x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Santé Publié le mardi 28 décembre 2021 | AIP

Rhésus sanguins : "ce qu'il faut faire en cas d'incompatibilité fœto-maternelle" (Spécialiste)

Abidjan- Le Rhésus est un facteur du sang qui permet de déterminer la compatibilité entre des groupes sanguins en cas de transfusion. Sa connaissance est essentiel pour éviter ou prendre en charge les incompatibilité sanguines entre la mère et le fœtus qui peuvent être fatals pour le dernier cité. Immuno-hématologiste, spécialiste en transfusion sanguine au Centre national de transfusion sanguine (CNTS) de Treichville, Pr Yassongui Mamadou Sékongo, revient, dans une interview accordée à l’AIP, sur les précautions à prendre pour y faire face.


AIP : Comment définissez-vous le Rhésus sanguin ?


Pr Yassongui Mamadou Sékongo : Le Rhésus sanguin tire son origine d’un singe d’Asie appelé le macaque. Cet animal a servi d’expérimentation pour déterminer les éléments contenus dans les globules rouges. Donc le rhésus est un système de groupe sanguin. Il en existe 36 et les plus connu sont le A, B et O.


Le Rhésus est le second système du groupe sanguin après le A, B, O. Il se compose d’antigènes dont cinq principaux. Le plus connu s’appelle le « Grand D » (Rhésus positif ou négatif). Les cinq antigènes sont identifiés par les lettres D et E qui permettent de les définir.


Le Rhésus est-il héréditaire ?


Le Rhésus est héréditaire parce que les composants du groupe sanguin sont transmis génétiquement. Les gènes sont présents à la surface des globules rouges.


Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le facteur Rhésus ?


Le système du groupe sanguin Rhésus est le même que le A, B, O. Pour transfuser une personne, il faut s’assurer que les antigènes du donneur sont identiques à celui du receveur.


Pour connaître son groupe, un examen de sang est requis par une technique appelée le groupage sanguin. Il existe deux techniques de groupage sanguin : la première permet de connaître le type d’antigène dans les cellules et la seconde de déterminer les anticorps contenus dans le sérum et le plasma.


Chez le nouveau-né, le groupe sanguin est définitif quatre semaines après sa naissance, parce que pendant la grossesse, le sang de la mère et celui du bébé se mêlent à travers le placenta (barrière par laquelle la mère nourrit son bébé quand il est dans le ventre).


A la naissance, il est très souvent conseillé de transfuser le bébé avec le groupe sanguin de la mère sinon avec un Rhésus négatif.


Quelle est la différence entre Rhésus sanguin positif et négatif ?


La différence est énorme car lorsqu’une personne est du Rhésus sanguin positif « l’antigène D » présent à la surface de ses globules rouges pourrait induire une réaction de l’organisme, c’est-à-dire que si du sang contenant de « l’antigène D », est transfusé à une tierce personne qui n’a pas ce même antigène, l’organisme receveur va chercher à se défendre et produire « l’anticorps anti-D », qui se chargera de détruire le sang sur lequel se trouve le Rhésus positif.


Le Rhésus est négatif lorsqu’il y’a absence « d’antigène D » à la surface des globules rouges.


A partir de quel moment on parle d'« incompatibilité rhésus fœto-maternelle » ?


L’incompatibilité rhésus fœto-maternelle comprend deux termes, fœto pour fœtus et maternelle pour mère.


Si le père est du Rhésus positif et la mère du Rhésus négatif, les constituants qui déterminent le Rhésus positif du père prédominent et sont transmis lors de la fécondation. Alors, dans ce cas de figure, le Rhésus positif prend le dessus sur le Rhésus négatif. Le fœtus sera du Rhésus positif et la mère du Rhésus négatif.


Les problèmes surviennent lors de la première grossesse, car l’organisme de la mère n’est pas encore sensibilisé pour produire des anticorps, à moins qu’elle ait déjà pratiqué des avortements de bébés du Rhésus positif.


Par contre, après l’accouchement, si rien n’est fait pour empêcher que l’organisme de la mère ne réagisse, il sera alors sensibilisé.


Mais si elle n’a pas été immunisée par le biais du sérum « anti-D », on lui injectera ce sérum constitué d’un anticorps qui permettra de contenir la réaction de l’organisme de celle-ci pour éviter qu’elle développe ses propres anticorps.


Pour la deuxième grossesse, il n’y a aucun problème parce que l’organisme de la mère n’a pas eu le temps de réagir et de créer des anticorps pour détruire le sang du môme.


Si le père est du Rhésus positif, l’enfant qui va recevoir des cellules positives aura un groupe sanguin Rhésus positif. Du coup, quand les échanges vont commencer à se faire, la mère aura déjà des anticorps dans son sang.


Le père peut être positif mais s’il n’a pas apporté « l’antigène D » dans ses spermatozoïdes au moment de la conception, l’enfant pourrait être du Rhésus négatif.


On parle d’incompatibilité fœto-maternelle lorsque les anticorps de la mère détruisent ceux du bébé.


Quel est le Rhésus sanguin le plus rare ? Et le meilleur groupe sanguin ?


La rareté du Rhésus sanguin s’apprécie en fonction des groupes ethniques. Ce qui est rare chez le sujet de race noire peut être fréquent chez le sujet de race blanche.


L’antigène « C « du système Rhésus n’est pas assez fréquent chez le noir mais plutôt le petit « c ».


En Côte d’Ivoire, 94% de la population est du Rhésus positif et 4,6% du Rhésus négatif.


Le Rhésus négatif est faible chez les africains. On peut alors parler de rareté comparativement aux occidentaux dont plus de 60% de la population est du Rhésus positif et 25 à 30 % du Rhésus négatif.


Pourquoi faut-il respecter la compatibilité des groupes sanguins ?


Il est important de respecter la compatibilité des groupes sanguins pour éviter que l’organisme ne réagisse en produisant des anticorps qui vont détruire les globules rouges.


Quand on ne respecte pas la compatibilité, on apporte un antigène qui est différent de celui qui est à la surface des globules rouges et donc l’organisme qui reçoit (soi) et l’organisme qui ne reconnait pas « le non soi », va réagir en produisant des anticorps qui vont détruire le sang.


Dans ce cas, l’on se retrouve dans une situation appelée « impasse transfusionnelle » quand il s’avère impossible de transfuser le sujet qui aura provoqué des anticorps en permanence dans l’organisme, d’où l’importance de respecter la compatibilité des groupes sanguins.


Pour les femmes du Rhésus négatif, il est important de connaitre le groupe sanguin de leur conjoint afin de bénéficier dès l’accouchement du sérum « anti- D » qui va protéger l’organisme contre la production de ces anticorps.


Quels sont les risques d’incompatibilité Rhésus pour le bébé et la mère ?


Le risque d’incompatibilité pour la mère est la production des anticorps « anti-D » qui vont l’immuniser. En cas de post production d’anticorps « D », elle ne pourra plus recevoir du sang du Rhésus positif, mais sera uniquement transfusée d’un Rhésus négatif.


Quant au bébé, une fois que la mère a développé l’anticorps « anti- D », il y’a peu de chances que les prochaines grossesses arrivent à termes parce que ses anticorps vont détruire systématiquement le sang du bébé et même à terme, le bébé va naître ictérique (très jaune) et anémié.


L’incompatibilité fœto-maternelle est une maladie très grave pour le futur obstétrical d’une femme du Rhésus négatif, car elle compromet les chances de survie d’un bébé à la naissance.


Que faire dans ce cas ?


Au début de chaque grossesse, les femmes doivent se faire suivre par un médecin, faire des examens pour surveiller l’évolution de la grossesse et connaitre leur groupe sanguin.


Pour celles qui sont du Rhésus négatif, il faut une surveillance rapprochée, notamment des échographies et des bilans sanguins pour s’assurer qu’il n’y a pas destruction des globules rouges. Néanmoins, si elles ont déjà fait des avortements spontanés, il convient d’informer le médecin ou la sage-femme afin que la grossesse arrive à terme et dans de bonnes conditions.


Comment se fait la prise en charge de la mère et du bébé ?


Il est recommandé de faire faire injecter un sérum « anti-D », dans les 48 heures, à une femme du Rhésus négatif qui accouche pour prévenir la réaction de l’organisme. La probabilité est plus grande d’éviter une immunisation dans les 48 heures, car à partir du troisième jour, les anticorps commencent à être produits. L’idéal serait d’injecter le sérum dans les deux premiers jours de l’accouchement.


L’accouchement des femmes du Rhésus négatif doit se faire dans des structures adaptées avec un bon service de néonatologie, un service de réanimation pour une meilleure prise en charge.


Le nouveau-né, dès la naissance, s’il y a incompatibilité fœto-maternelle, doit se faire suivre dans une unité de réanimation, dans un service de néonatologie sous couveuse et sous lumière.


Est-il disponible sous forme de vaccin ?


Oui, il existe le vaccin « Anti-D ». C'est un anticorps conçu pour protéger la mère afin d’éviter que son organisme ne fabrique ses propres anticorps.


Que se passe-t-il lorsque la mère ne reçoit pas de vaccin et qu’elle doit allaiter son bébé ?


Lorsque la mère ne reçoit pas de vaccin, ses anticorps produits seront présents dans son lait maternel. Alors, en allaitant son enfant ses anticorps vont se retrouver dans la circulation sanguine et vont détruire le sang de celui-ci.


Qui est concerné par le vaccin ?


Les femmes du Rhésus négatif, les femmes enceintes dont la grossesse est allée à terme ou pas et dans le cas d’interruption volontaire d’une grossesse.


Expliquez-nous, Professeur, « le phénotype Kell » ?


Le phénotype Kell est le troisième système du groupe sanguin après le Rhésus.


Le Kell est un antigène « grand K » ou antigène « petit k » qui peut être présent à la surface des globules rouges. Chez le sujet noir, le plus présent est le (k-) c’est-à-dire, qu’il dispose de l’antigène « k » à la surface de ses globules rouges.


Par contre, si un individu a le Kell+ « (K+) » qui est le plus dangereux, il ne pourra pas donner du sang à un sujet de Kell- « (K-) » car, il pourrait entrainer la destruction des globules rouges et induire la production d’anticorps parce qu’elle a la capacité de stimuler l’organisme et induire sa réaction.


Donc si vous donnez du Kell « grand K » a un individu qui a du kell « petit k », l’organisme sera stimulé et va réagir en produisant un anticorps anti K.


Le Kell positif est rare chez le sujet de race noire alors qu’on en trouve à une fréquence élevée chez la race blanche.



Interview réalisée par Awa Diaby

PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Titrologie

Toutes les vidéos Titrologie à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ