Chers partenaires techniques et financiers
Leaders et Représentants des partis politiques
Distingués élus
Membres du Caucus des femmes leaders du Sénégal
Chers membres de l’Organisation de la Société civile
Chers membres de la Chaire UNESCO « Eau, Femmes et Pouvoir de Décisions »
Chers membres « CREA-PAIX »
Chers membres du Compendium des Compétences Féminines de Côte d’Ivoire
Amis de la presse
Femmes, jeunes
En vos rangs et qualités
Mesdames et Messieurs
Je vous souhaite la bienvenue à ce déjeuner au cours duquel je vous inviterai à échanger sur la participation des femmes et des jeunes dans la vie politique et le processus de paix.
Je vous invite à vous joindre à moi pour souhaiter un « Akwaba » spécial à notre hôte, Professeure Fatou SOW SARR, Papa DEMBA FALL (Directeur Administratif et Financier de IFAN) et ses Compatriotes venus du Sénégal.
Mesdames et Messieurs,
La problématique du rehaussement du rôle de la femme, dans la conduite des affaires publiques, demeure une évidence indéniable et commune à toutes les nations du monde. En créant un cadre juridique et institutionnel favorable à l’autonomisation des femmes, ainsi qu’à leur plus grande participation à la vie politique, la Côte d’Ivoire se positionne sur la voie de l’émergence. Il s’agit notamment : (i) du Fonds d’Appui aux Femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), initié par la Première Dame, Madame Dominique OUATTARA, qui dispose aujourd’hui d’un montant de 50 milliards de Francs CFA qui ont été alloués aux Femmes ivoiriennes pour renforcer leur autonomie financière, au titre du l’année 2021, (ii) du Compendium des Compétences Féminines de Côte d’Ivoire (COCOFCI) avec plus de 15 000 femmes ivoiriennes inscrites librement, élu meilleur programme africain, qui a permis de renforcer la visibilité, la participation et le leadership de milliers de femmes dans la gestion des affaires publiques et privées, (iii) et la loi N°2019-870 instaurant un quota d’au moins 30% de femmes dans les assemblées élues pour accélérer le processus visant une plus grande participation des femmes à la vie politique.
Mesdames et Messieurs,
La volonté de compter avec les femmes pour la consolidation de la paix et l’accélération du développement est manifeste dans la gouvernance de l’Etat de Côte d’Ivoire. Les acquis sont remarquables. Cependant, c’est le moment d’avancer au large.
Je crois très fermement que les femmes et les jeunes sont une force qui peut beaucoup contribuer au processus de paix et au développement par une plus grande participation politique. Cela est un processus qui doit être accompagné par des actions collectives, pertinentes et performantes.
C’est dans cette perspective qu’avec des partenaires, particulièrement le Women in Political Participation (WPP) conduit par la Professeure Fatou Sow Sarr, Responsable Afrique francophone du programme, nous avons voulu conduire une étude participative pour explorer les stratégies en vue de renforcer la participation des jeunes et des femmes dans le processus politique et la consolidation de la paix en Côte d’Ivoire.
Deux études complémentaires, respectivement qualitative et quantitative, ont été conduites par les chercheurs de la Chaire UNESCO « Eau, Femmes et Pouvoir de Décisions » et ceux issus de son réseau de partenaires. Chaque étude a été suivie par un atelier, tenant lieu de focus group. Des membres des partis politiques, de la presse et de la société civile y ont participé. Il y avait des jeunes, des femmes et des hommes. La première étude a principalement porté sur l’exploration des obstacles à la représentativité des femmes et des jeunes sur la scène publique lors des débats politiques et aux postes électifs.
Les résultats de cette première phase d’action-recherche ont conduit à l’élaboration d’un questionnaire pour une étude plus approfondie. Le questionnaire a été validé par 300 participants.
A l’issue de cette étude, nous avons retenu 5 axes significatifs pour des actions stratégiques pertinentes dans l’optique de rehausser la participation politique des femmes avec les jeunes. Ces axes constituent aussi les recommandations que l’étude nous invite à formuler.
1. Formation et Coaching des Femmes Leaders
D’abord, 30,5% des participants à l’étude pensent que la faible participation des femmes aux débats politiques est dû à un manque de préparation à un tel exercice. Ensuite, 50.7% des participants croient que la formation des femmes leaders aux débats politiques est une action prioritaire à réaliser pour renforcer la visibilité des femmes dans les débats politiques sur les médias et les réseaux sociaux. Enfin, 48,7% des participants pensent que la formation et le coaching des femmes leaders en politique est une action prioritaire pour faciliter leurs candidatures aux postes électifs. Plusieurs témoignages qui soutiennent cette idée ont été partagés lors des ateliers. Le programme de formation et de coaching des femmes candidates en 2016, soutenu par le Compendium des Compétences Féminines de Côte d’Ivoire, a contribué à susciter l’intérêt des femmes pour la politique. Un environnement favorable à la participation des femmes en politique a été créé, comme l’attestent les chiffres suivants : de 105 femmes candidates en 2011, nous sommes passés à 328 en 2016, puis à 452 en 2021 au niveau des législatives.
2. Réseau de Solidarité entre les Femmes Leaders
Il ressort de l’étude que pour 20,5% des participants, la collaboration et la solidarité entre les femmes est un facteur important pour rehausser la représentativité des femmes aux postes électifs. Or, 58,9% des participants, pensent aussi que les femmes ont des difficultés à créer la solidarité autour de cette cause commune pour promouvoir leur participation politique. Par ailleurs, les conflits entre les partis politiques (17.2%) et les contraintes internes aux partis politiques (19,5%) freinent aussi de façon significative l’élan de solidarité entre les femmes leaders politiques.
3. Collaboration entre les Femmes et les Jeunes
Jusqu’à 85,5% des participants à l’étude ont attesté que la collaboration avec les jeunes serait une initiative pertinente pour l’élection des femmes. Aussi, l’étude précise que le découragement, lié aux crises et à la violence autour des élections, et les contraintes à l’intérieur des partis politiques sont les principales causes de la baisse de la motivation des jeunes pour la vie politique.
4. Sensibilisation de la Population
La sensibilisation de toutes les couches de la population a été soulignée comme un impératif pour améliorer l’élection des femmes aux postes électifs. Les résultats de l’étude ont confirmé le poids de l’idéologie patriarcale et de la discrimination sociale et de sexe que nous n’avons cessé de déconstruire à travers les différentes actions du Compendium et les formations de la Chaire.
La première étude qui était qualitative et l’atelier qui s’en est suivi ont révélé que le rôle de rassemblement est généralement attribué aux femmes et l’exécutif aux hommes. 54% des participants expliquent cela par l’influence de la culture patriarcale, tandis que 23,8% pensent que le rôle exécutif est trop exigeant pour beaucoup de femmes leaders.
L’appartenance ou la préférence d’un parti politique est majoritairement le critère du choix du vote. Toutefois, une étude comparative a montré que 36,4% des hommes ont tendance à voter pour les autres hommes, tandis que seulement 2,3% des femmes préfèrent voter pour les autres femmes. Ces résultats disent quelque chose du regard que certaines femmes portent sur elles-mêmes et leurs compétences par rapport aux hommes.
La sensibilisation afin de susciter l’engagement de la population pour l’élection des femmes doit être multisectoriel. Cependant, 20,5% des participants pensent que la collaboration entre les associations et les mouvements des femmes serait une option pertinente. Cette collaboration passera nécessairement par une solidarité entre les femmes dont j’ai parlé plus haut.
5. Le plaidoyer
L’étude que la Chaire UNESCO « Eau, Femmes et Pouvoir de Décisions » a réalisée pour explorer des stratégies en vue de renforcer la participation politique des femmes a présenté le plaidoyer comme une nécessité.
Les contraintes et les mécanismes internes aux partis politiques (41,7%) constituent un obstacle majeur à la participation politique des femmes, tant au niveau de la participation aux débats qu’aux candidatures. 26,5% des participants à l’étude pensent que le plaidoyer pour des réformes institutionnelles et juridiques tant au niveau national qu’au sein des partis politiques est une action prioritaire pour donner plus de chance à la représentativité des femmes aux postes électifs. Par ailleurs, 16,6% des participants pensent que ce plaidoyer doit viser le financement des candidates femmes aux élections.
Mesdames et Messieurs,
Les résultats de cette étude parlent suffisamment d’eux-mêmes. L’échantillon n’est pas représentatif, mais la diversité des participants fait que ces résultats sont significatifs et ouvrent une voie dans ce sens à des suggestions.
Malgré les acquis et les bons résultats obtenus en matière de participation politique des femmes dans notre pays, des défis structurels liés à la dominance du pouvoir patriarcal, aux stéréotypes et aux normes sociales persistent. Conscient que la croissance économique passe nécessairement par la pleine participation des femmes, des hommes et des jeunes dans toutes les sphères de décisions, nous devons aller plus loin, avec le Compendium des Compétences Féminines de Côte d’Ivoire, tant par des actions stratégiques qu’opérationnelles en vue de parvenir à une réelle amélioration des chiffres. Cela est le vœu cher du Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, qui est l’initiateur du Compendium et qui soutient sans réserve les actions du Compendium, maison commune de toutes les femmes de Côte d’Ivoire sans distinction de religion, ni d’appartenance politique.
Mesdames et Messieurs,
Cette étude exprime notre volonté de renforcer la pertinence et l’efficacité des initiatives en vue de promouvoir la participation politique des femmes et des jeunes en Afrique en général, et particulièrement en Côte d’Ivoire. Nous allons disséminer largement les résultats de cette étude pour qu’ils servent d’orientations aux décideurs et aux agents de développement.
Pour rappel, cette année, nous célébrons le dixième anniversaire du Compendium des Compétences Féminines de Côte d’Ivoire célèbre, un programme complet qui englobe la participation politique, publique, économique et socio-culturelle dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Cette célébration est avant tout pour nous une occasion de mettre en lumière les acquis et de penser l’avenir pour impacter et inspirer davantage toutes les générations. Les résultats de cette étude vont certainement servir de supports d’orientation à l’élaboration de la phase 2 du Compendium qui s’étendra sur cinq ans (2022 – 2027), mais nous avons surtout besoin de partenaires pour l’identification des besoins et leur mise en œuvre.
Quelles que soient la beauté de nos idées, la pertinence de nos actions et notre volonté manifeste de réaliser des choses, nous ne ferons jamais mieux seul. Il est sûr et certain que ce sont les esprits qui pensent et agissent à l’unisson, par le partage mutuel de leurs connaissances et expériences, qui prospèrent et impactent incroyablement bien le monde. Nous devons conjuguer nos efforts, travailler en toute synergie afin que nos actions portent.
Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier nos partenaires techniques et financiers notamment, le Women in Political Participation (WPP), l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), le Caucus des Femmes Leaders du Sénégal et l’Institut International pour la Démocratie et l’Assistance Électorale (International IDEA) qui nous accompagnent sur ce projet précis, contribuant ainsi à l’avènement d’un monde meilleur.
Aucune œuvre humaine, aucune nation, aucune organisation ne peut vivre ou grandir en étant repliée sur elle-même. L’heure est venue de se serrer les coudes et de resserrer davantage les rangs.
Je vous remercie de votre aimable attention.
Euphrasie KOUASSI YAO
Titulaire Chaire UNESCO, Eau, Femmes et Pouvoir de Décisions