Présidente de la Société ivoirienne d’Orl (SiOrl), Pr. Tanon Marie-Josée a obtenu, grâce à Med-El, un appui en termes de matériels médicaux dédiés au dépistage néonatal de la surdité. Ce jeudi 7 mars à l’Hôpital Mère-Enfant de Bingerville dont elle est chef du service Orl, Pr. Tanon a reçu ce don qu’elle entend mettre à la disposition de 12 centres de santé. Dans cet entretien, elle revient sur ce projet et aborde la question de la surdité.
Pouvez-vous parler de la surdité et de ses conséquences sur la vie d’une personne ?
La surdité désigne toute baisse de l’audition ou de l’acuité auditive. C’est le handicap sensoriel le plus fréquent chez l’enfant. C’est donc un problème très fréquent dans le monde au point où l’OMS en a fait un problème de santé publique. Et il a décrété que chaque année, le 3 mars, soit célébrée, la journée mondiale de l’audition avec un thème spécifique qui devrait amener les spécialistes concernés à y réfléchir. Pour cette année 2019, le thème est « Vérifiez votre audition ». Notre projet de dépistage s’intègre bien dans ce thème défini par l’OMS, en proposant de vérifier systématiquement l’audition de chaque nouveau-né en Côte d’Ivoire.
Pour en revenir à la surdité, elle est de différents types selon la partie du système auditif qui est atteinte (exemple surdité de transmission si c’est l’oreille externe ou l’oreille moyenne qui est atteinte ; surdité centrale lorsque c’est le cerveau qui est atteint etc…). La surdité est classée en différents niveaux selon le degré de l’atteinte : on parlera de surdité légère, surdité moyenne, surdité sévère, surdité profonde et cophose ou surdité totale. (…)
Il est de plus en plus question de dépistage néonatal de la surdité. Et vous avez obtenu du matériel à cet effet. Aujourd’hui (Hier Ndlr), il y a eu une remise officielle de ce matériel. En quoi consiste ce projet ?
Comme je vous le disais, les conséquences de la surdité sont assez graves chez l’enfant. La société ivoirienne d’ORL a depuis sa création, pour objectifs, outre la formation continue de ses membres, l’amélioration de la prise en charge des affections ORL en Côte d’Ivoire. Elle a ainsi développé depuis 2004, un axe principal qui est la prévention et la prise en charge de la surdité en Côte d’Ivoire. Chez l’enfant, le succès de cette prise en charge est conditionné par la précocité de sa mise en œuvre. Il a été ainsi démontré que seul le dépistage précoce, en période néonatale par exemple, permet d’abaisser l’âge du diagnostic et donc de la mise en place des moyens thérapeutiques. Ce dépistage néonatal de la surdité est déjà effectif au sein de l’HME. Sous notre impulsion en tant que Présidente de la SIORL, nous avons obtenu un appui de la part de notre partenaire, MEDEL qui nous obtenu un financement de l’agence autrichienne de développement, pour la mise en œuvre du dépistage néonatal dans certaines structures publiques de Côte d’Ivoire, soit 12 centres au total.
Ce sont 12 sites qui ont bénéficié de ce projet. Naturellement, on s’attend à une couverture nationale….
C’est déjà le début d’une couverture nationale puisque nous installons ce projet dans des villes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire telles que Bouaké, Gagnoa, San Pédro, Yamoussoukro. Ce projet pilote devra être ensuite étendu, avec le soutien du Ministère ivoirien de la santé et de l’hygiène Publique, à l’ensemble du territoire ivoirien à l’instar de ce qui se passe dans les pays d’Europe et d’Amérique.
Le dépistage néonatal de la surdité permet une meilleure prise en charge. Pourquoi ne pas rendre obligatoire cela ici en Côte d’Ivoire comme en France ?
Je ne dirais pas le rendre obligatoire mais je dirais le rendre systématique sur l’ensemble du territoire national. Il faut donner une chance à tous les enfants qui naissent sur le sol ivoirien de bénéficier du dépistage de ce handicap sensoriel aux conséquences incalculables au plan individuel, familial et national. Il est démontré que le cout pour la société de la prise en charge des enfants sourds non réhabilités est nettement supérieur à celui d’une prise en charge correcte d’un enfant sourd depuis le dépistage jusqu’à la réhabilitation auditive. C’est dire tout l’intérêt de notre projet au plan économique pour la société ivoirienne.
Est-il possible de soigner la surdité ?
La prise en charge au plan thérapeutique de la surdité est possible. Les moyens à mettre en œuvre sont fonction du type de la surdité et aussi du degré. Certaines peuvent bénéficier d’un traitement médical et/ou chirurgical spécialisé avec une guérison complète. D’autres cependant, ne seront pas « guéries » par le traitement. Pour ces cas-là, seule une prise en charge prothétique peut être faite. C’est-à-dire que la surdité persiste mais que des systèmes d’amplification vont permettre au patient d’entendre presque normalement lorsqu’il porte les appareils. Et à ce niveau de gros progrès ont été effectués ; il existe différentes solutions quel que soit le degré de cette surdité. Il y a quelques années encore, les surdités de degré profond ou les surdités totales n’avaient aucune solution en Côte d’Ivoire. A présent, des prothèses très sophistiquées appelées implants cochléaires peuvent être proposées à Abidjan et permettre à des enfants condamnés au monde du silence sans jamais pouvoir prononcer le moindre mot, de recouvrer l’audition et développer un langage oral normal. Mais tout cela, si le diagnostic et ce traitement peuvent être mis en place relativement tôt avant l’âge de 4-5 ans. D’où l’intérêt encore une fois du dépistage précoce qui va déboucher sur un diagnostic précoce de la surdité et donc offrir la possibilité aux enfants de bénéficier de tous les soins possibles en fonction de leur cas.
Quels conseils pouvez-vous donner aux parents ?
Le principal conseil est de dire aux parents d’enfants qui n’ont pas pu bénéficier d’un dépistage à la naissance, de penser à faire vérifier leur audition. Ce contrôle est possible quel que soit leur âge est réalisable en Côte d’Ivoire. C’est le thème de la journée de l’audition décrétée par l’OMS pour cette année 2019 je le rappelle, et d’une certaine façon, la SIORL commémore cette journée par le lancement de ce vaste projet de dépistage de la surdité en période néonatale en Côte d’Ivoire, avec la caution du Ministère ivoirien de la Santé et de l’Hygiène Publique.
Atapointe
Pouvez-vous parler de la surdité et de ses conséquences sur la vie d’une personne ?
La surdité désigne toute baisse de l’audition ou de l’acuité auditive. C’est le handicap sensoriel le plus fréquent chez l’enfant. C’est donc un problème très fréquent dans le monde au point où l’OMS en a fait un problème de santé publique. Et il a décrété que chaque année, le 3 mars, soit célébrée, la journée mondiale de l’audition avec un thème spécifique qui devrait amener les spécialistes concernés à y réfléchir. Pour cette année 2019, le thème est « Vérifiez votre audition ». Notre projet de dépistage s’intègre bien dans ce thème défini par l’OMS, en proposant de vérifier systématiquement l’audition de chaque nouveau-né en Côte d’Ivoire.
Pour en revenir à la surdité, elle est de différents types selon la partie du système auditif qui est atteinte (exemple surdité de transmission si c’est l’oreille externe ou l’oreille moyenne qui est atteinte ; surdité centrale lorsque c’est le cerveau qui est atteint etc…). La surdité est classée en différents niveaux selon le degré de l’atteinte : on parlera de surdité légère, surdité moyenne, surdité sévère, surdité profonde et cophose ou surdité totale. (…)
Il est de plus en plus question de dépistage néonatal de la surdité. Et vous avez obtenu du matériel à cet effet. Aujourd’hui (Hier Ndlr), il y a eu une remise officielle de ce matériel. En quoi consiste ce projet ?
Comme je vous le disais, les conséquences de la surdité sont assez graves chez l’enfant. La société ivoirienne d’ORL a depuis sa création, pour objectifs, outre la formation continue de ses membres, l’amélioration de la prise en charge des affections ORL en Côte d’Ivoire. Elle a ainsi développé depuis 2004, un axe principal qui est la prévention et la prise en charge de la surdité en Côte d’Ivoire. Chez l’enfant, le succès de cette prise en charge est conditionné par la précocité de sa mise en œuvre. Il a été ainsi démontré que seul le dépistage précoce, en période néonatale par exemple, permet d’abaisser l’âge du diagnostic et donc de la mise en place des moyens thérapeutiques. Ce dépistage néonatal de la surdité est déjà effectif au sein de l’HME. Sous notre impulsion en tant que Présidente de la SIORL, nous avons obtenu un appui de la part de notre partenaire, MEDEL qui nous obtenu un financement de l’agence autrichienne de développement, pour la mise en œuvre du dépistage néonatal dans certaines structures publiques de Côte d’Ivoire, soit 12 centres au total.
Ce sont 12 sites qui ont bénéficié de ce projet. Naturellement, on s’attend à une couverture nationale….
C’est déjà le début d’une couverture nationale puisque nous installons ce projet dans des villes de l’intérieur de la Côte d’Ivoire telles que Bouaké, Gagnoa, San Pédro, Yamoussoukro. Ce projet pilote devra être ensuite étendu, avec le soutien du Ministère ivoirien de la santé et de l’hygiène Publique, à l’ensemble du territoire ivoirien à l’instar de ce qui se passe dans les pays d’Europe et d’Amérique.
Le dépistage néonatal de la surdité permet une meilleure prise en charge. Pourquoi ne pas rendre obligatoire cela ici en Côte d’Ivoire comme en France ?
Je ne dirais pas le rendre obligatoire mais je dirais le rendre systématique sur l’ensemble du territoire national. Il faut donner une chance à tous les enfants qui naissent sur le sol ivoirien de bénéficier du dépistage de ce handicap sensoriel aux conséquences incalculables au plan individuel, familial et national. Il est démontré que le cout pour la société de la prise en charge des enfants sourds non réhabilités est nettement supérieur à celui d’une prise en charge correcte d’un enfant sourd depuis le dépistage jusqu’à la réhabilitation auditive. C’est dire tout l’intérêt de notre projet au plan économique pour la société ivoirienne.
Est-il possible de soigner la surdité ?
La prise en charge au plan thérapeutique de la surdité est possible. Les moyens à mettre en œuvre sont fonction du type de la surdité et aussi du degré. Certaines peuvent bénéficier d’un traitement médical et/ou chirurgical spécialisé avec une guérison complète. D’autres cependant, ne seront pas « guéries » par le traitement. Pour ces cas-là, seule une prise en charge prothétique peut être faite. C’est-à-dire que la surdité persiste mais que des systèmes d’amplification vont permettre au patient d’entendre presque normalement lorsqu’il porte les appareils. Et à ce niveau de gros progrès ont été effectués ; il existe différentes solutions quel que soit le degré de cette surdité. Il y a quelques années encore, les surdités de degré profond ou les surdités totales n’avaient aucune solution en Côte d’Ivoire. A présent, des prothèses très sophistiquées appelées implants cochléaires peuvent être proposées à Abidjan et permettre à des enfants condamnés au monde du silence sans jamais pouvoir prononcer le moindre mot, de recouvrer l’audition et développer un langage oral normal. Mais tout cela, si le diagnostic et ce traitement peuvent être mis en place relativement tôt avant l’âge de 4-5 ans. D’où l’intérêt encore une fois du dépistage précoce qui va déboucher sur un diagnostic précoce de la surdité et donc offrir la possibilité aux enfants de bénéficier de tous les soins possibles en fonction de leur cas.
Quels conseils pouvez-vous donner aux parents ?
Le principal conseil est de dire aux parents d’enfants qui n’ont pas pu bénéficier d’un dépistage à la naissance, de penser à faire vérifier leur audition. Ce contrôle est possible quel que soit leur âge est réalisable en Côte d’Ivoire. C’est le thème de la journée de l’audition décrétée par l’OMS pour cette année 2019 je le rappelle, et d’une certaine façon, la SIORL commémore cette journée par le lancement de ce vaste projet de dépistage de la surdité en période néonatale en Côte d’Ivoire, avec la caution du Ministère ivoirien de la Santé et de l’Hygiène Publique.
Atapointe