La concurrence des entreprises asiatiques, dans le domaine de la transformation de cajou, fait des victimes au sein des entreprises ivoiriennes. En effet, alors que le secteur n’a pas encore fini de digérer la banqueroute de la société Casa, une autre société vient de décider de mettre la clé sous le paillasson. Il s’agit de Fma Industry qui transformait 12 000 tonnes de noix brutes de cajou dans son usine de Korhogo et qui employait plus de 1 200 personnes. Incapable de tenir la concurrence des sociétés asiatiques dans le domaine, qui monopolisent aussi bien les achats de noix brutes que la transformation, elle a fait faillite.
Dans le secteur de la transformation de cajou, les sociétés Casa et Fma Industry viennent allonger la liste des entreprises qui ont fermé ces dernières années. On se souvient qu’Africa Négoce, Aai et Africajou n’ont pu se maintenir à flots, alors qu’elles répondaient favorablement aux appels du gouvernement, pour développer l’industrie locale de la transformation du cajou.
D’ailleurs, selon plusieurs observateurs, l’enjeu de la transformation du cajou est énorme pour le gouvernement ivoirien qui ambitionne de transformer une partie de la production nationale, c’est-à-dire 50% des produits locaux. Une décision qui devrait permettre la création de 100 mille emplois directs et 200 mille indirects et surtout de maintenir la richesse produite par le secteur, sur place, en Côte d’Ivoire et dans les régions de production. La capacité installée des entreprises contrôlées par les Ivoiriens est de 40 mille emplois directs et 80 mille indirects. Il est donc plus qu’urgent pour le gouvernement ivoirien de s’investir davantage dans le secteur cajou qui fait vivre des milliers de familles dans le nord, le nord-est et dans le nord-ouest du pays car il compte au nombre des principales sources de revenus des populations de ces localités.
La faillite de ces sociétés de transformation de cajou doit interpeller le gouvernement qui doit, d’abord identifier les causes profondes de cette situation. D’autant plus que les capitaux de ces entreprises sont majoritairement détenus par des Ivoiriens qui ont investi d’importantes sommes d’argent, afin de répondre à l’appel des autorités pour qui l’industrialisation est source de richesse et de création d’emplois. Alors, si le gouvernement ivoirien veut réellement faire du secteur cajou un domaine porteur et un vecteur de développement des régions de production, il faudra absolument rechercher des solutions pour éviter d’autres faillites et inciter plutôt à l’investissement.
Selon les experts du secteur, les causes de ces faillites sont, entre autres, les difficultés d’approvisionnement des transformateurs locaux en noix brutes de bonne qualité, les difficultés d’accès aux financements, la rude concurrence des multinationales asiatiques au niveau du prix d’achat des noix. Pour remédier à cette situation, ces experts proposent une meilleure facilité d’accès au crédit, une meilleure régulation de la commercialisation interne comme cela se fait dans le secteur du cacao.En outre, ils suggèrent la réforme du système de commercialisation interne avec un accès aux noix brutes pour les industriels nationaux. De sorte que ce ne soient pas les seules multinationales, qui bénéficient d’une large capacité financière, qui achètent toutes les noix brutes de bonne qualité qui sont ensuite exportées et transformées en Asie, avant d’être vendues, à prix d’or, sur les marchés occidentaux.