua qui fêtait ses dix ans. Merci aux Magic System, inventeurs de ce festival dans leur village d’origine, Anoumabo. Le Femua est désormais l’un des événements culturels incontournables de la sous-région et au delà, du continent.
Philippe Di Nacera
Nous sommes au Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) qui s’est achevé samedi soir avec le bien nommé « lion du Denguélé », avant de se délocaliser à Adiaké.
Tiken Jah est un homme engagé. En colère même. Chaque chanson en témoigne. Contre les injustices du monde, il défend les faibles qu’ils soient continents, peuples ou personnes. Contre la violence, la bêtise, les injustices, contre la paresse aussi. Son message est politique, son reggae en est le véhicule. Il dit tout, sans filtre et sans ambages. À chacun ses vérités.
À son peuple, qui a « merdé » (dixit Tiken) pendant les dix années de crise politique.
Aux occidentaux, ex-colonialistes, ex-esclavagistes, qui abusent de leur force, qui prennent sans rien donner, qui circulent partout en toute liberté tout en bouclant leurs propres frontières.
Aux africains qu’il tance gentiment : « il n’y a que la pluie qui tombe du ciel », dit-il, les encourageant à se tenir debout, fiers, à prendre conscience de leur force et de leurs richesses, à travailler pour trouver le paradis tant espéré, alors qu’ils ne font pas ce qu’il faut à son goût pour l’atteindre : « tout le monde veut entrer au paradis mais personne ne veut payer le prix ». Une variante de la maxime « aide toi, dieu t’aidera ».
Aux hommes politiques, enfin, présidents de préférence, il prévient, dans un nouveau titre à sortir, « tu veux me tuer » si tu cherches à changer la Constitution, à faire un troisième mandat. À bon entendeur…
Résistant aux modes, au temps, aux brimades, Tiken Jah maintient le cap. Trouver la raison autant que l’âme. N’accepter aucune concession quand il s’agit de ses idées, universelles et intangibles. Chantre de la paix et de la concorde. Héraut de l’égalité des peuples et de la fierté africaine, Tiken parle haut. Que cela plaise ou non. Rien ne le dévie, rien ni personne ne le corrompt. Une marque de fabrique, l’intégrité, que le public, conquis d’avance, adore.
Pour sa première prestation au Femua, Tiken Jah a offert un concert nourrissant, consistant. Sa force laissera une trace sur ce festival. Après Salif Keita, la veille, sa présence est la marque de la maturité pour le Femua qui fêtait ses dix ans. Merci aux Magic System, inventeurs de ce festival dans leur village d’origine, Anoumabo. Le Femua est désormais l’un des événements culturels incontournables de la sous-région et au delà, du continent.
Philippe Di Nacera