Prenant part au débat qui se mène depuis quelque temps sur la cherté de la vie en Côte d’Ivoire, le ministre du Budget et du portefeuille de l’Etat, Moussa Sanogo, a expliqué que “Le renchérissement des prix des produits alimentaires n’est pas le fait de la fiscalité qui est restée inchangée sur ces produits“. Selon un spécialiste à qui nous avons posé la question, cette assertion du ministre en charge du Budget n’est pas juste. Ce, d’abord en raison de la structure même des prix et ensuite au regard de la théorie économique selon laquelle les agents économiques ne font pas l’anticipation rationnelle s’ils sentent venir une augmentation. « De façon générale, la structure des prix se compose comme suivant : Le coût de production du bien en question ; des coûts annexes (les frais de transport, la taxe municipale, location de magasin…) qui sont des frais additionnels incorporés dans le prix. A cela on ajoute la taxe payée à l’Etat, plus le bénéfice. Et le bénéfice égale au prix de vente moins le prix de revient. Etant entendu que le prix de revient est le prix plus coûts annexes. Voilà comment la science économique explique les prix. Donc on ne peut pas dire que les taxes n’influencent pas les prix, cela n’est pas vrai. » nous fait savoir notre interlocuteur avant de poursuivre en ces termes.
« Il y a également ce qu’on appelle l’anticipation rationnelle des agents économiques. Ce qui veut dire que ces agents économiques anticipent sur les décisions de l’Etat. S’ils pensent que l’Etat va prendre une décision de nature à procéder à une augmentation de prix, alors ils tentent d’anticiper sur cette décision en augmentant les prix de vente afin de ne pas être pénalisés. Donc le fait que l’Etat ait déjà pris la décision, les agents économiques font une anticipation rationnelle et l’incluent dans leurs prix de vente. Il n’est donc pas juste de dire que la cherté de la vie n’a rien à avoir avec la fiscalité ».
Concernant “la pression fiscale“ que le ministre Sanogo juge “relativement faible en Côte d’Ivoire“, l’économiste a relevé également les insuffisances d’une telle assertion. « Il s’agit d’un seul secteur, à savoir celui des viviers qui de surcroit est un secteur plus ou moins informel. Quelle que soit la taxe qui est appliquée dans le secteur des vivriers voire dans le secteur des produits de grande consommation, on ne peut pas parler de pression fiscale parce que la pression fiscale prend en compte tous les secteurs d’activité. En rapportant les recettes fiscales au PIB. A partir de cela, on ne peut pas parler de pression fiscale basse. Par ailleurs on ne peut pas parler d’inflation généralisée en Côte d’Ivoire sous prétexte que les prix ont augmenté dans le secteur des produits vivriers » a dit l’expert.
FRANÇOIS BECANTHY