Le ministre des Mines, du Pétrole et de l'Energie, Thomas Camara, a échangé le vendredi 1er avril 2022, au 20e étage de l’immeuble SCIAM, au Plateau, avec les leaders des organisations des consommateurs, sur la hausse du prix du carburant à la pompe, qu’il avait annoncé la veille, c’est à dire le jeudi, au journal de 20h. Le prix du Super passe de 635 Fcfa à 695 Fcfa le litre, soit une hausse de 60 Fcfa, quand le prix du gasoil est maintenu à 615 Fcfa le litre. L’objectif était de leur faire comprendre la complexité de la situation créée en grande partie par la crise entre la Russie et l’Ukraine, et qui survient après une première augmentation observée suite à la reprise de l’économie mondiale au sortir de la crise de COVID-19. Le ministre qui a à ses côtés le ministre de la Communication et des Médias, par ailleurs porte-parole du gouvernement, Amadou Coulibaly, a donné les raisons de cette augmentation et est revenu sur les efforts du gouvernement pour contenir la flambée des cours internationaux du pétrole. Il entendait ainsi donner à ses hôtes le maximum d’informations, de sorte qu’ils puissent eux également les donner avec plus d’aisance aux consommateurs. « De janvier à mars 2022, c’est 55 milliards Fcfa d’efforts que le gouvernement a consentis pour contenir les cours internationaux qui ont augmenté. Et pour le seul mois d’avril 2022, c’est 64 milliards Fcfa que le gouvernement consent pour encore contenir la flambée que nous avons constatée sur les cours internationaux, maintenir le prix du gasoil pour préserver le pouvoir d’achat des populations, et augmenter le prix du Super que de 60 Fcfa, là où il aurait totalement flambé si nous avions appliqué la réalité des prix », a souligné le ministre des Mines, du Pétrole et de l'Energie.
Ghana : Comparaison n’est pas raison
Thomas Camara explique que le gouvernement s’emploie à préserver encore une fois les populations contre ces hausses du cours du pétrole brut. Mais il prévient que l’économie est mondialisée, précisant que la Côte d’Ivoire dépend du pétrole brut international à 95% et qu’elle « n’échappe pas à l’augmentation des cours sur le plan international. » Pour l’heure, le gouvernement est arrivé à maintenir le prix du gasoil, pour préserver les couches sociales défavorisées et il continuera, dans la mesure du possible, à protéger le pouvoir d’achat des populations en contrôlant, en maitrisant ces coûts, les prix des produits à la pompe. « Mais à l’impossible, nul n’est tenu, prévient le ministre. Si les cours continuent d’augmenter, le gouvernement verra en fonction de ce qu’il peut faire comme effort et il avisera. »
Interpellé sur la baisse annoncée au Ghana, Thomas Camara a fait remarquer que malgré cette baisse, le carburant coûte plus cher à la pompe au Ghana qu’en Côte d’Ivoire : « Le prix du Super au Ghana est à 752 Fcfa le litre, là où en Côte d’Ivoire, même après l’augmentation, le prix est à 695 Fcfa le litre. Le prix du gasoil au Ghana, malgré la baisse, est à 818 Fcfa le litre, là où en Côte d’Ivoire, le prix est à 615 Fcfa le litre. » En clair, les coûts au Ghana sont bien plus élevés : de 57 Fcfa/litre pour le Super et de 203 Fcfa/litre pour le gasoil, malgré l’augmentation décidée en Côte d’Ivoire.
« Le gouvernement n’avait pas le choix »
Pour sa part, au nom des associations des consommateurs, le président de l’Union fédérale des consommateurs de Côte d’Ivoire (UFC) et de la Confédération des organisations des consommateurs de Côte d’Ivoire, Jean-Baptiste Koffi a salué le choix du gouvernement de préserver le pouvoir d’achat du plus grand nombre. Il encourage le gouvernement à continuer de subventionner donc les produits pétroliers pour préserver le pouvoir d’achat des consommateurs. « S'il n'y avait pas eu de subvention, on devrait être aujourd'hui à 884 Fcfa/l au lieu de 695 Fcfa/l pour le super. Et à 923fcfa/l au lieu de 615fcfa/l pour le gasoil », précise le président du Conseil national des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire, Marius Comoé Brou.
« Le gouvernement a fait l’effort de contenir les conséquences de cette hausse sur le pouvoir d’achat des consommateurs », a ajouté Jean-Baptiste Koffi qui soutient que « nous sommes à un passage obligé », qu’il y a « des périodes où il y a des sacrifices à faire » et que « le gouvernement n’avait pas le choix ». Mais s’ils admettent que le marché ivoirien est beaucoup plus consommateur de gasoil, les deux leaders des organisations des consommateurs n’ont pas manqué de traduire devant le ministre la préoccupation de ceux qui utilisent le Super et qui subissent régulièrement ces hausses (13% déjà depuis le début de l’année).
Emmanuel Akani