SITARAIL (Société de Transport Africain par Rail), filiale du groupe AGL (Africa Global Logistics) opère le réseau ferroviaire reliant la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso depuis 1995. Nadège DIARRA, Directrice commerciale de SITARAIL, précise dans cette interview, le rôle majeur du rail dans l’approvisionnement de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso en produits agropastoraux et intrants agricoles, et son impact économique et social en Afrique de l’Ouest.
SITARAIL a participé, du 29 septembre au 8 octobre 2023, au Salon international de l’Agriculture et des Ressources Animales (SARA), à Abidjan. Quels sont les enjeux de cette participation ?
En tant qu’entreprise qui gère la ligne de chemin de fer entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, SITARAIL joue un rôle essentiel dans l’approvisionnement des 2 pays en intrants et produits agropastoraux. C’est fort de cela que SITARAIL participe au SARA 2023, aux côtés des autres filiales du Groupe AGL en Côte d’Ivoire. Avec plus de 300 000 acteurs du secteur agricole de 30 nationalités présents, l’évènement nous a offert un cadre idéal pour promouvoir notre savoir-faire et de notre contribution au développement du secteur agricole porteur de richesse pour nos Etats. Notre présence se justifie aussi par notre volonté de participer aux débats liés à la durabilité de l’agriculture, des chaines logistiques agricoles, mais également de nous ouvrir davantage, pour créer et renforcer des partenariats efficients régionaux et internationaux avec les acteurs agricoles du continent.
Quelle est la contribution du rail au développement du secteur agricole et pastoral entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ?
Le rail est un maillon essentiel du développement du secteur agropastoral en ce sens qu’il connecte le monde rural et paysan, zone de production par excellence, aux différents marché, facilitant ainsi l’écoulement des produits agricoles et l’acheminent des intrants.
A titre illustratif, en 2021, SITARAIL a transporté, du Burkina Faso vers la Côte d’Ivoire, 80 118 tonnes de produits agropastoraux, notamment les animaux vivants (bovins et caprins) et 77 003 tonnes dans le sens inverse.
En 2022, ce sont 91 139 tonnes de produits agricoles et intrants, essentiellement composés de riz, blé, coton, anacarde, sésame, karité, soja, souchet, hibiscus, bétail et engrais, qui ont été acheminés de la Côte d’Ivoire vers le Burkina Faso et près de 60 000 tonnes dans le sens inverse. Ce sont donc, au total, plus de 370 000 tonnes de produits agropastoraux et intrants agricoles qui ont été acheminés par rail entre nos deux pays, de 2021 à aujourd’hui.
Au-delà de l’agriculture, quel est l’apport du rail dans l’économie du Burkina Faso ?
De par sa spécificité, SITARAIL occupe une place importante dans la vie économique du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et de l’hinterland, notamment par son rôle dans la chaîne d’approvisionnement et son impact sur la performance des plateformes logistiques multimodales, à savoir les ports secs de Bobo Dioulasso et de Ouagadougou, ainsi que les terminaux maritimes d’Abidjan. Cette interconnexion directe constitue une véritable opportunité pour les acteurs de l’import-export et les opérateurs économiques du Burkina Faso.
SITARAIL transporte en moyenne 1 000 000 de tonnes de fret par an, soit près de la moitié des flux commerciaux sur le corridor Ouagadougou – Abidjan. Son parcours, en pleine campagne, facilite l’écoulement des produits locaux de plusieurs zones enclavées, contribuant ainsi au développement des économies locales. 30% des approvisionnements en hydrocarbures et 50% du trafic conteneur vers le Burkina Faso sont assurés par SITARAIL.
À travers des embranchements particuliers, l’entreprise dessert une quinzaine de sociétés industrielles au Burkina Faso, faisant du chemin de fer, un vecteur important du développement industriel du Burkina Faso. Outre les contributions fiscales, SITARAIL paye chaque année, en moyenne 10 milliards de FCFA aux prestataires et fournisseurs locaux.
Quelles sont les innovations entreprises par SITARAIL pour accroître ses performances, afin de mieux contribuer à l’approvisionnement en produits et intrants agricoles de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso ?
SITARAIL investit énormément dans la modernisation de ses équipements, afin d’accroitre sa compétitivité. Dans le cadre de la maintenance du matériel ferroviaire, SITARAIL met en œuvre, depuis 2019, un vaste programme de renforcement et de modernisation de ses ateliers. D’un coût global de plus de 3 milliards de FCFA, cet investissement a permis les acquisitions et installations d’équipements neufs et modernes dans les ateliers de wagonnage, de matériels roulants et moteurs de Bobo Dioulasso et d’Abidjan, afin de renforcer ses outils de maintenance pour un trafic ferroviaire plus performant et sécurisé.
Courant 2022, nous avons acquis une nouvelle bourreuse-dresseuse-niveleuse moderne. Cet équipement de dernière génération, qui a coûté plus de 2 milliards de FCFA, permet une cadence de traitement des traverses plus accrue, ainsi qu’une meilleure précision lors des opérations de maintenance de la voie ferrée.
Parallèlement aux acquisitions de matériels de travail, SITARAIL investit dans le renouvellement des ouvrages ferroviaires. C’est le cas par exemple du pont ferroviaire d’Agboville, en Côte d’Ivoire, qui a été entièrement remplacé par un ouvrage neuf en août 2022.
En somme, avec tous les investissements réalisés dans pour la maintenance et l’acquisition d’équipements neufs, notre entreprise pourra assurer au mieux la logistique des produits agricoles entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
Quelles sont les perspectives de SITARAIL dans le transport des produits agricoles en moyen et long terme ?
Avec l’implication des Etats et autres partenaires, SITARAIL et le groupe AGL sont dans une dynamique de trouver des solutions de financement à travers un nouveau programme d’investissement qui va accroître les performances de notre réseau et, par conséquence, augmenter notre offre de transport dont celui des produits agropastoraux.
En tout état de cause, SITARAIL réaffirme son engagement et sa volonté de continuer à travailler, avec États du Burkina Faso et de Côte d’Ivoire, au développement du secteur ferroviaire et à la promotion de son rôle économique et social dans la sous-région ouest-africaine.
An