Abidjan - Une enquête sanitaire menée dans la région de Daloa, dans le Centre-Ouest de la Côte d’Ivoire, a permis, à travers la « recherche active », de découvrir 76 enfants porteurs du VIH/sida n’ayant pas été préalablement dépistés, et qui sont désormais sous traitement anti rétroviraux (ARV).
Cette enquête a été réalisée d’octobre 2016 à mars 2017, indiquent des spécialistes ayant participé à cette étude, rencontrés par l’AIP à l’occasion de la 19ème Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA 2017), tenue à Abidjan du 4 au 9 décembre 2017.
«Approche famille »
« Nous avons utilisé l’+approche famille+ pour atteindre ce résultat. On s’est posé des questions : les enfants qui ont échappé à al PTME, où sont-ils ? On a donc identifié les mamans infectées, et on a ciblé leurs familles dans les villages, accompagnés des acteurs communautaires, avec pour objectif d’examiner leurs enfants de 0 à 15 ans», explique Dr Kouassi N’Dri Albert, médecin chargé des actions sanitaires au district sanitaire de Daloa.
Dénommé « Optimisation de l’accès au traitement VIH pour les femmes enceintes et allaitantes » (OHTA), le projet est mis en œuvre par l’ONG SEV-CI sur financement de les Agences de coopérations norvégienne (NORAD) et suédoise (SIDA), en partenariat avec l’UNICEF.
Sur 1247 enfants de parents séropositifs, 1243 ont pu être retrouvés dans la communauté, avant d’être référés et reçus dans les centres de santé, au bout des six mois d’enquête. A l’issue du dépistage au VIH, 30 enfants, soit 2,4%, ont été diagnostiqués séropositifs et mis systématiquement sous traitement selon les nouvelles directives en vigueur en Côte d’Ivoire, dresse une synthèse de l'étude consultée par l'AIP, dont les points saillants ont été présentés dans le cadre d'une exposition d'affiches lors de cette 19ème ICASA.
« Mais nous ne nous sommes pas arrêtés aux six mois ; nous poursuivons encore la recherche de ces enfants qui ont échappé aux mailles du traitement. Nous comptons à ce jour 76 enfants dépistés séropositifs », signale pour sa part Kobena Kossonou D. Cinthia, coordonatrice du projet OHTA/SEV-CI Daloa.
Cent pour cent de ces enfants infectés sont issus de mères séropositives, notent également les conclusions de ce projet.
« Ce résultat nous révèle que pour la recherche des enfants de 0 à 15 ans infectés, il est important de cibler la mère séropositive comme sujet index pour une utilisation rationnelle des intrants », laisse observer Dr Kouassi N’Dri Albert, relevant qu’«à ce jour, 100% de ces enfants séropositifs sont dans les soins et suivis dans la communauté à travers une cartographie que nous avons établie à cet effet ».
Implication des communautés
Pour ces acteurs, la partition de la communauté, « élément de base du système sanitaire ivoirien », a été déterminante pour atteindre ce résultat.
« On ne pouvait pas réussir cette approche famille sans l’aide des acteurs communautaires ; parce que c’est eux qui font le lien entre la communauté et le centre de santé », affirme le chef de service suivi et évaluation au district sanitaire de Daloa, Oussou Ekomano Oi Ekomano.
D’après eux, la motivation financière des intervenants communautaires a permis de retrouver 99% des enfants ciblés dans le cadre de ce projet.
« La recherche active des cas de VIH pédiatrique est indispensable pour atteindre les objectifs mondiaux 90-90-90 (*). Mais il faut avant tout impliquer les qui sont la porte d’entrée pour aller aux familles. Cela passe par l’encadrement et la formation des acteurs communautaires bénévoles qui sont déjà sur le terrain, aussi bien au sein des populations que dans nos centres de santé», plaide M. Oussou Ekomano.
Pérennisation
Un plaidoyer qui se mêle au souhait commun de ces acteurs de voir pérenniser cette méthode de recherche des cas de VIH/sida pédiatrique. « Parce qu’on ne doit pas attendre que les enfants tombent malades avant de les prendre en charge ; sinon ça risque d’être trop tard », justifie Dr Kouassi N’Dri Albert.
Une telle option, disent-ils, vise également à généraliser la recherche active à travers toute la circonscription territoriale du district sanitaire de Daloa, dont 26 sites de prise en charge des personnes vivant avec le VIH sur 32, soit 81%, ont pu être couverts par le projet.
« Une base de données est en train d’être élaborée. Au 31 décembre, on saura quelle est la situation actuelle de tous ces enfants", annonce Kobena Cinthia. "Sont-ils vivants ? Perdus de vue ? Transférés ? Scolarisés ? Ont-ils accès à l’eau ? ", s’interroge-t-elle.
En attendant, l’étude préconise même que l’expérience du district sanitaire de Daloa puisse servir de modèle pour un passage de la recherche active à l’échelle nationale en Côte d’Ivoire. Un pays où, selon une étude réalisée en 2010, 60% des femmes enceintes n’avaient pas réalisé la première consultation prénatale (CPN1), quand 61,23% d’entre elles n’avaient pas bénéficié du dépistage du VIH, et 66,5% de séropositives estimées n’avaient pas été identifiées infectées.
Tandis que 44% de ces femmes infectées ne recevaient pas des ARV au même moment, 87,9% des enfants exposés n’avaient pas bénéficié du diagnostic précoce.
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(*) : L’objectif 90-90-90 vise à atteindre trois résultats à l’horizon 2020 : 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement anti rétroviral durable, 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée.
tm
Cette enquête a été réalisée d’octobre 2016 à mars 2017, indiquent des spécialistes ayant participé à cette étude, rencontrés par l’AIP à l’occasion de la 19ème Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique (ICASA 2017), tenue à Abidjan du 4 au 9 décembre 2017.
«Approche famille »
« Nous avons utilisé l’+approche famille+ pour atteindre ce résultat. On s’est posé des questions : les enfants qui ont échappé à al PTME, où sont-ils ? On a donc identifié les mamans infectées, et on a ciblé leurs familles dans les villages, accompagnés des acteurs communautaires, avec pour objectif d’examiner leurs enfants de 0 à 15 ans», explique Dr Kouassi N’Dri Albert, médecin chargé des actions sanitaires au district sanitaire de Daloa.
Dénommé « Optimisation de l’accès au traitement VIH pour les femmes enceintes et allaitantes » (OHTA), le projet est mis en œuvre par l’ONG SEV-CI sur financement de les Agences de coopérations norvégienne (NORAD) et suédoise (SIDA), en partenariat avec l’UNICEF.
Sur 1247 enfants de parents séropositifs, 1243 ont pu être retrouvés dans la communauté, avant d’être référés et reçus dans les centres de santé, au bout des six mois d’enquête. A l’issue du dépistage au VIH, 30 enfants, soit 2,4%, ont été diagnostiqués séropositifs et mis systématiquement sous traitement selon les nouvelles directives en vigueur en Côte d’Ivoire, dresse une synthèse de l'étude consultée par l'AIP, dont les points saillants ont été présentés dans le cadre d'une exposition d'affiches lors de cette 19ème ICASA.
« Mais nous ne nous sommes pas arrêtés aux six mois ; nous poursuivons encore la recherche de ces enfants qui ont échappé aux mailles du traitement. Nous comptons à ce jour 76 enfants dépistés séropositifs », signale pour sa part Kobena Kossonou D. Cinthia, coordonatrice du projet OHTA/SEV-CI Daloa.
Cent pour cent de ces enfants infectés sont issus de mères séropositives, notent également les conclusions de ce projet.
« Ce résultat nous révèle que pour la recherche des enfants de 0 à 15 ans infectés, il est important de cibler la mère séropositive comme sujet index pour une utilisation rationnelle des intrants », laisse observer Dr Kouassi N’Dri Albert, relevant qu’«à ce jour, 100% de ces enfants séropositifs sont dans les soins et suivis dans la communauté à travers une cartographie que nous avons établie à cet effet ».
Implication des communautés
Pour ces acteurs, la partition de la communauté, « élément de base du système sanitaire ivoirien », a été déterminante pour atteindre ce résultat.
« On ne pouvait pas réussir cette approche famille sans l’aide des acteurs communautaires ; parce que c’est eux qui font le lien entre la communauté et le centre de santé », affirme le chef de service suivi et évaluation au district sanitaire de Daloa, Oussou Ekomano Oi Ekomano.
D’après eux, la motivation financière des intervenants communautaires a permis de retrouver 99% des enfants ciblés dans le cadre de ce projet.
« La recherche active des cas de VIH pédiatrique est indispensable pour atteindre les objectifs mondiaux 90-90-90 (*). Mais il faut avant tout impliquer les qui sont la porte d’entrée pour aller aux familles. Cela passe par l’encadrement et la formation des acteurs communautaires bénévoles qui sont déjà sur le terrain, aussi bien au sein des populations que dans nos centres de santé», plaide M. Oussou Ekomano.
Pérennisation
Un plaidoyer qui se mêle au souhait commun de ces acteurs de voir pérenniser cette méthode de recherche des cas de VIH/sida pédiatrique. « Parce qu’on ne doit pas attendre que les enfants tombent malades avant de les prendre en charge ; sinon ça risque d’être trop tard », justifie Dr Kouassi N’Dri Albert.
Une telle option, disent-ils, vise également à généraliser la recherche active à travers toute la circonscription territoriale du district sanitaire de Daloa, dont 26 sites de prise en charge des personnes vivant avec le VIH sur 32, soit 81%, ont pu être couverts par le projet.
« Une base de données est en train d’être élaborée. Au 31 décembre, on saura quelle est la situation actuelle de tous ces enfants", annonce Kobena Cinthia. "Sont-ils vivants ? Perdus de vue ? Transférés ? Scolarisés ? Ont-ils accès à l’eau ? ", s’interroge-t-elle.
En attendant, l’étude préconise même que l’expérience du district sanitaire de Daloa puisse servir de modèle pour un passage de la recherche active à l’échelle nationale en Côte d’Ivoire. Un pays où, selon une étude réalisée en 2010, 60% des femmes enceintes n’avaient pas réalisé la première consultation prénatale (CPN1), quand 61,23% d’entre elles n’avaient pas bénéficié du dépistage du VIH, et 66,5% de séropositives estimées n’avaient pas été identifiées infectées.
Tandis que 44% de ces femmes infectées ne recevaient pas des ARV au même moment, 87,9% des enfants exposés n’avaient pas bénéficié du diagnostic précoce.
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(*) : L’objectif 90-90-90 vise à atteindre trois résultats à l’horizon 2020 : 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% de toutes les personnes infectées par le VIH dépistées reçoivent un traitement anti rétroviral durable, 90% des personnes recevant un traitement antirétroviral ont une charge virale durablement supprimée.
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