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Économie Publié le dimanche 7 novembre 2021 | AIP

Notre pays a perdu 90% du couvert forestier au cours de ses 60 dernières années (Feature)

© AIP Par DR
Environnement: la foret
Une vue du couvert forestier ivoirien

Abidjan, Au cours des 60 dernières années, c’est 90% du couvert forestier qui a disparu, faisant de la Côte d’Ivoire l’un des pays en Afrique dont le taux annuel de déforestation est le plus élevé.


Selon l’Inventaire forestier faunique national (IFFN) de la Côte d’Ivoire qui a présenté ses résultats au cours d’un atelier le 29 juin 2021, la couverture forestière nationale qui était de 16 millions d’hectares dans les années 60 est désormais estimée à 2,97 millions d’hectares aujourd’hui, ce qui représente 9,2% du territoire.


Il n’y a que 13,3% des forêts classées et 32,2% des aires protégées qui contiennent encore une couverture forestière, signalent les résultats de l’inventaire.


« Il est très alarmiste, mais il est réel », a admis le ministre des Eaux et Forêts, Alain Richard Donwahi, mardi 29 juin 2021 lors de la restitution de l’inventaire forestier et faunique du couvert forestier ivoirien.


Cela peut sembler invraisemblable, cependant l’étude de la dynamique forestière de la Côte d’Ivoire de 1986 à 2015 réalisée par le Bureau national d'études techniques et de développement (BNETD) révèle une période tolérable en 1990 avec 7 850 864 hectares. Toutefois, en 2000, la couverture forestière chute à 5 094 452 hectares et dégringole à 3 401 146 hectares en 2015.


L’agriculture épuise 62% du couvert forestier


Plantation de cacao à Zaddy S/p de Tonla, département de Oumé


Les causes de cette régression sont des activités majeures de la population ivoirienne. La responsabilité, contrairement à ce que l’on croirait, incombe à tous. En 2019, l’Office national des forêts Côte d’Ivoire (succursale d’ONF International) précise, dans une vidéo sur leur site internet, le pourcentage des différentes causes de la réduction de la forêt en Côte d’Ivoire. La répartition indique que l’agriculture épuise 62% du couvert forestier tandis que l’exploitation forestière use de 18%. Quant aux mines, ils détruisent 10% au même titre que les infrastructures.


Une délicate lutte


La conversion des forêts en terres agricoles afin de nourrir les populations locales est l’une des principales causes de la régression de la forêt en Côte d’Ivoire. Une population de 3, 504 millions en 1960, estimée aujourd’hui à 25,72 millions en 2019 qu’il faut nourrir.


Cependant, la Côte d’Ivoire est engagée pour l’accélération du deuxième Objectif de développement durable (ODD) visant l’élimination de la faim et de la malnutrition, objectif soutenu par le Programme alimentaire mondial (PAM).


En outre, l’agriculture emploie plus de 80% de la population active ivoirienne.


Aussi, faut-il que le premier producteur mondial de cacao avec une production d'environ 2 millions de tonnes par an, garde sa couronne.


Tous ces aspects pourraient entraver quelque peu le chemin d’une lutte contre la réduction du couvert forestier qui serait envisagé.


La déforestation : une cause et une conséquence


« Les pluies ne sont plus régulières », entend-on. La disparition de la forêt, qui s’est plus ou moins déroulée dans le silence, se fait maintenant bruyante par ses impacts.


La fréquence et l’ampleur des inondations, des tempêtes, des périodes de sécheresses et des feux de brousse, le raccourcissement de la durée moyenne des périodes de croissance végétative, la perturbation de la biodiversité, la dégradation des bassins versants sont entre autres quelques conséquences observées.


Cependant, la déforestation est elle-même, à la fois une cause et une conséquence du changement climatique.


Selon les Nations Unies, lorsque les émissions de gaz à effet de serre se multiplient, ces gaz agissent comme une couverture autour de la terre et retiennent la chaleur du soleil. Ce phénomène entraîne alors un réchauffement de la planète ainsi que des changements climatiques. Ainsi, Aujourd’hui, la terre se réchauffe plus vite que jamais.


De plus, « Les feuilles ferment leurs stomates, servant à l'évapotranspiration de l'arbre pour essayer de le protéger d'une chaleur excessive, et il finit par se dessécher », note le biologiste écologue à l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (Inrae) à Bordeaux, Syvain Delzon, dans  le quotidien français d'information économique et financière "Les Échos".


Ainsi, les arbres croissent moins et leur taux de mortalité augmente. Ils stockent alors moins de carbone avec le réchauffement climatique. Et plus la température augmente, plus les végétaux respirent fort et rejettent du carbone. A terme, le réchauffement climatique risque donc de remettre en cause le rôle essentiel de réservoir de CO2 que jouent les forêts, explique-t-il.


Le changement climatique et les forêts sont liés à travers le rôle que jouent les forêts, car le premier est dû à l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre que seules les forêts sont capables de stopper.


Des luttes entreprises


La Fondation pour les parcs et réserves de Côte d’Ivoire (FPRCI) a été une solution bien anticipée, aussi bien pour les animaux que pour les forêts, car créée après des états des lieux qui ont montré des difficultés financières face à la préservation et la gestion des parcs et réserves en Côte d’Ivoire. La structure indépendante s’attèle à mobiliser des financements durables pour la gestion des parcs nationaux et réserves de Côte d’Ivoire.



Les commandos forestiers de la DZNE veillent au grain.


« Le mécanisme d’action de la FPRCI est de mobiliser des fonds auprès des donateurs. Ces fonds sont ensuite placés sur le marché financier international et ce sont les revenus que nous remettons à l’Etat de Côte d’Ivoire à travers l’OIPR, chargé de la gestion des parcs et réserves », indique le directeur exécutif de la FPRCI, Dr Fanny Ngolo.


La fondation ne reste pas en marge des luttes pour la restauration du couvert forestier, car dans le cadre du mécanisme REDD+, elle collabore avec les populations afin que ces dernières s’engagent à mettre à disposition leurs terres pour la plantation des forêts.


« Nous encourageons de plus en plus les populations à faire de l’agroforesterie. Ces arbres,qu’elles vont planter dans leurs plantations, vont générer des crédits carbones. Une fois qu’elles sont identifiées ainsi que la quantité du crédits carbone captée, elles reçoivent de l’argent chaque année », exhorte Dr Ngolo.


Par ailleurs, le gouvernement met un accent sur la restauration de la forêt dans le pays, avec la signature d’un accord subsidiaire, le vendredi 1er octobre 2021, entre le ministère de l’économie et des finances et la FPRCI relatif au projet de réduction des émissions (PRE) autour du parc national de Taï pour la restauration du couvert forestier.


« Cet accord subsidiaire a pour objet de rétrocéder à la fondation pour les parcs et réserves de Côte d’Ivoire, la gestion des paiements aux bénéficiaires finaux du programme. C’est-à-dire la SODEFOR et l’OIPR, afin d’aider à la restauration du couvert forestier et à la lutte contre les effets des variations climatiques dans les cinq régions du sud-ouest autour du parc de Taï », a indiqué le ministre de l’économie et des finances, Adama Coulibaly, lors de la cérémonie de signature dans un local du 20e étage de l’immeuble Sciam au Plateau.


En outre, le ministère de l’Environnement et du Développement Durable a annoncé, jeudi 21 octobre 2021, que le gouvernement compte détecter et encadrer les talents qui œuvrent pour la préservation de la forêt en dénommant cette initiative « Les champions nationaux ».


« Nous avons commencé à identifier tous les champions nationaux qui se sont illustrés par leurs talents et qui œuvrent pour la protection de l’environnement », a indiqué le ministre de l’environnement et du Développement Durable, Jean-Luc Assi, lors de la troisième édition des journées africaines de l’écologie et des changements climatiques (JFAC), aux 2 Plateaux, dans la commune de Cocody.



Donwahi a procédé au lancement de la phase pilote de la délimitation des territoires villageois avec des arbres forestiers à Méadzin.


Inclus dans les JFAC, le salon international de l’écologie d’Abidjan a donné l’occasion à des talents d’exposer leurs projets et leurs produits.


« La reine des cocos est une structure qui valorise la noix de coco et ses produits dérivés. Actuellement, nous mettons l’accent sur notre charbon de coque de coco qui dégage deux fois moins de CO2 et ne nécessite aucun abattage d’arbre. Il résulte de la carbonisation des coques de coco et de déchets de coco. C’est notre manière de préserver la forêt », a exposé la cheffe de la structure "La reine des cocos", Natacha Douho, lors du salon international de l’écologie d’Abidjan aux JFAC 2021.


(AIP)


ccl/gak/fmo

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