Et c’est fini ! Ce pourquoi tout le peuple ivoirien, dans sa frange la plus importante, à savoir la jeunesse, et les pouvoirs publics s’étaient mobilisés depuis 2014, à coup d’investissements humains, de discours enflammés, de chaudes discussions et d’espèces sonnantes et trébuchantes. La Can 2023 est désormais derrière nous. Comme quoi, aucune échéance n’est fixée dans l’éternité. Bref.
A l’heure du bilan, avouons-le, ça n’a pas été un long fleuve tranquille pour le pays et surtout pour le comité d’organisation piloté par le maire de Treichville, François Albert Amichia. D’ailleurs, ce dernier n’est arrivé au Cocan qu’au mois de juin 2021, à la suite d’un décret du Président Alassane Ouattara signé le 14 juin et qui faisait de lui le nouveau patron du Comité d’organisation. Il remplaçait Lambert Feh Kessé. Ce dernier était en poste depuis la création du comité, le 7 juin 2018, par décret et sur proposition de la Fédération ivoirienne de football (Fif) et du ministère des Sports.
Le conflit Danho-Kessé et l’avènement d’Amichia
C’est que l’on avait l’impression que le comité d’organisation faisait du sur-place. Bien que le président Lambert Feh Kessé et son équipe abattaient un gros travail, personne ne le savait. Le Cocan 2023 était un bois sacré. Puis est née une crise entre le ministre des Sports, Paulin Claude Danho et le président Feh Kessé. Danho voulait les manettes du comité d’organisation et il a fini par les avoir.
Mais le Président Ouattara va trancher, en prenant à contre-pied les antagonistes. Pas de Feh Kessé, pas de Danho, il opte pour un homme neutre. C’est là que le maire de Treichville est entré en jeu. Lui qui connaît bien le dossier de la Can 2023 et dont le destin est lié au sport-roi. Un manager au tempérament plutôt calme qui plaît bien au Chef de l’État qui l’avait nommé au département des Sports et Loisirs, le 13 mai 2015, pour calmer, à l’époque, les esprits qui s’échauffaient dans ce ministère.
Comme en 2015, Alassane Ouattara sollicite à nouveau François Amichia pour étouffer le volcan qui bouillonnait au Cocan. Malgré les crocs-en-jambe et autres actes d’humiliation qui empêchaient le Cocan d’attester la conformité des installations avec celles demandées par la Caf et la Fifa, le maire de Treichville est resté droit dans ses bottes.
Alassane Ouattara voulait une fête qui va marquer les esprits. Il n’a pas porté son choix par hasard sur François Amichia. Ce dernier a dirigé, à deux reprises, le département des Sports du pays. Amichia a vécu plusieurs Coupes d’Afrique des nations comme ministre des Sports et comme président des supporters de Côte d’Ivoire.
Fort de ces expériences, il savait ce que c’est qu’organiser cette grande fête populaire de football. Avec son comité, il a travaillé sans relâche. À moins de 100 jours du coup d’envoi de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des nations 2023 (Can), le Cocan avait présenté ses réalisations et les actions à venir. La Côte d’Ivoire était prête quatre mois avant le coup d’envoi. C’était du jamais vu. Pour la première fois, la Caf et le pays hôte ont signé le Host-agreement, un an à l’avance. Doucement, mais sûrement, le Cocan a bâti le succès de l’organisation, avec du personnel de qualité. Des jeunes filles et garçons du pays que l’on pourra compter dans l’héritage de cette compétition. Au même titre que les infrastructures construites ou rénovées. Le Cocan 2023, avec des hommes de confiance tels que Moumouni Sylla, directeur exécutif, ont placé le curseur de la Can très haut.
La Côte d’Ivoire a apporté de nombreuses innovations à la compétition de la Caf. Entre autres les terrains d’entraînement des équipes. Il y avait 24 équipes et chacune avait un terrain dédié. Là où, par le passé, le terrain se partageait à deux, voire trois. Et ces terrains avaient la même pelouse que ceux de la compétition.
Tout était calé, sauf qu’il y avait encore quelques pesanteurs. De petits tiraillements au moment de parachever le boulot. Jusqu’à ce que survint cette pluie exceptionnelle du 12 septembre. Le jour où Dieu a sauvé la Côte d’Ivoire de l’humiliation.
Mambé, le pompier
La suite est connue. Le Président Ouattara qui suivait de près l’évolution des préparatifs finit par lever les derniers obstacles. Robert Beugré Mambé, homme de mission, est nommé Premier ministre et en même temps ministre des Sports et du Cadre de vie. La Primature devient la tutelle directe du Cocan 2023. Un peu comme en 2017, lors des huitièmes Jeux de la Francophonie d’Abidjan, Mambé a reçu l’ordre de mettre tout en œuvre pour que cette fête de la jeunesse africaine soit un succès en Côte d’Ivoire.
Sur le terrain, il retrouve un autre homme de mission, François Amichia. Les deux hommes, mus par le même désir de servir le Président Ouattara, n’ont eu aucun mal à dérouler le programme. Un beau tandem qui a multiplié les réunions (Mambé pour mieux s’imprégner des dossiers et Amichia pour insister sur les urgences). Au bout du compte, tout le monde est heureux et le pari d’offrir la plus belle Can n’a pas été un vain mot.
Paul Bagnini