Bonjour M. Mohamed EL GHAZI. Vous êtes, depuis quelques mois, le nouveau Directeur Général de la Société Ivoirienne de Banque (SIB) et nous vous remercions d'accorder votre 1ère interview exclusive à Abidjan.net.
Bonjour, c'est moi qui vous remercie.
Vous êtes donc aujourd'hui à la tête de la SIB, un des fleurons du secteur bancaire ivoirien... Pouvez-vous nous en dire plus sur vous?
Tout d'abord je vous remercie, de nouveau, pour cette interview qui m'offre l'opportunité de m'adresser à vos nombreux lecteurs.
Il est toujours difficile de parler de soi-même mais je voudrais dire en quelques mots que j'ai fait toute ma carrière au sein du groupe Attijariwafa bank (AWB) qui, comme vous le savez, est l'actionnaire majoritaire de la SIB depuis 2009. J’ai 30 ans d’ancienneté dans le métier au compteur, dont près de la moitié à la tête de filiales bancaires subsahariennes du groupe, notamment le Sénégal, le Mali et la Côte d'Ivoire.
J'ai eu l'honneur et le privilège de conduire le projet de création de la première filiale subsaharienne du Groupe. En effet, après une phase projet de 18 mois, j’ai été le premier Directeur Général d’Attijariwafa bank Sénégal en juillet 2006. S’en est suivie une belle aventure humaine et professionnelle couronnée en mai 2021 par ma désignation comme Directeur Général de la Société Ivoirienne de Banque, SIB-Groupe Attijariwafa bank.
Avec 30 ans de carrière au sein du Groupe AWB vous êtes donc un pur banquier... quel est le secret d’une telle longévité?
Je dirais que 2 mots la résument assez bien: fidélité & travail.
Fidélité au Groupe AWB qui m'a recruté fraichement diplômé, et qui m'a fait confiance en me donnant l’opportunité de toujours conduire des missions exaltantes. Je n'en remercierai jamais assez le Président du Groupe, M. Mohamed EL KETTANI, et le top management du Groupe, pour leur confiance en ma modeste personne, sans cesse renouvelée.
Travail, car nous avons pratiquement toujours eu à relever des défis inédits et cela n'aurait jamais été possible sans une abnégation de tous les jours, une réinvention constante pour faire face à des réalités toujours différentes, mouvantes et parfois complexes. La capacité de travail en équipe, l’impératif d’exemplarité pour entraîner, libérer et mobiliser les énergies au service des missions et des projets de l’entreprise.
J’ai l’habitude de rappeler à mes collaborateurs une citation célèbre « le seul endroit où le succès vient avant le travail, c’est dans le dictionnaire ».
En parlant de bilan, celui de la SIB est plutôt élogieux, à plusieurs titres, d'après nos informations.
Je vous remercie de le souligner... Et je saisis cette opportunité pour remercier et rendre un vibrant hommage à M. Georges N’DIA COFFI, Président du Conseil d’Administration de la SIB, à mon prédécesseur, M. Daouda COULIBALY et au Capital Humain de notre banque, qui ont su la faire progresser de manière constante pendant près d'une décennie jusqu'à en faire le 4e collecteur d'épargne et le 3e financeur de l'économie au service de l’Etat de Côte d’Ivoire, des entreprises et des ménages.
La SIB dispose de fondamentaux solides ; j’en veux pour preuve le niveau de rentabilité réalisé en 2020, la meilleure performance du secteur après celle du leader historique. En effet la SIB va bien, ses derniers résultats semestriels l'attestent, et elle aspire à aller encore plus loin.
Votre prédécesseur, M. Daouda Coulibaly a donc un bon bilan à la tête de la SIB…
Je ne vous le fais pas dire, M. Daouda COULIBALY, que je côtoie dans le Groupe depuis plus d’une décennie, a fait un excellent travail à la SIB en tant que coach d’une formidable équipe. Et pour rester dans la métaphore empruntée au domaine du sport, je dirais que le coach Daouda COULIBALY a été appelé pour s’occuper de l’équipe nationale, c’est-à-dire la holding Attijari West Africa, et je l’ai remplacé en tant que nouveau coach du team SIB.
Après quelques mois d'exercice, comment appréhendez-vous le contexte ivoirien et, tout particulièrement, l'impact de la crise sanitaire due au coronavirus Covid 19, qui semble vouloir perdurer?
La Côte d'Ivoire est la locomotive de la zone UEMOA, ce n'est un secret pour personne. Point besoin de rappeler ses performances économiques remarquables, ces 10 dernières années, avec un taux de croissance moyen de 7%, tout simplement parmi les meilleurs au monde! C’est une chance pour moi de travailler dans ce beau pays, et dans ce contexte favorable et porteur.
Certes la crise sanitaire a freiné nombre de projets mais notre économie a su prouver sa résilience, notamment, grâce à des décisions salutaires des pouvoirs publics et de la Banque Centrale (ndlr : la BCEAO, Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) en termes de soutien à l'économie et à son financement. La Côte d’Ivoire fait partie des rares économies au monde à ne pas tomber en récession en 2020!
Peut-être faut-il donner un coup d'accélérateur à l'investissement privé pour créer plus d'emplois et permettre de soutenir la consommation des ménages. Cela passe nécessairement par une dynamisation des Petites et Moyennes Entreprises sur l'ensemble du territoire. Transformer localement pour créer et capter de la valeur localement, renforcer la consommation intérieure pour équilibrer la balance commerciale, booster les compétences et les capacités entrepreneuriales, accélérer l'efficacité grâce à une plus forte digitalisation, surtout lorsque l'on sait que le marché deviendra continental au terme de la mise en place de la Zone de Libre Échange Continentale Africaine, la ZLECAF. Ce sont là quelques évidences que je tenais à rappeler. Au-delà de l'action gouvernementale, j'ai pu noter le dynamisme de la CGECI (ndlr : le patronat ivoirien), de l'APBEFCI (ndlr : l’association des banques) sur ces différents chantiers et cela augure un avenir plus que prometteur.
Que pouvons-nous attendre de la SIB dans ce cadre?
Il va sans dire que la SIB est résolument engagée dans ces chantiers, elle a toujours fait face à ses engagements et elle continuera à remplir sa mission grâce à la mobilisation quotidienne sur le terrain de ses centaines de Femmes et d’Hommes passionnés, compétents et engagés.
La SIB est au service de la Côte d'Ivoire et de ses populations depuis sa création, il y a bientôt 60 ans... elle a toujours cru en ce formidable pays et cela ne s'arrêtera pas. Nous croyons en notre pays, nous croyons en nos clients, nous croyons en nos collaborateurs et enfin nous croyons en notre capacité à apporter notre pierre à l’édifice. Nous nous adressons tous les jours à nos clients, tous marchés confondus, en leur disant «Croire en vous ». C'est notre signature et, loin d'être un simple slogan, cette profession de foi illustre ce que nous nous employons à faire pour l'économie ivoirienne à travers l'exercice quotidien de notre métier mais également, bien au-delà, par nos initiatives au service de la communauté, dans la santé, la culture et l'éducation. Nous pouvons, j’ose le dire, être fiers de la création d'emplois en direct (l'effectif de la SIB a plus que doublé en moins de 10 ans), des nombreux projets que nous finançons, ainsi que des innovations que nous avons apportées au plan national (la banque digitale, le confirming, le leasing aux coopératives agricoles, la passation d'ordres de bourse via Internet, le partage d'opportunités au sein du Club Afrique Développement etc...).
Et qu’attendre de votre action ?
Le monde change, la population ivoirienne aussi et les attentes vis-à-vis des banques évoluent, en même temps que le secteur doit satisfaire une réglementation toujours plus exigeante. Tant mieux, devais-je dire, car en la matière, il n’y a point d’acquis.
IL faut avoir la lucidité et l’humilité de se remettre perpétuellement en cause et de réinterroger sa stratégie, son positionnement, son modèle organisationnel, voire ses convictions. C’est ce que nous nous efforçons de faire tous les jours. Malgré la crise sanitaire, la SIB a poursuivi ses investissements et la mise en œuvre de son Plan de Développement Stratégique dénommé « Impact 2023 ». Grâce à ce plan la SIB travaille à apporter toujours plus de valeur à ses clients, et à améliorer l’expérience et le parcours clients via la mise en place d’un nouveau modèle relationnel avec plus d’écoute, plus de proximité et des canaux alternatifs, notamment, en développant le digital.
Mon action à la tête de la SIB consiste donc à consolider les acquis, et ils sont nombreux, et à positionner la SIB définitivement et durablement comme acteur de référence dans la paysage bancaire ivoirien. Pour y arriver, je m’investis tous les jours à côté des Femmes et des Hommes de grande qualité qui composent le Capital Humain de la SIB, au service de notre mission pour mieux servir notre pays, nos clients et créer de la valeur pour nos collaborateurs ainsi que pour nos actionnaires, au nombre desquels figurent des milliers de petits porteurs qui nous ont fait confiance en investissant dans des valeurs sûres, au propre comme au figuré !
C'est le changement dans la continuité, comme on dit?
En effet, à peu de chose près.
C’est-à-dire ? Nous pouvons avoir plus de précisions ?
Je nourris beaucoup d’ambitions pour la SIB, laissons l’avenir répondre à cette question…
Merci. M. Mohamed EL GHAZI.
Merci à vous, une fois de plus.
Par A.N