Le chef du village d’Abia-Abety (Bietry), entouré de ses plus proches collaborateurs, a animé une conférence de presse, hier. Elle portait sur une crise entre le village et un groupe de riverains. « Historiquement, Abia-Abety était l'un des plus grands villages Atchan. Aujourd'hui, c'est devenu l'un des plus petits villages. On nous a tout pris, sans dédommagement, sans purge. Depuis le 30 janvier 2016 que les Tchagba sont au pouvoir, nous avons mené des démarches auprès des autorités. Sans suite », déclare Alain Abroh, chef de ce village situé dans la commune de Marcory. Il explique qu’en 1962, lorsque le Président Houphouët-Boigny décide de faire des logements sociaux à Abidjan, il demande au village de céder le terrain sur lequel est construit l'actuel quartier Koumassi-Sicogi. « Ce que nos parents ont fait, sans compassion », dit-il, amer. Conséquence, le village d’Abia-Abety se trouve dans l’impossibilité de se développer, ne disposant plus d’espace. Il entreprend donc de remblayer une partie de la lagune. Les autorités villageoises mènent donc les démarches et obtiennent un agrément. De plus, ils ont l’aval de la grande majorité des riverains qu’ils prennent soin d’informer. Mais d’autres personnes habitant les environs du village ne voient pas l’initiative de la chefferie d’Abia-Abety d’un bon œil. Elles réussissent donc à obtenir une décision qui casse celle qui permettait au village de faire des travaux sur la lagune. Les travaux sont donc arrêtés. « Un collectif de trois ou quatre personnes s’oppose aux travaux. Ils menacent même d'ester en justice. Nous avons cherché à les rencontrer à plusieurs reprises. Ils n'ont pas voulu nous recevoir. Ils ont du mépris pour nous », déplore chef Abroh avant de poursuivre. « On nous a tout pris. On a toujours fait les choses de façon pacifique. Aujourd’hui, nous en avons mare. À chaque fois, on nous humilie. Trop c'est trop ! Nous sommes chez nous, nous avons ouvert les bras pour accueillir tout le monde. Faut pas qu'on nous méprise. Nos parents n'ont pas d'espaces où dormir. Eux ont de grandes maisons avec piscine. C'est un combat que nous menons depuis trois générations. Qu'ils nous laissent exploiter notre lagune comme on veut. La vérité, c'est que que leurs villas sont construites sans fosses septiques. Tous leurs déchets vont directement dans la lagune. Donc, si nous faisons le remblayage, tous leurs déchets seront dehors. Certains de ceux qui nous combattent ont fait du remblayage mais ils nous l’interdisent, nous, les propriétaires terriens. » L’argument avancé par les riverains, c’est que leur façade lagunaire sera obstruée. Selon eux, à cause de ces travaux, des reptiles, serpents et crocodiles notamment, fuient l’eau pour trouver refuge dans leurs maisons. Un argument balayé par les autorités villageoises. Pour se faire entendre, elles ont adressé des courriers aux autorités. Le chef Abroh Alain et sa population attirent leur attention sur ce qui se passe dans son village.
EUSTACHE GNABA
EUSTACHE GNABA