Le plan directeur de développement du port de San Pedro à l’horizon 2035 prévoit une extension et une modernisation des infrastructures du port de San Pedro ainsi qu’une augmentation de ses capacités opérationnelles. Les investissements réalisés jusqu’ici ont permis un accroissement du trafic et une amélioration des indicateurs de l’activité portuaire.
En 1968, la Côte d’Ivoire entreprend la plus importante des opérations de développement de la première décennie de son indépendance nationale, « l’Opération San Pedro ». Il s’agit de mettre en valeur une région restée jusqu’alors en marge du « miracle » ivoirien, le Sud-Ouest du pays, une région aux potentialités économiques considérables en ressources agricoles, minières, forestières et touristiques. Mais c’est une région enclavée qui fait frontière avec le Libéria à l’Ouest, bordée par l’Océan Atlantique au Sud et ses périphéries orientale et septentrionale, à peine effleurées par le réseau routier existant, s’étendent jusqu’à l’Est de la Guinée et au Sud du Mali.
Des infrastructures déficientes
Le moteur de l’opération : un port, qui est créé de toutes pièces à San Pedro, à quelques 350 km à vol d’oiseau à l’Ouest d’Abidjan. Premier port en eau profonde construit en Côte d’Ivoire, les activités du port de San Pedro furent lancées en mai 1971 avec l’accueil du navire « Korhogo » de l’ancienne Société Ivoirienne des Transports Maritimes (SITRAM). Il fut officiellement inauguré le 04 décembre 1972 par son Excellence Feu le Président Félix Houphouët-Boigny.
Le port de San Pedro est investi d’une double mission consistante, d’une part à stimuler l’économie de l’Ouest ivoirien et, d’autre part, à promouvoir la coopération régionale en offrant un débouché maritime aux régions limitrophes sans littoral, notamment le Mali et la Guinée forestière.
La croissance des activités du port de San Pedro n’a malheureusement pas été suivie ni du développement de nouvelles infrastructures, ni de l’entretien requis pour les ouvrages et équipements existants. En outre, en raison de la crise économique des années 80, « l’Opération San Pedro » fut dissoute. Ainsi, les infrastructures du port, sous le poids de l’exploitation et en absence d’investissements adéquats, se sont graduellement dégradées jusqu’à atteindre un niveau critique au début des années 2000.
Cette situation a affecté le fonctionnement, l’attractivité, la performance et la compétitivité du port de San Pedro. Le port a été victime de son exiguïté, de la mutation de la structure du trafic du port de commerce, de l’augmentation de la taille des navires susceptibles d’accoster au port et de l’inadéquation des voies de desserte de son hinterland.
Un nouveau départ
Afin de pallier le dysfonctionnement de ses équipements et résorber sa déficience infrastructurelle, la Direction générale du Port Autonome de San Pedro (PASP) a réalisé en 2012, avec l’appui de l’Union Européenne et de la Banque Africaine de Développement (BAD), le plan directeur de développement du Port de San Pedro à l’horizon 2035 et les études de faisabilité technique, juridique, économique et financière afférente au Projet d’extension et de modernisation du Port de San Pedro.
Le nouveau programme de réhabilitation et de développement des infrastructures portuaires a été conçu pour étendre et moderniser les infrastructures du port de San Pedro et augmenter ses capacités opérationnelles. La construction du terminal industriel polyvalent de San Pedro a été lancée : les travaux sont pratiquement achevés (taux de réalisation de 80% en septembre 2021). Les investissements en équipements ont permis de faire passer le nombre de grue mobile de 3 en 2011 à 8 en 2021. Le temps d’attente des navires a été ramené de 60 heures à 40 heures. La qualité du management a été améliorée : le port a reçu trois certifications des activités aux normes qualité ISO 9001 VERSION 2015, ISO 14001 et ISO 45001.
Les résultats opérationnels et financiers de l’activité portuaire à San Pedro sont en hausse constante depuis 2011. Le trafic global annuel de marchandises est passé de 1,8 million de tonnes (mt) en 2011 à 5,1 Mt en 2019 et frôle aujourd’hui les 6 Mt, soit une progression de 233%. Le chiffre d’affaires est en progression continue depuis 2011 avec un taux de croissance annuel de 10%. Les recettes douanières collectées au port de San Pedro sont en hausse constante, puisqu’elles sont passées de 130 milliards de F CFA en 2011 à 204 milliards de F CFA en 2020 (+57%).
(In Jeune Afrique)