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Société Publié le mercredi 9 février 2022 | AIP

Ces jeunes gens et femmes qui assurent leur quotidien grâce au plumage traditionnel de la volaille (Feature)

Abidjan, La vente de volaille a fait naître des activités connexes toutes aussi lucratives les unes que les autres, permettant à plusieurs jeunes gens et femmes de vivre aisément du plumage traditionnel des poulets, pintades et canards.


Il est environ 15H, jeudi 24 décembre 2021, au parc à volaille de l’abattoir de Port-Bouët. Plusieurs jeunes gens, des enfants et des femmes dont Bangali Salifou, 18 ans, tirent leur pitance quotidienne dans le plumage de la volaille. Travaillant par groupe de deux ou quatre personnes, certains jeunes gens se chargent de plumer les poulets quand d'autres sont occupés à les rincer et les ranger dans des sachets plastiques. Devant eux, des étals en brique recouverts de carreaux, des bassines, des barils en plastiques, d'autres en acier posés sur des bouteilles de gaz presque invisibles jonchent les lieux. Tous ces objets sont recouverts de sang de volaille au point où certains ont fini par perdre leur couleur d’origine.


Non scolarisé, Bangali a commencé cette activité à l’âge de 10 ans, en 2014. Agé aujourd’hui de 18 ans, il pratique toujours cette activité qu'il juge bien rentable. « Le plumage des volailles est un métier qui nourrit les jeunes qui l’exercent. En huit ans d’activité, j’ai engrangé des économies importantes qui me permettront d’entreprendre une autre activité vu que je deviens grand et que je dois laisser la place aux plus jeunes », relate-t-il, se réjouissant d’exercer ce métier qui ne nécessite pas d’énormes investissements. Autour de lui, plusieurs clients attendent leurs poulets. Ce jeune homme exerce ce boulot avec dextérité. Il tranche d’abord la gorge du poulet, le jette ensuite dans un pot, puis récupère la volaille qu’il part plonger dans l’une des barriques en acier contenant de l’eau bouillante, posée sur un grand fourneau. Il l’en ressort après environ de 30 secondes et n’a plus qu’à la plumer aisément. Le plumage d’un poulet et d’une pintade se négocie à partir de 200 FCFA et 300 FCFA pour les canards.


En cette veille de la fête de Noël, des tas de poulets dont la gorge est tranchée, sont visibles devant les jeunes. C'est ‘’la traite’’ pour eux. « Nos revenus ont doublé voir même triplé ces derniers mois. De 05H à 20H, nous repartons ici chacun avec quelque chose de consistant. Moi particulièrement à pareil moment, je ne descends jamais avec moins de 10.000 FCFA », affirme Bangali. Il explique qu’en 2011, il était l’apprenti du sieur Placide Palé et que ce métier a permis à son ex-patron de migrer en Europe. Cette situation le motive à prendre son travail au sérieux. Dorénavant, Bangali emploie un adolescent qui s’occupe du nettoyage des volailles abattues et qui est payé à 2.000 francs CFA par jour.


Sékou Sory exerce depuis plusieurs années dans ce domaine également. Il explique que sa tâche consiste à plumer les poulets ou les pintades qui lui sont confiées par des femmes de ménage ou des vendeurs de poulets braisés, après les avoir abattus. Son atelier de travail qui comprend une table, deux longs couteaux, un foyer avec du bois sur lequel il chauffe de l’eau dans un fût, ne désemplit pas du matin au soir. Concernant sa recette journalière, Sory affirme gagner entre 10.000 et 25.000 francs CFA, en précisant atteindre 30 000 francs CFA les jours de fête. « Je ne m’ennuie jamais », assure-t-il.


Les pattes, les abats, les gésiers, un autre business



Magoubri Jean, l’un des jeunes travailleurs explique qu’après l’étape de plumage, la volaille est traitée selon la demande du client. « Il y a des clients qui veulent qu’on range les pattes de leurs poulets à l’intérieur de la volaille elle-même. Il y en a qui veulent qu’on les découpe en quatre morceaux, d'autres veulent qu’on les découpe en petits morceaux. Cela dépend de ce qu’ils vont en faire. Ils peuvent aussi nous demander de ranger les parties comme les têtes, les pattes, les ailes et même les gésiers dans un parquet spécial. Par contre, il y a des personnes qui ne veulent pas de ces parties et nous les laissent », explique-t-il. Les pattes, les boyaux et les gésiers sont traités et commercialisés par les femmes. Assises devant de petites bassines, elles étirent les intestins des volailles pour en extraire les excréments. Pendant ce temps, des poêles posées sur des fourneaux à charbon servent à frire ces parties déjà nettoyées.


« Nous revendons ces parties à des dames qui sont nos clientes. Un petit seau rempli d’intestin bien nettoyé coûte 3.000 FCFA », déclare Kouyaté Djénébou. Les deux pattes et le cou d’un poulet sont achetées à 150 Francs aux mains des jeunes plumeurs, révèle Kouda Maïmouna. Elle revend les pattes à 50 FCFA l’unité et le cou à 150 FCFA. Elle en achète donc en grande quantité pour réaliser de bonnes affaires. « Je fais ce commerce depuis 10 ans. A la fin de chaque vente, je peux m’en sortir avec 1.500 FCFA ou 2.000 FCFA. C’est ce qui me permet de m’occuper de mes enfants », affirme-t-elle.


Des vendeurs des poulets braisés viennent également payer les pattes, les têtes, les gésiers et même les boyaux pour les revendre. Ce qui n’est pas le cas pour la pintade. Pour cette race, les jeunes racontent que ces parties sont reversées aux tradi-praticiennes qui les récupèrent pour en faire un traitement pour nouveau-né.


Il y a quelques années, le plumage des poulets était considéré comme des tâches culinaires car la ménagère achetait son poulet au marché et rentrait le plumer à la maison. Aujourd’hui, c’est une activité rentable qui fait le bonheur de bien de personnes non scolarisées. Ainsi, ces nouveaux acteurs de l’informel deviennent incontournables pour les ménages, les rôtisseries et les restaurants.


« Les plumeurs de poulet nous rendent services, pour nous qui habitons en hauteur où le cadre pour abattre l’animal ne s’y prête pas. Aussi, aller tuer un poulet et le plumer devient quelques fois une corvée pour nos enfants ou même pour l’employé de maison », témoigne dame Kouadio, venue acheter son poulet pour le nouvel an. Toutefois, il convient de jeter un regard sur l’environnement dans lequel cette activité est exercée. Un cadre qui laisse à désirer, eu égard aux conditions d’hygiènes déplorables.


(AIP)


bsp/cmas

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