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Société Publié le jeudi 3 octobre 2019 | L’Essor Ivoirien

Région - Bouaké/ Rentrée scolaire 2019-2020: Les établissements et enseignants transformés en librairies et vendeurs

© L’Essor Ivoirien Par DR
Une vue de la ville de Bouaké
Pour la rentrée 2019-2020, la coordination de l'Association des Bouquinistes et Libraires de Côte d'Ivoire (ABOLI-CI) de la région de Gbêkè crie son ras-le-bol suite à ce qui se passe dans les établissements scolaires. Malgré l'interdiction de la vente de manuels scolaires dans les établissements scolaires par le ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement technique et de la formation professionnelle (MENET-FP), les établissements de la ville de Bouaké sont envahis par les librairies. Certains enseignants se sont substitués en libraires et obligent quelques fois les élèves à se procurer les ouvrages auprès d'eux. Cette pratique irresponsable va pousser les libraires et bouquinistes à sortir de leur silence et crier leur ras-le-bol.

Dayo Adama Paul, coordonnateur régional de l'association des bouquinistes et libraires de côte d'ivoire (ABOLI-CI) dans le Gbêkê a au nom de ses camarades dénoncé ces pratiques malsaines dans la plupart des établissements qui d'ailleurs sont proscrites par le ministère. « Nous vivons une situation très difficile à Bouaké. Nous sommes en pleine rentrée mais aucun client devant nos étalages. Les librairies ont déménagé dans les établissements. Aujourd'hui, toutes écoles sont spécialisées dans la vente d'ouvrages scolaires. Quant aux professeurs, ils se sont substitués en vendeur de livres » a déploré le premier responsable régional de l'ABOLI-CI. Ainsi déclare-t-il, que l'année dernière sur 500 cahiers d’habileté commandés ce ne sont que 85 qu'il a pu évacuer et le reste qui malheureusement n'est plus au programme cette année lui fait faire des pertes énormes car une concurrence déloyale lui ait livré par des enseignants et établissements. Poursuivant monsieur Dayo s'étonne de comprendre que malgré les décisions du ministère, ces pratiques se font sans aucune inquiétude. « Cette année on nous a annoncé que la ministre, Kandia Camara, a pris des décisions qui interdisent la vente des livres dans les établissements. Ni le professeur, ni les agents de l'état ne doivent vendre des libres. Cette année encore, à la réunion de rentrée à grand-Bassam, elle a réitéré que les ventes des fascicules sont interdites dans les établissements. Nous avons l'impression que cela a même aggravé la situation », a-t-il regretté avant d'indiquer que dans les listes de fournitures qui leur parviennent, sur 10 livres, 8 sont à payer à l'école. Pis, certains établissements ont même érigé des librairies au sein de l'école enfreignant ainsi au décret n°2019-130 du 20 janvier 2019 portant application de la loi n°2015 du 20 juillet 2019 donnant l'exclusivité de la vente des ouvrages aux grossistes, librairies et bouquinistes. « Dans la chaîne, le rôle de l'enseignant, c'est d'enseigner et non de vendre », a-t-il fait savoir et d’ajouter « Quand l'enseignant se substitue en vendeur de livre, le système éducatif est en danger. Parce que l’élève qui paye le livre avec l'enseignant n'aura pas les mêmes faveurs que celui qui paye ailleurs. Du coup les élèves ont peur de payer les livres à la librairie » a relevé le coordonnateur régional de l'ABOLI-CI. Suite à ces mauvaises pratiques, il lance un appel aux autorités; de faire appliquer les lois quand elles sont prises. Aussi a-t-il demandé au préfet de région à qui un courrier sur la question a été adressé de se pencher véritablement sur cet épineux problème.

Dans les écoles, la question des ventes de livres est plus ou moins démentie par les chefs d’établissements. Du lycée classique au lycée TSF en passant par le lycée Moderne 2 et bien autres établissements, les responsables disent ne pas être informés d'une quelconque vente de documents et d'ailleurs ils avancent que la ministre a longuement insisté sur cette question et soutiennent que le message est bel et bien passé chez tous les enseignants. Au classique, le proviseur Mah Abou affirme que " le classique n'a pas encore enregistré ce genre de cas à part le partenariat signé avec la librairie de France qui dispose de la vente des ouvrages dans ledit établissement". Même son de cloche au lycée moderne 2 où le censeur Koné Moussa rassure que l'administration jusqu'à ce jour n'as pas eu écho de ces pratiques. Akpa Séverin proviseur du lycée TSF pour sa part, soutient que ce sont des vendeuses autorisées par l'établissement qui vendent des cahiers et autres matériels pratiques notamment bics, règles etc. Mais pas de livres comme l'a indiqué la ministre avant d'inviter les parents à signaler les cas pour que des mesures soient prises. En revanche quelques élèves rencontrés dans ces établissements parcourus soutiennent clairement que des enseignants leur vendent des livres et cahiers d'habileté. Si certains n'exigent pas le lieu d'approvisionnement, d'autres par contre exigent que les élèves s’approvisionnent auprès d'eux. Certains parents affirment aussi, vivre ces réalités comme c'est le cas de Y.D qui pour son enfant en classe de terminale A2 au lycée classique se voit obliger de payer les documents (Activité philosophie à 3000 francs, activité histoire géographie à 3000 francs, roman français à 3000 francs et document de mathématique à 2000 francs) dans ledit établissement. Cette question qui a pris une proportion élevée doit surtout attirer l'attention des autorités et au plus sommet la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement technique et de la formation professionnelle car l'ABOLI-CI entend très bientôt rentrer en grève et paralyser les marchés.

Kouamé Bernadin
(Correspondant régional)
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