Des chefs d'États africains, Macky Sall (Sénégal) et Mohamed Bazoum (Niger) et le vice-président ivoirien, Tiémoko Meyliet Koné ont donné des pistes de réflexions face aux crises climatiques, alimentaires et sécuritaires auxquelles sont confrontés l'Afrique en général.
Ces interventions ont été faites lors d'un panel présidentiel ce mardi 14 juin 2022 au Sofitel Hôtel Ivoire en marge de la 8ème édition de l'Africa CEO Forum à Abidjan tenu sur deux jours (13 au 14 juin) à Abidjan.
Prenant la Parole, le chef de l'État Sénégalais Macky Sall a indiqué que la monoculture en Afrique constitue un frein pour le développement et l’industrialisation de nos cultures. Selon lui, le sol s’appauvrit et se dégrade à cause de son exploitation sans engrais. À en croire le président sénégalais, la crise Ukraine-Russie ne favorise pas l’exportation de produits tels que l’engrais et le blé. Ce qui accentue le taux famine. C'est pourquoi il a exhorté les États africains à trouver des mécanismes pour importer ces produits de premières nécessités. Comme l’ont fait les pays européens face à la non exportation du gaz Russe. Ils ont trouvé un mécanisme face aux sanctions prises par certains États contre la Russie.
Abordant le chapitre du changement climatique, le Président Macky Sall a présenté ses attentes pour la Cop 27 qui se tiendra en Égypte. « Nous nous attendons à une justice climatique qui tienne compte de nos réalités, de nos besoins, de la création d'emplois. C’est mon espoir pour la Cop 27. Et je pense qu’on y arrivera », espère-t-il. Pour le chef de l’État sénégalais, la Cop 27 est un rendez-vous important qui se tient en Afrique à un moment où l’on parle de transition énergétique. « Nous polluons moins de 4%. L’Afrique s’est, malgré tout, engagée contre le réchauffement climatique. Au Sénégal, nous avons 31% d’énergies renouvelables. C’est inadmissible d’interdire les énergies fossiles. Ce serait signer notre arrêt de mort. Il faut qu’on permette au continent d’exploiter ses ressources. Que ceux qui exploitent depuis un siècle nous l’interdisent relève d’une injustice » a martelé Macky Sall.
Le Président du Niger a expliqué les difficultés que rencontre son pays dont l’insécurité alimentaire. Selon Mohamed Bazoum, quatre millions de Nigériens sont en insécurité alimentaire. Ce qui conduit l’Etat nigérien à se lancer dans une phase de distribution de céréales aux familles pauvres. Il a par ailleurs donné les raisons de cette situation. « Le Niger est un pays sahélien. Une bonne partie de son territoire n’est pas propice à l’agriculture. Ce n’est que dans la bande sud que la terre est cultivable. En outre, le pays est confronté à une faible pluviométrie. À cela s’ajoute le terrorisme, la pandémie de la Covid-19 et la guerre et Ukraine qui contribuent à rendre chère les prix des denrées alimentaires et à accroître les difficultés d’approvisionnement en céréales.
De la lutte contre le terrorisme, le Chef de l’État du Niger a insisté sur le fait que l’une des solutions envisagées et mises en œuvre par son pays, est la promotion d’une gouvernance qui rend les institutions solides et stables. Même s’il confesse que l’appui aux forces de défense n’est pas non plus à négliger. Mohamed Bazoum a aussi expliqué que son pays s’est engagé à faire en sorte que sa jeunesse soit démobilisée relativement au terrorisme. Car, « les jeunes ne suivent pas les terroristes par conviction ou par idéologie. » a-t-il soutenu.
Le vice-président de Côte d‘Ivoire, Meyliet Koné Tiémoko, a, quant à lui, appelé à la maîtrise de la production vivrière saisonnière en vue de remédier à l’insuffisance alimentaire en Afrique. « La production vivrière est assez importante en Côte d’Ivoire même si nous n’avons pas encore atteint l’autosuffisance alimentaire », a-t-il assuré.
A l’en croire, l’atteinte de l’autosuffisance pour une sécurité alimentaire ne sera possible que si plusieurs facteurs sont pris en compte dans la gestion des productions agricoles, notamment la saisonnalité.
« Le problème c’est la saisonnalité. Elle doit être maîtrisée pour qu’il y ait une disponibilité à tout moment, c’est-à-dire qu’il faut maitriser, un certain nombre de facteurs de production pour que cette production soit beaucoup plus constante dans le temps pour permettre une consommation sur une longue période », a-t-il indiqué.
Tiémoko Meyliet Koné a réaffirmé l’engagement et les actions déjà en cours, initiées par le Gouvernement ivoirien. Et cela, à travers divers programmes, pour l’atteinte de cette autosuffisance alimentaire au profit des populations.
Les différents intervenants ont appelé à une synergie d’actions en vue de doter l’Afrique en général et la sous-région en particulier en particulier les pays du Sahel de moyens de productions pérennes. Afin de garantir une sécurité alimentaire, tout en palliant les crises d’ordre climatique.
Bien avant, Makhtar Diop, Directeur Général de la Société financière internationale (IFC) a indiqué que les questions qui ont été abordées pendant ces deux jours de réflexions permettront au continent d'amortir les chocs du futur.
Cyprien K.