Les dérives de nos Chaînes de télé ne finissent pas de choquer l'opinion et il ne se passe une semaine sans que l'on n'assiste à des scènes sur des plateaux de télé qui étonnent l'entendement et choquent les esprits. Et à chaque fois, c'est toujours le même procédé. On s'attaque juste à l'animateur comme c'est le cas en ce moment avec le scandale, que dis- je, le choc des consciences suite à l'émission de la Chaîne de télévision, Nouvelle Chaîne ivoirienne (NCI). Le 30 août dernier, elle a eu l'outrecuidance d'inviter, sur le plateau de l'émission "Télé d'Ici les vacances " deux violeurs. En plus à visage découvert. Comme pour narguer leurs victimes. Au cours de cette émission, on est même allé à mimer les scènes de viol, faire une reproduction, demander au violeur si les victimes ressentaient du plaisir. Et ce, face à un public qui riait et à qui on demandait d'applaudir. Les dénonciations ont plu de partout. Les organisations de défense des droits de l'homme et de la femme, les structures engagées dans la lutte contre les violences faites aux femmes... etc sont montées au créneau pour condamner. Là où tous s'attendaient à des sanctions à l'encontre de la Chaîne, de toute l'équipe de l'émission, c'est juste l'animateur qui a été sanctionné. Et pourtant, il n'est que la face visible d'une émission savamment orchestrée et minutieusement préparée avec même l'intervention d'un mannequin pour les démonstrations. Le premier responsable d'une émission télé est le réalisateur. Il en est de même pour le chef d'orchestre. Le réalisateur travaille sur le contenu avec son équipe. L'émission savamment préparée, l'animateur vient pour la mettre en ''musique". Ce dernier est en quelque sorte un exécutant. Quand il y a besoin d'attirer l'attention des téléspectateurs, le réalisateur remonte au directeur de Production qui, lui, se réfère au directeur des Programmes jusqu'au plus haut sommet. C'est un travail minutieux qui est fait en amont. Yves de Mbella n'a peut-être pas puisé en lui-même pour penser aux victimes mais avec lui, c'est toute l'équipe qui doit être sanctionnée, la Chaîne de télévision bien évidemment. Les faits sont trop graves pour se limiter à une simple sanction de l'animateur. La Chaîne de télé, cette émission et son contenu humiliant et dégradant pour la femme et surtout pour les victimes de viol doit avoir toutes les sanctions qui s'imposent pour servir de leçons à ces chaînes de télé qui font la promotion de l'immoralité.
JEAN PRISCA
