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Société Publié le vendredi 21 juin 2024 | Le Nouveau Réveil

Hommage / Kouakou Kirekouao Rigobert (auteur du livre « Migration senoufo en pays Koulango ») : « Une personne qui ne sait pas lire quels que soient ses diplômes est considéré comme un analphabète »

En marge du dernier Salon international du livre, qui s’est tenu les 14 et 17 mai 2024 au Parc d’exposition d’Abidjan, Kouakou Kirekouao Rigobert, officier des Eaux et forêts à la retraite, nous a reçu à son stand, pour nous parler de son œuvre, intitulée « Migration senoufo en pays Koulango » Fruit de ses recherches sur les Agni Bônan, il nous a partagé son idée de poursuivre ses recherches, sur les origines de ce peuple, aujourd’hui, confondu aux sous-groupes des Sénoufo. Alors qu’il n’a pas encore entamé ses recherches pour approfondir les origines vraies des Agni Bônan, Kouakou Kirekouao Rigobert, nous a quittés le mardi 18 juin 2024, des suites d’un malaise le dimanche 16 juin. A titre posthume et en hommage à cet homme atypique, amoureux du livre, nous publions l’échange que nous avons eu, dans l’espoir que son œuvre ne reste pas ainsi… Son ouvrage sur les traces d’Ardjouman fondateur de Pala, est parue aux éditions L’harmattan.


D'où vous est venue l'idée d'écrire cet ouvrage ?


Je suis entré dans le domaine de la littérature et de l'histoire pour écrire cet ouvrage pour faire connaître les origines historiques de mes parents. J'ai mené une enquête pour savoir leurs origines réelles. Nous sommes dans le pays Abron et Koulango et il y'a au minimum 12 peuples qui s’y sont réunis. Nous ne sommes ni Abron, ni Koulango mais nous sommes un sous-groupe des Senoufo, et j'ai découvert que nous sommes venus de Dabakala. Mes ancêtres sont venus autour du XVIIe siècle pour s'installer dans la région de Tanda. J'ai poussé un peu mes investigations avec des sachants. Ils m'ont expliqué comment la migration s'est effectuée et la motivation d'être resté dans cet habitat actuel. Aujourd'hui, je me détermine comme un Koulango.



Pourquoi n'avoir pas gardé vos origines?


Dans la mesure où, vu le temps de la migration de mes parents qui sont arrivés avec le brassage, avec de nouveaux peuples qui étaient déjà présents, avec l'influence de l'environnement, petit-à-petit, nous avons oublié les fondamentaux de notre culture et de nos mœurs. Ce qui fait que l'on se désigne comme un Abron ou un Koulango. Ce qui fait le charme, c'est que ces 3 ethnies se réunissent que ce soit dans les cérémonies et autres. Nous nous retrouvons dans ces 3 ethnies.



Allez-vous porter le résultat de vos recherches aux historiens pour changer l’histoire originelle?


C'est un historien qui a préfacé l'œuvre et certains me poussent à continuer les recherches. Un docteur a même écrit un livre sur les Agni bônan, mais ils m'ont fait savoir que j'avais fait ressortir un pan de l'histoire qui leur était encore méconnu.



Comment avez-vous eu vos informations?


Je les ai eues à travers des témoignages des sachants, des anciens. J'ai commencé mes recherches depuis 1995, j'ai eu beaucoup de renseignements et je les ai quantifiés dans un document. J'ai aussi consulté des livres du soir comme ceux d’Emmanuel Kéré et Niangoran Boua, ainsi que les enquêtes orales.



Après cette participation au SILA, quelle est l'étape que vous allez franchir ?


Je programme actuellement d'aller à la source, on vient de Dabakala et le village s'appelle Panangana. J'ai eu des contacts via les réseaux sociaux et j'essaie d'organiser une expédition pour aller acquérir beaucoup de choses, plus d’informations et de recherches sur nos origines réelles…



Parlez-nous de cette œuvre ?


Le texte nous parle de la migration vers le milieu du XVIIe siècle, d'un groupe de Djimini, parti de son village Panangana situé dans la région de Dabakala. Ce petit groupe constitué d'une centaine de personnes est conduit par son chef du nom d'Ardjouman. Si nous ne savons pas les réelles causes de ce déplacement, nous pouvons l'attribuer à l'insécurité dans cette région où régnaient l'anarchie et les razzias. Ardjouman et ses hommes ont traversé pratiquement tout le nord-est de la Côte d'Ivoire pour s'installer dans leur habitat actuel dans la zone de Tanda. Accueillis par le chef de cette localité, ils fondent les villages de Gbabango, Pala, Iguela et Bouko au sud de Tanda, avant d'accueillir à leur tour, le premier contingent des Agni Bônan fuyant la guerre au Ghana vers 1692



Quel message pouvez-vous donner aux jeunes aujourd'hui ?


Le message que je peux lancer à la jeunesse, c'est de se tourner vers la lecture et de moins s'amuser. Parce qu'une personne qui ne sait pas lire quels que soient ses diplômes est considéré comme un analphabète. La lecture est très importante.


Propos recueillis JEAN PRISCA


In Le Nouveau Réveil / Vendredi 21 Juin 2024 - N°6634

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