Bouna (AIP) - Des populations à Syalèdouo, dans la sous-préfecture de Ondéfidouo (département de Bouna, région du Bounkani) ont désavoué leur chef et ont fait allégeance à un autre, ce qui a engendré un bicéphalisme au sein de la chefferie de cette localité du Nord-Est ivoirien.
Les germes du conflit
Dans une investigation menée par l’AIP en septembre et octobre 2023 dans cette localité, de nombreuses personnes interrogées ont affirmé se reconnaître en Kambou Sié dit Goro, un habitant du village qu’une grande frange de la population considère comme le chef du village.
Les raisons d’un tel basculement prennent leurs sources, selon la population, dans l’inconduite exagérée et à répétition du chef du village, le patriarche Dah Kilété, en qui certains disent avoir retiré leur confiance.
Des habitants du village disent reprocher au chef Kilété, son addiction à l’alcool, devenue alarmante ces dernières années. Ce qui le rend ridicule en plublic et devant des officiels, regrettent-ils. Autre fait, il aurait commis l’adultère et se refuse encore de faire les sacrifices prévus en la matière pour épargner le village du grand malheur qui le guette du fait de cette inconduite.
’’Au regard de ces graves dérives, nous avons tenu en décembre 2022, une grande réunion publique au cours de laquelle nous avons dit au chef Kilété, qui est notre oncle, de permettre que son neveu Kambou Sié dit Goro puisse être à ses côtes pour améliorer l’image des choses et l’aider à redresser la gestion du village, ce qu’il a refusé catégoriquement’’, a indiqué Dah Gnintité, un habitant du village.
Cet habitant signale que c’est depuis ce jour que le chef Kilété a été ’’désavoué ’’ par la grande majorité de la population. Tous les membres de son bureau, ainsi que les chefs de quartier ont décidé de faire allégeance à Kambou Sié dit Goro, vu comme leur nouveau chef.
La réaction du chef désavoué
Selon le chef Dah Kilété, il reste conscient du fait que tout son bureau l’ait quitté pour Goro et que la majorité de la population soit derrière ce dernier. Toutefois, il soutient demeurer le chef du village de Syalèdouo, une fonction qu’il assumera jusqu'à son dernier souffle. De ce fait, il ne permettra pas à quiconque de le déchoir.
’’Je suis chef de ce village depuis 2004, tout ce que l’on vous raconte à mon sujet ne sont que des histoires. Je ne laisserai pas ce pouvoir puisqu'il m'a été légué de droit selon les us et coutumes du pays Lobi’’, a tranché Dah Kilété.
Les regards tournés vers l'Administration pour une solution consensuelle
Ce bicéphalisme intervient à un moment où l’Administration s’apprête à procéder aux consultations populaires, comme l’exige les textes, en vue de délivrer l’Arrêté de nomination au chef du village. Une épine pour le sous-préfet de la circonscription qui veut faire intervenir la cour royale de Bouna pour le règlement pacifique de ce bicéphalisme, avant d’entamer les consultations populaires.
Cependant pour certains observateurs, cette option pourrait mettre le feu aux poudres poudres car des habitants souhaitent un règlement entre Lobi, et non un règlement avec l’implication d’une autre communauté.
Pour l’heure, les partisans de chaque chef se regardent en chien de faïence, ce qui impacte considérablement sur la cohésion sociale et les activités économiques de la zone.
La localité de Syalèdouo doit être au centre des attentions dans la perspective d’un dénouement heureux de cette situation, afin de faire éviter un autre conflit sanglant à la région du Bounkani, une région qui a déjà subi un conflit intercommunautaire qui a fait plus de 300 morts et près de 2000 déplacés internes, en 2016.
(Par Oulaï K. Natem)
(AIP)
on/cmas