L’Organisation des Nations Unies encourage le vaccin contre le virus du papillome humain (VPH) qui est sans danger et permet efficacement de prévenir les cancers chez les jeunes dont celui du col de l’utérus.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a pour ce faire, lancé, il y a un an, une campagne de prévention sur la transmission et les risques liés au papillomavirus, pour inciter les jeunes à se faire vacciner. Le virus appelé HPV est responsable de centaine de milliers de cancer chaque année.
A cet effet, dimanche 21 novembre 2021, le Centre régional d’information des Nations Unies pour l’Europe occidentale a interviewé un virologue, docteur Océane Sorel, afin de mieux cernée le papillomavirus
Qu’est-ce que le papillomavirus et comment se transmet-il ?
Le papillomavirus humain aussi appelé HPV est une famille de virus qui infectent les humains. Il existe plus de 150 types de HPV différents dont 40 environ se transmettent par contact sexuel. Certains de ces papillomavirus (mais pas tous !) sont dits « à haut risque oncogène » et peuvent causer des cancers tels que des cancers du col de l’utérus, du pénis, de l’anus ou encore de la sphère ORL… Environ 600 000 cancers par an sont attribués à HPV dans le monde parmi lesquels le cancer du col de l’utérus.
Les HPV sont très contagieux et se transmettent par contact avec la peau ou les muqueuses, notamment lors de contacts sexuels avec ou sans pénétration. Le simple contact peau à peau ou muqueuse à muqueuse suffit, donc le préservatif ne permet pas de se protéger complètement contre l’infection à HPV.
Comment savoir si j’ai contracté un papillomavirus, il y a-t-il des signes d’infection ?
L’infection à HPV est souvent asymptomatique et transitoire, c’est à dire que le système immunitaire finit dans la plupart des cas par se débarrasser du virus. La plupart des hommes et des femmes seront infecté(e)s par un/des HPV au cours de leur vie. Certaines infections transitoires peuvent provoquer des lésions au niveau du col de l’utérus mais dans 85% des cas ces anomalies disparaissent spontanément après quelques mois voire quelques années lorsque le système immunitaire finit par se débarrasser du virus. Dans certains cas, lorsqu’un HPV à haut risque oncogène persiste dans l’organisme il peut donner des cancers chez la femme (col de l’utérus principalement mais aussi vulve, vagin, anus et sphère ORL) et l’homme (pénis, anus, sphère ORL).
Comment le papillomavirus peut-il mener au cancer du col de l’utérus ? Est-ce systématique ?
Dans le cadre d’une infection persistante avec un HPV oncogène et lorsque le système immunitaire n’est pas parvenu à éliminer le virus, les anomalies au niveau des cellules du col de l’utérus peuvent évoluer en lésions pré-cancéreuses puis en cancer. Cette évolution est lente et prend plusieurs années (délai d’environ 10-20 ans entre le moment de l’infection par le virus et le cancer).
Quels sont les facteurs de risques pour le développement du cancer du col de l’utérus ?
Le principal facteur de risque est l’infection par un ou plusieurs des 14 types de HPV pouvant donner des cancers. Parmi eux, on retrouve les HPV 16 et 18 qui sont responsables d’environ 70% des cancers du col de l’utérus.
D’autres facteurs augmentent significativement le risque de développer un cancer du col de l’utérus tels que les rapports sexuels à un âge précoce, les multiples partenaires sexuels, le tabagisme, l’utilisation prolongée de la pilule contraceptive, l’immunosuppression, les infections à Chlamydia, la multiplicité des grossesses menées à terme…
Comment prévenir et dépister le cancer du col de l’utérus ? À quel rythme faut-il effectuer des tests ?
Depuis 2006 il existe des vaccins qui sont recommandés chez les jeunes adolescents et qui permettent de prévenir les infections à HPV et donc de prévenir les cancers liés à ces virus. Les vaccins sont une méthode de prévention primaire contre le cancer du col de l’utérus mais ne suffisent pas pour prévenir 100% des cancers du col de l’utérus donc la vaccination ne remplace par le dépistage par frottis cervico-utérin.
En France, le dépistage régulier du cancer du col de l’utérus est recommandé pour toutes les femmes de 25 à 65 ans (vaccinées ou non) par frottis du col de l’utérus afin de détecter la présence du virus (test HPV) ou bien la présence de cellules anormales (examen cytologique). Pour plus d’informations concernant les types de tests et les intervalles recommandés, consultez votre médecin.
Pourquoi le test HPV n’est pas recommandé pour les femmes de moins de 30 ans ?
En France, le dépistage par examen cytologique est recommandé dès 25 ans afin de détecter la présence éventuelle de cellules anormales. Cependant, avant 30 ans, le test HPV n’est pas recommandé car les infections à HPV sont très fréquentes chez les jeunes. Le pic d’infection a lieu très peu de temps après le début de la vie sexuelle. Néanmoins, la plupart de ces infections sont transitoires et finissent par disparaître après quelques mois grâce au système immunitaire qui finit par éliminer le virus. Le test HPV chez les jeunes femmes de moins de 30 ans entraînerait un nombre conséquent d’examens inutiles et de traitements potentiellement invasifs qui pourraient augmenter le risque de complications lors de futures grossesses alors que la plupart de ces infections se seraient résolues d’elles-mêmes sans traitement.
Il y a plusieurs vaccins ? Pourquoi ? Quelle est leur efficacité ?
Il existe 3 vaccins : Cervarix, Gardasil et Gardasil9 qui protègent tous contre HPV 16 et 18 qui sont responsables de la grande majorité des cancers liés à HPV. Les vaccins Gardasil et Gardasil9 protègent également contre certains HPV qui causent des verrues génitales. Enfin, le Gardasil9 cible aussi d’autres HPV additionnels responsables de 20% supplémentaires des cancers du col de l’utérus. Le vaccin Gardasil9 a remplacé son prédécesseur, le vaccin Gardasil sur le marché. L’efficacité des vaccins dans la prévention de l’infection par les HPV ciblés par le vaccin administré est de plus de 90% si celui-ci est fait avant les premiers contacts sexuels.
Qui doit se faire vacciner et quand ?
En France, la haute autorité de santé recommande de vacciner contre les HPV :Les filles et les garçons de 11 à 14 ans selon un schéma à 2 doses.
Un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans selon un schéma à 3 doses.
La recommandation de vaccination peut être étendue jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Le vaccin a-t-il des effets secondaires connus ?
Les effets secondaires répertoriés des vaccins contre les HPV sont des effets secondaires assez classiques de « mise en route » de la réponse immunitaire tels que douleur au site d’injection, fièvre, fatigue etc,… Les études récentes ont mis en évidence une absence de lien entre la vaccination et l’apparition de maladies auto-immunes.
Peut-on se faire vacciner contre le papillomavirus après les premiers rapports sexuels ?
Oui, jusqu’à un certain âge. Cependant, l’efficacité du vaccin chute à 50-60% s’il est fait après les premiers contacts sexuels car le pic d’infection par les HPV survient peu de temps après le début de la vie sexuelle d’où l’importance de l’âge au moment de la vaccination.
Faut-il se faire dépister si on est vacciné ?
Oui. Les vaccins sont une méthode de prévention primaire contre le cancer du col de l’utérus mais aucun vaccin n’est efficace à 100% et les vaccins ne protègent pas contre tous les types de HPV oncogènes et donc ils ne suffisent pas pour prévenir tous les cancers du col de l’utérus. En d’autres termes, la vaccination ne dispense pas de dépistage régulier par frottis cervico-utérin.
La vaccination contre les HPV a récemment été étendue aux garçons en France et dans d’autres pays du monde pour plusieurs raisons. Tout d’abord, 4 cancers sur 10 liés à HPV ont lieu chez des hommes, or, la vaccination permet de prévenir la majorité des cancers liés à HPV chez l’homme. En effet, chez les hommes, les HPV causent des verrues génitales, des cancers du pénis, de l’anus et de la sphère ORL. De plus, la vaccination des garçons permet de protéger les filles des infections à HPV. Enfin, la vaccination permet de limiter la circulation des HPV et pourrait à terme mener à l’éradication des HPV à haut risque oncogène.
(AIP)
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