Une semaine après l’inhumation de l’ex-Premier ministre Hamed Bakayoko, sa ville d’origine, Séguéla, où il a été porté en terre, porte le deuil qui se dissipe peu à peu, pour faire place aux réalités du quotidien.
Pour toutes les couches de la société vivant à Séguéla, la brusque disparition d’Hamed Bakayoko, le ‘’golden boy’’, est un coup de massue duquel elles ont du mal à se remettre.
« On a perdu un grand homme. Séguéla vient de perdre une valeur sûre. On ne sait pas qui va aider encore la ville à se développer. C’est sur lui que l’on comptait », a déclaré Touré Nafolossion, un habitant, faisant allusion aux travaux de bitumage entamés depuis quelque temps.
Au Lycée moderne des jeunes filles, un établissement d’excellence, construit par Hamed Bakayoko, par le biais de la fondation ‘’Mayama’’, à près de 1,3 milliard de francs CFA, c’est la désolation empreinte du sentiment de lendemains incertains.
« On ne sait pas ce qu’on va devenir. Papa Hamed Bakayoko nous avait tout donné. Des salles de classe bien équipées, un car pour notre transport gratuit, une cantine, elle aussi, gratuite et un internat qui devait ouvrir bientôt. On sent que ça sera difficile pour nous, élèves du Lycée des jeunes filles », s’est exprimée, la voix enrouée par l’émotion, l’élève Atsé Marina qui a ajouté que l’ancien Chef du gouvernement avait promis, pour cette fin d’année scolaire, des bourses d’études pour des universités européennes et américaines pour les meilleures bachelières.
Tout cela semble aujourd’hui hypothétique.
« C’est Dieu qui a voulu ça. En tant que croyants, tout ce qu’il fait est bon et nous ne pouvons que le glorifier », a affirmé Zoumana Bakayoko dit ‘’Zoumbak’’, un cousin de l’illustre disparu qui était son homme de main sur le terrain à Séguéla. Il n’a pas omis de dire ses remerciements au Président Alassane Ouattara ‘’pour tout ce qu’il a fait pour Hamed’’ et a annoncé que la grande famille Bakayoko prévoit d’aller, bientôt, lui dire merci de vive voix et d’aller présenter ses civilités au nouveau Premier ministre Patrick Achi.
En attendant le 40ème jour…
En attendant la désignation du lieu où se tiendra la cérémonie du 40ème jour, le comité local d’organisation, présidé par le préfet Diarrassouba Karim, et composé entre autres des directeurs et chefs de services, a été maintenu.
« On a fait ce qu’il y a à faire. A la préfecture par exemple, ce sont 120 sacs de riz et sept bœufs qui sont des dons que nous avons réceptionnés et que nous avons remis à la famille, représentée par Awaza Bakayoko », a déclaré l’un des membres du comité local d’organisation.
Outre les dons, les personnes blessées au cours des deux à trois jours de funérailles intenses sont prises en charge par les structures sanitaires publiques de la ville. C’est le cas de dame Diomandé Adjata, commerçante à Abidjan qui a eu la cheville broyée par un véhicule. Elle était présente à Séguéla pour les obsèques.
« Tous ceux qui ont été blessés durant ces événements sont soignés gratuitement jusqu’à ce qu’ils se rétablissent », a fait savoir le directeur régional de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Brou Gbotto Raymond.
Au mausolée familial, situé à l’entrée de sa deuxième résidence à Séguéla, baptisée le ‘’Ranch’’, où sa mère et son père reposent également. Des éléments de la gendarmerie nationale sont de faction, avec des consignes respectées strictes, d’interdire tout accès et de prendre des photos.
…Place donc à la politique
Avec la disparition inattendue d’Hamed Bakayoko qui semblait être le pilier politique de nombre de personnes dans la région du Worodougou, les ambitions politiques se font jour à Séguéla, surtout avec la reprise à venir du scrutin législatif qui avait vu la réélection d’Hamed Bakayoko comme député de la commune.
Deux blocs s’affichent pour le moment sur les réseaux sociaux. Ce sont le suppléant de l’ex-Premier ministre, Diomandé Mamadou dit ‘’Madi’’, et un conseiller à la primature, Youssouf Bakayoko, un élément du premier cercle de collaborateurs du défunt Premier ministre. Chacun y va de ses arguments. Pour les uns, le suppléant peut prétendre au poste de titulaire au cours de la même législature quand pour les autres, avoir été proche d’Hamed Bakayoko fait de vous le candidat idéal pour la ‘’continuité des œuvres’’ de celui-ci.
La liste n’est pas exhaustive, car des bruits de couloir annoncent d’autres personnes intéressées par ce vide laissé par le ‘’golden boy’’ qui était considéré comme un monument de la politique dans le Worodougou.
C’est donc à une redistribution des cartes politiques que l’on assiste à Séguéla et à Kani, surtout que l’autre ‘’dinosaure’’ de la scène politique, en l’occurrence le président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro, se fait de plus en plus rare du fait de ses ennuis de santé.
Une semaine après l’inhumation de celui qui était également le maire d’Abobo, l’une des plus grandes communes d’Abidjan, la ville de Séguéla semble avoir été bousculée dans ses fondements sociaux, éducatifs et politiques, avec des ‘’espoirs déçus’’, des espérances plus qu’incertaines et des ambitions longtemps enfouies qui sont aujourd’hui exhibées au grand jour.
Hamed Bakayoko est décédé le 10 mars 2021 en Allemagne des suites d’un cancer.
(AIP)
Kkp/kp
Pour toutes les couches de la société vivant à Séguéla, la brusque disparition d’Hamed Bakayoko, le ‘’golden boy’’, est un coup de massue duquel elles ont du mal à se remettre.
« On a perdu un grand homme. Séguéla vient de perdre une valeur sûre. On ne sait pas qui va aider encore la ville à se développer. C’est sur lui que l’on comptait », a déclaré Touré Nafolossion, un habitant, faisant allusion aux travaux de bitumage entamés depuis quelque temps.
Au Lycée moderne des jeunes filles, un établissement d’excellence, construit par Hamed Bakayoko, par le biais de la fondation ‘’Mayama’’, à près de 1,3 milliard de francs CFA, c’est la désolation empreinte du sentiment de lendemains incertains.
« On ne sait pas ce qu’on va devenir. Papa Hamed Bakayoko nous avait tout donné. Des salles de classe bien équipées, un car pour notre transport gratuit, une cantine, elle aussi, gratuite et un internat qui devait ouvrir bientôt. On sent que ça sera difficile pour nous, élèves du Lycée des jeunes filles », s’est exprimée, la voix enrouée par l’émotion, l’élève Atsé Marina qui a ajouté que l’ancien Chef du gouvernement avait promis, pour cette fin d’année scolaire, des bourses d’études pour des universités européennes et américaines pour les meilleures bachelières.
Tout cela semble aujourd’hui hypothétique.
« C’est Dieu qui a voulu ça. En tant que croyants, tout ce qu’il fait est bon et nous ne pouvons que le glorifier », a affirmé Zoumana Bakayoko dit ‘’Zoumbak’’, un cousin de l’illustre disparu qui était son homme de main sur le terrain à Séguéla. Il n’a pas omis de dire ses remerciements au Président Alassane Ouattara ‘’pour tout ce qu’il a fait pour Hamed’’ et a annoncé que la grande famille Bakayoko prévoit d’aller, bientôt, lui dire merci de vive voix et d’aller présenter ses civilités au nouveau Premier ministre Patrick Achi.
En attendant le 40ème jour…
En attendant la désignation du lieu où se tiendra la cérémonie du 40ème jour, le comité local d’organisation, présidé par le préfet Diarrassouba Karim, et composé entre autres des directeurs et chefs de services, a été maintenu.
« On a fait ce qu’il y a à faire. A la préfecture par exemple, ce sont 120 sacs de riz et sept bœufs qui sont des dons que nous avons réceptionnés et que nous avons remis à la famille, représentée par Awaza Bakayoko », a déclaré l’un des membres du comité local d’organisation.
Outre les dons, les personnes blessées au cours des deux à trois jours de funérailles intenses sont prises en charge par les structures sanitaires publiques de la ville. C’est le cas de dame Diomandé Adjata, commerçante à Abidjan qui a eu la cheville broyée par un véhicule. Elle était présente à Séguéla pour les obsèques.
« Tous ceux qui ont été blessés durant ces événements sont soignés gratuitement jusqu’à ce qu’ils se rétablissent », a fait savoir le directeur régional de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Brou Gbotto Raymond.
Au mausolée familial, situé à l’entrée de sa deuxième résidence à Séguéla, baptisée le ‘’Ranch’’, où sa mère et son père reposent également. Des éléments de la gendarmerie nationale sont de faction, avec des consignes respectées strictes, d’interdire tout accès et de prendre des photos.
…Place donc à la politique
Avec la disparition inattendue d’Hamed Bakayoko qui semblait être le pilier politique de nombre de personnes dans la région du Worodougou, les ambitions politiques se font jour à Séguéla, surtout avec la reprise à venir du scrutin législatif qui avait vu la réélection d’Hamed Bakayoko comme député de la commune.
Deux blocs s’affichent pour le moment sur les réseaux sociaux. Ce sont le suppléant de l’ex-Premier ministre, Diomandé Mamadou dit ‘’Madi’’, et un conseiller à la primature, Youssouf Bakayoko, un élément du premier cercle de collaborateurs du défunt Premier ministre. Chacun y va de ses arguments. Pour les uns, le suppléant peut prétendre au poste de titulaire au cours de la même législature quand pour les autres, avoir été proche d’Hamed Bakayoko fait de vous le candidat idéal pour la ‘’continuité des œuvres’’ de celui-ci.
La liste n’est pas exhaustive, car des bruits de couloir annoncent d’autres personnes intéressées par ce vide laissé par le ‘’golden boy’’ qui était considéré comme un monument de la politique dans le Worodougou.
C’est donc à une redistribution des cartes politiques que l’on assiste à Séguéla et à Kani, surtout que l’autre ‘’dinosaure’’ de la scène politique, en l’occurrence le président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro, se fait de plus en plus rare du fait de ses ennuis de santé.
Une semaine après l’inhumation de celui qui était également le maire d’Abobo, l’une des plus grandes communes d’Abidjan, la ville de Séguéla semble avoir été bousculée dans ses fondements sociaux, éducatifs et politiques, avec des ‘’espoirs déçus’’, des espérances plus qu’incertaines et des ambitions longtemps enfouies qui sont aujourd’hui exhibées au grand jour.
Hamed Bakayoko est décédé le 10 mars 2021 en Allemagne des suites d’un cancer.
(AIP)
Kkp/kp