A l’occasion de l’édition 2022 de la Journée Internationale des Veuves (JIV), célébrée ce samedi 25 juin, à Williamsville sur fond de formation, plusieurs centaines de femmes ont été instruites sur leurs droits et ce qui leur revient après la disparition de leurs époux.
Organisée par la Fondation Internationale Veuves d’Afrique Kissah Koné (FIVAKK), autour du thème : « quelle politique de protection sociale et de soutien pour les veuves en Côte d’Ivoire ? », la commémoration de la JIV 2022 a été l’occasion d’inculquer à ces femmes ce que le droit ivoirien prévoit pour elles dans le cas d’espèce, d’une part et de l’autre inviter les pouvoirs publics à faire de la question une priorité nationale.
Selon Soumahoro Assanata, chef du département des droits de la femme, de l’enfant, des personnes vulnérables et du droit de solidarité au Conseil National des Droits de l’Homme, le droit ivoirien à l’instar du droit international prévoit la protection des femmes veuves.
« Chères mamans, chères sœurs qui malheureusement avez perdu vos maris, votre soutien au quotidien, vous n’êtes pas seules. L’Etat a mis en place des institutions pour vous accompagner et vous soutenir pour que vous ne sentiez pas la douleur. La Côte d’Ivoire ayant ratifié la charte africaine des droits de l’homme et des peuples se doit de prendre les mesures légales appropriées pour s’assurer que la veuve jouisse de tous les droits humains, qu’elle ne soit soumise à aucun traitement humiliant et dégradant, qu’elle devienne d’office la tutrice de ses enfants, et enfin qu’elle ait le droit de se remarier à l’homme de son choix ».
Sur le droit de la succession, elle a tenu à préciser que c’est seulement dans le cas où les conjoints avaient contracté le mariage devant un maire que la veuve reçoit une part équitable des biens et jouit du droit de rester dans le domicile conjugal après le décès de son époux. Les ayants droits et la veuve perçoivent alors ‘’la pension de réversion’’ (somme qui représente la moitié de la pension que devait percevoir le défunt).
Principalement pour les ex-travailleurs du privé, il faudrait que le mariage devant les autorités municipales ait été formalisé depuis 2 ans au moins. C’est seulement à cette condition que ladite pension est reversée.
« Ni la dot, ni le mariage religieux ne confère juridiquement la qualité de femme mariée, impliquant de fait la non-éligibilité de ces dernières parlant d’héritage ou de pension de réversion. Aucune décision n’est prise dans ce cas d’espèce pour leur venir en aide afin de leur permettre une meilleure condition de vie. Notre devoir en tant qu’ambassadrices des veuves est de tirer la sonnette d’alarme sur cet état de fait », s’est offusqué Kissah Koné, fondatrice et présidente de la FIVAKK.
Quant à Ago Ebenezer, inspecteur général du ministère de l’emploi et de la protection sociale, représentant le ministre Adama Kamara, il a tenu à rassurer sur la ferme volonté du gouvernement ivoirien à apporter des solutions aux différents maux qui minent cette frange de la population : « Des efforts continuent d’être consentis pour accroître le bien-être et l’épanouissement des veuves et je ne doute pas de la détermination de tout l’ensemble du gouvernement et plus particulièrement du ministère de l’emploi et de la protection sociale ».
Il a par ailleurs invité les veuves à s’inscrire dans les projets et mécanismes proposés à ce stade par l’Etat ivoirien à savoir le Fonds d’Appui à l’Autonomisation de la Femme (FAFCI), la Couverture Maladie Universelle (CMU), le Régime Social des Travailleurs Indépendants et les centres sociaux du MEPS qui selon lui, aideront assurément à leur redonner le moral.
Sensibilisant les veuves venues en grand nombre à cette célébration sur leurs conditions de vie, la psychopédagogue Odile Pohan, a tenu à relever qu’être veuve n’est ni un délit ni une fatalité.
Pour elle, certaines veuves se retrouvent aujourd’hui dans une situation difficile parce qu’elles n’ont pas réussi du vivant de leurs époux à s’émanciper économiquement.
Il faut noter que la Fondation Internationale Veuves d’Afrique a moins de deux ans d’existence, mais elle a à son actif plus de mille femmes enregistrées, formées et soutenues.
Elle travaille d’une part à faire reconnaître le droit des veuves en Côte d’Ivoire et de l’autre à leur réinsertion socio professionnelle en les formant sur comment mettre sur pied et maintenir une activité génératrice de revenus.
PR