(Interview réalisée par Tiémélé Danielle Niengninri)
Abidjan, Le président de la Fédération des associations de consommateurs de Côte d'Ivoire (FAC-CI), Yves Aka, plaide pour une intervention à durée illimitée de l'Etat dans le processus de fixation des prix, comparativement à la mesure de plafonnement décidée par le gouvernement depuis le 9 mars 2022 et qui ne peut être appliquée que sur six mois.
AIP:Les mesures prises par le gouvernement répondent-elles aux préoccupations des consommateurs dans le cadre de la lutte contre la vie chère?
Yves Aka: Je voudrais tout d'abord remercier notre gouvernement avec à sa tête le Président de la République (Alasane Ouattara) et son Premier ministre (Patrick Achi) pour les efforts tant dans le mode de gestion de la crise sur la cherté de la vie en Côte d'Ivoire ainsi que par rapport aux décisions qui sont déjà prises et celles à venir. Comme, j'ai l'habitude de le dire, la vie chère est une question délicate, complexe pour laquelle une prétention de solution définitive ne saurait qu'être une leurre , une tromperie vis à vis des populations.
C'est une question dont les causes sont à la fois endogènes et exogènes. Par conséquent, les solutions d'hier et d'aujourd'hui n'empêchent pas la résurgence de demain. Toutefois, il est honnête de reconnaître d'une part que les solutions proposées et en exécution par notre gouvernement sont adéquates en partie, vu l'urgence. Il s'agit notamment de l'option du plafonnement des prix opéré dans le domaine alimentaire notamment les riz, les pâtes alimentaires, la tomate concentrée, les laits de grandes consommation, l'huile de palme raffinée, le sucre, la viande, le poisson faux thon.
Cette mesure de plafonnement vient stopper un tant soit peu la flambée des prix. Aussi, l'Etat a-t-il été courageux en exigeant désormais une autorisation préalable à l'exportation de certains produits vivriers de grande consommation notamment la banane plantain, le manioc et dérivés (attiéké , placali...) afin de garantir la desserte des marchés intérieurs.
D'autre part, nous sommes un peu sceptiques dans la mise en exécution de toutes les mesures annoncées. En effet, il faut comprendre que le plafonnement ou le blocage de prix est l'une des exceptions au principe de liberté des prix adopté sous l'empire de la Loi 91-999 du 27 décembre 1991 relative à la concurrence, modifiée par l'Ordonnance 2013- 662 du 20 septembre 2013 relative à la concurrence en ses articles 2 et 3. Le plafonnement est une mesure exceptionnelle qui ne peut durer que six mois.
AIP: Que preconisez-vous vous pour pallier les insuffisances?
Yves Aka: Nous militons plutôt pour l'application du 2ème mode de fixation exceptionnelle de prix prévue par la Loi. En l'occurence l'homologation ou la réglementation de prix qui permet à l'Etat d'intervenir pour une durée illimitée de prix fixés. Et cette volonté de réglementation adoptée en conseil des ministres du 09 mars 2022, nous attendons fermement l'application de cette mesure pour une protection durable des intérêts des consommateurs.
AIP: Les associations de consommateurs notamment celles que vous dirigez ont-elles joué un rôle dans la fixation des prix?
Yves Aka : Oui bien sûr, nous, organisations de consommateurs, avons participé à la prise des décisions ayant abouti à la fixation des prix plafonnés et à homologuer. Outre les rencontres régulières avec le directeur général du commerce intérieur et le secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre la vie chère sur le sujet de la vie chère, j'ai été signataire, le 17 février 2022, de notre courrier de saisine de la Commission de la concurrence en tant que Vice-président de Koffi Jean-Baptiste au niveau de la Confédération des organisations de consommateurs de Côte d'Ivoire (COC-CI) où nous avons demandé à l'Etat d'élargir la liste des produits et services dont les prix sont homologués ou réglementés. Et nous avons réaffirmé notre volonté devant le Premier ministre Achi Patrick, à l'occasion de l'audience à nous accordée jeudi 24 février 2022.
AIP: Quels sont les efforts entrepris en tant que fédération pour aider le gouvernement dans cette lutte?
Yves Aka: En tant que fédération d'organisations de consommateurs, il faut comprendre que nous faisons du bénévolat dans l'accompagnement d'une mission d'intérêt général et d'utilité publique. Nos efforts se résument et se limitent donc là où nos faibles moyens surtout financiers nous permettent d'être à savoir relayer sur nos canaux de communication notamment les réseaux sociaux. Nous prenons part à certaines réunions de prise de décisions dans les cadres d'échange. Nous foulons aussi le terrain pour constater la réalité et informer les autorités compétentes et les consommateurs. Nous animons sur notre page Facebook, une émission d'éducation du consommateur intitulée "À l'école des consommateurs".
AIP: L’Etat a certainement joué sa partition, quelles peuvent être les contributions des consommateurs eux-mêmes dans la lutte?
Yves Aka : C'est pour aider les consommateurs lambda dans chaque localité à assumer et assurer leur responsabilité que nous avons institué sur notre page Facebook, l'émission "À l'école des consommateurs", pour assurer l'éducation et la formation des consommateurs et surtout les informer des mesures prises par l'Etat et leur part de responsabilité. Aujourd'hui, il faut chaque consommateur sache qu'en face de nos droits et intérêts fondamentaux, nous avons des obligations qui constituent notre responsabilité, il s'agit des obligations d'être averti (s'informer), d'être actif (agir), d'être socialement et écologiquement responsables (éviter le désordre) et surtout, d'être solidaires. C'est dans la solidarité avec l'Etat que nos parviendrons à faire respecter les prix plafonnés en surveillant ensemble le marché. Il faut signaler, dénoncer chaque opérateur économique fraudeur auprès des directions régionales du commerce.
AIP: En dépit des mesures, l’on assiste encore à des augmentations de prix, à l’instar du pain et de la viande qui changent au gré des bouchers, quelles actions comptez-vous mener pour ces situations?
Yves Aka: Pour les prix non respectés, nous demandons à nos représentants locaux de nous contacter au 0707728121 ou de contacter les directions régionales du commerce dans chaque localité. D'ailleurs, pour faciliter notre mission, la FAC-CI procède à une implantation territoriale de ses membres dans toutes les localités de Côte d'Ivoire. Nous demandons aux volontaires de nous joindre au contact indiqué plus haut ou sur notre page Facebook.
AIP: Pourriez-vous revenir sur quelques actions fortes menées par la Fédération en faveur des consommateurs?
Yves Aka: Nous remercions l'AIP pour l'opportunité qu'elle nous a offerte pour nous exprimer. En effet, le citoyen lambda pense qu'une organisation de consommateurs est une structure publique de l'Etat donc ayant un budget de l'État. Donc, l'on nous critique sévèrement sans savoir que c'est du pur bénévolat que nous faisons. Avec nos maigres moyens, nous avons obtenu quelques résultats positifs. Nous avons pu favoriser l'arrivée des premiers bus à Bingerville, arrêter le paiement exhorbitant des services de sabot au Plateau, permettre le paiement échelonné sur un an des factures d'électricité en 2916-2017, protester contre l'augmentation du prix de la baguette de pain annoncée le 24 décembre 2021 pour s'appliquer le 15 janvier 2022 à 315 Francs CFA au lieu de 150 Francs CFA.
Actuellement, nous avons suggéré et obtenu l'implication de l'Etat dans la fixation des prix des produits de première nécessité et de grande consommation. La FAC-CI a dénoncé la suspension du contrôle périodique des instruments de mesure depuis 2019 et obtenu la reprise de cette activité par le ministère du Commerce depuis le 05 avril 2022. Chaque jour, nous répondons aux plaintes des consommateurs dans tous les domaines où leurs droits et intérêts sont violés. Protéger et défendre les droits et intérêts des consommateurs, c'est notre raison d'exister et nous le faisons avec passion, comme un sacerdoce.
(AIP)
tad/cmas
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Un gang spécialisé dans le vol par effraction dans les domiciles interpellé (DGPN)
Abidjan, 13 avr 2022 (AIP) - "La direction de la police criminelle vient de démanteler un redoutable gang spécialisé dans le vol par effraction dans les domiciles et les commerces", annonce la Direction générale de la Police nationale (DGPN) dans un communiqué publié mercredi 13 avril 2022 sur sa page Facebook.
Ce gang composé de six individus a sévi dans les communes de Cocody et de Bingerville. Le chef de ce gang est le nommé A.D alias Defao, 24 ans, le cerveau est le nommé, B.A 45 ans, repris de justice.
Pour réussir ses forfaits, B.A. se fait d’abord passer pour un chef de chantier, ce qui lui permet de repérer le domicile des victimes pour faciliter les attaques. Le gang est composé des nommés
D.M. 42 ans, repris de justice se disant commerçant, O.Y. alias Yaro, 23 ans, également repris de justice, se disant aussi commerçant, DM alias Levieux, 18 ans, sans emploi et D.A., 18 ans, sans emploi. Tous ont reconnus avoir perpétré plusieurs attaques avec le chef de gang.
Le dernier forfait s’est produit dans la nuit du 19 au 20 mars lorsque quatre individus, tous armés de machettes, ont attaqué le domicile d’un Administrateur des services financiers, commandant des Douanes à Cocody Riviera. Au cours de cette attaque, les quidams précités ont emporté l’arme de dotation du commandant, ses deux téléphones portables, son ordinateur portable et sa tablette.
"Suite à cette attaque, ce dernier a porté une plainte à la Direction de la police criminelle. Aussitôt, une enquête menée a permis l’interpellation du nommé A.D alias Defao, 24 ans, chef de gang et ses complices", poursuit le texte. Plusieurs saisies ont été faites dont deux pistolets automatiques, deux téléphones, trois blocs de cannabis, 40 munitions de 9 mm.
(AIP)
cmas