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Société Publié le lundi 11 avril 2022 | AIP

Sans eau potable, sans route ni centre de santé, Sokourala, un village du Tonkpi dans l'isolement (Reportage)

Man, Sokourala, une bourgade de 1 200 âmes, est située dans la sous-préfecture de Sandougoussoba, à environ 40 kilomètres au Nord de la ville de Man, son chef-lieu de circonscription. Localité essentiellement agricole, ce petit village du canton Kâ bénéficie d’une générosité de la nature en plein cœur d’une chaîne de montagnes qui le serpente. Majoritairement peuplé par les Mahou mais également des Yacouba, Sokourala est malheureusement difficile d’accès et confronté à un véritable problème de développement lié au manque d’infrastructures de base. Une visite effectuée dans ce village, jeudi 31 mars 2022, a permis de constater les difficultés que rencontre cette localité qui peine à se construire.


Sokourala, une bourgade isolée et difficile d’accès 


La plupart des villages dans la zone sont difficiles d’accès. La route qui mène à Sokourala, comme bien d’autres, est très peu praticable. Les véhicules s’y engouffrent rarement d’ailleurs. Les populations ont recours plus souvent, aux engins à deux roues pour leur déplacement.


« Nous n’avons pas de bonnes routes qui viennent vers nous ici. Et pourtant, c’est une région très riche en culture pérenne, en culture vivrière », s’est insurgé, le retraité Kalifa Diomandé, un fils du village. A cause de son accès difficile, le village est obligé souventes fois de brader ces produits agricoles, explique-t-il.


Un élargissement et reprofilage lourd de la piste villageoise qui mène à cette localité est souhaité par la communauté qui se dit léser dans le plan de développement dans cette partie du Tonkpi. « Ne dit-on pas que la route précède le développement ? Vivement, que le Conseil régional pense à nous venir en aide », a ajouté le sexagénaire.


Inexistence de centre de santé


L’accès des populations aux soins de santé relève encore d’un calvaire à Sokourala. Le centre de santé le plus proche est distant du village de cinq voire six kilomètres, sur piste. Les malades et leurs parents sont plaident pour que leur souffrance soient allégées par la construction d’un centre de santé rural à Sokourala. « Il n’y a pas de camion par ici, seulement les motos, voyez-vous dans quelles conditions par exemple nous transportons nos femmess en travail et aussi autres cas graves de malades », a poursuivi Kalifa Diomandé.


Par manque d’eau potable, les habitants s’approvisionnent au marigot


Un autre défi à Sokourala, est l'approvisionnement en eau potable. Bien que la région soit beaucoup arrosée par la pluie, il se trouve qu’actuellement se pose avec acuité, le problème d’eau. Vu l’augmentation de la population, l’unique pompe villageoise dont dispose la communauté ne suffit plus pour combler les besoins des habitants. Conséquences, les ménages se tournent vers le marigot pour la cuisson et pour les autres besoins.


Selon Kalifa Diomandé, pour s’approvisionner en eau, les villageois sont obligés d’affronter les montagnes. « Pour nous approvisionner en eau, nous sommes obligés d’aller à nos anciennes sources. Et comme vous voyez, la région est très montagneuse. Prendre l’eau et monter avec ça jusqu’au village, c’est vraiment pénible », a-t-il relevé.


Les fonctionnaires affectés dans le village éprouvent d'énormes difficultés face au problème d'eau. « Les maîtres sont logés dans des conditions peu reluisantes. On boit l’eau de marigot ici, cela fait qu’on ne peut pas venir avec nos familles », relate un instituteur à l’école primaire du village, Bamba Karamoko. « Même ici à l’école, il arrive que les élèves éprouvent l’envie de boire l’eau et cela un calvaire pour tous parce qu’il n’existe pas de point d’eau. Des fois, c’est chez les maîtres qu’ils vont boire alors que tous, nous nous cherchons », ajoute-t-il.


La communauté villageoise plaide auprès des autorités pour que d’autres pompes soient réalisées dans le village pour résoudre le problème d’accès à l’eau potable.


Encore les ténèbres dans les domiciles, seules les rues électrifiées


Connecté à l'électricité en décembre 2021, Sokourala se réjouit de voir ses rues vaincre les ténèbres, la nuit tombée. Toutefois, la population est impatiente de voir se réaliser le raccordement de leurs maisons et bénéficier des bienfaits du courant électrique.


Des niches électriques y sont visibles à tous les coins de rue mais l’attente semble s’éterniser. « Depuis que nous sommes connectés au réseau national, les lampadaires s’allument mais aucune maison n’a encore de l’électricité. Et ça, c’est un fait que nous voulons porter à l’attention des autorités pour qu’ils nous aident afin que chaque ménage ait de l’électricité à la maison », lance Kalifa Diomandé.


Cette situation ne facilite non plus le travail des instituteurs de Sokourala. Elles plaident auprès des autorités éducatives afin que les démarches soient entreprises pour qu'ils puissent bénéficier de l'électricité à domicile et faciliter leur quotidien.


Une école de trois classes à la traine, sans cantine et des parents qui déscolarisent les enfants


« Ici, cette année scolaire 2021-2022, nous avons un effectif de 135 élèves. Au départ, on avait jusque 140 mais au fur et à mesure que l’année scolaire avance, il y a des déscolarisés du fait des parents eux-mêmes », explique l’adjoint au directeur de l’école, Bamba Karamoko.


A l’école primaire de Sokourala, de vieilles pratiques continuent de gagner le terrain. La politique d’Ecole gratuite prônée au profit des enfants de six à 16 ans n’est pas tout à fait effective dans cette contrée. L'instituteur indique qu'il est régulier d'assister au retrait d'élève de l’école parce que sa maman est souffrante et qu’il n’y aura personne d’autre qui pour s’occuper de l’enfant. « C’est malheureux et pourtant c’est ce à quoi nous sommes confrontés ici », regrette l’instituteur.


Les enseignants expliquent aussi que par manque de cantine, des enfants abandonnent les cours pour rejoindre leurs parents au champ afin de trouver de quoi manger à la mi-journée.


« Comme vous le constatez, on n’a vraiment pas d’effectif, 130 élèves, c’est insignifiant! Il y a beaucoup d’enfants qui ont l’âge d’aller à l’école qu’on voit trainer dans le village », déplore le maître.


L’école primaire de Sokourala est constituée de trois classes avec tous les niveaux. L’insuffisance de salles de classe a conduit les maîtres à procéder à un jumelage des niveaux. Un seul instituteur tient deux classes. « Et cela n’est pas fait pour faciliter les choses parce que des fois, nous sommes obligés de léser un niveau », soutient M. Bamba qui tient les classes de cours élémentaires (CE1 et CE2). Au niveau des élèves des cours préparatoires (CP1 et Cp2), le désavantage est préjudiciable pour les élèves du CP1, relève l’instituteur expliquant que « les enfants avancent comme ça, sans avoir les connaissances de la classe antérieure ».


La communauté villageoise, tout en remerciant le conseil régional du Tonkpi pour la réhabilitation des trois classes, appelle au secours le gouvernement qui a promis la construction d’un nouveau bâtiment de trois classes. Elle sollicite aussi la construction d’un collège de proximité dans la localité afin que les enfants ne soient pas obligés d’aller loin, à Biankouma ou à Man.


Un village non connecté au réseau mobile 


Le réseau mobile ne passe pas. Les habitants doivent chercher des endroits où le réseau s’affiche par chance pour émettre ou recevoir des appels. « Il y a des événements qui se produisent ici et que nous sommes dans l’impossibilité d’informer ou de nous informer. Parfois, il faut se déplacer jusqu’au village voisin situé au niveau de la grande voie bitumée, dans le village de Mangouin, avant d’avoir le réseau », insiste Kalifa Diomandé. « Nous demandons aux opérateurs de téléphonie mobile de venir implanter leur service pour que nous arrivons à communiquer avec le reste du monde facilement », dit-il.


Un peuple résilient


Malgré tout, la communauté avec son ardeur au travail assure à Sokourala un avenir prometteur grâce aux énormes potentialités agricoles disponibles. Le vivrier donne vie à la communauté et assure le minimum vital. D’importantes quantités de marchandises sortent de la localité pour alimenter les marchés de la région. Certes, le développement de la localité bat de l’aile mais les populations continuent de croire aux efforts conjugués des cadres de la région et du gouvernement à désenclaver totalement Sokourala pour qu’enfin, leur quotidien s’améliore significativement par l’accès aux services essentiels dont les infrastructures sanitaires, l'accès à l'eau potable et à l'électricité.


(AIP)


ebd/cmas

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