Aboisso, Au forum économique et touristique « Invest in Sud-Comoé » à Aboisso, l'Agence nationale d'appui au développement rural (ANADER) a dévoilé une solution agricole innovante : l’agriculture hors-sol. Cette technique, accessible et révolutionnaire, permet de cultiver des plantes sans sol, répondant ainsi aux défis du manque de terres cultivables et de la sécurité alimentaire. Grâce à des formations et à des démonstrations sur le terrain, l'ANADER s'efforce de vulgariser cette méthode auprès des populations ivoiriennes, en particulier auprès des jeunes agriculteurs, avec un impact potentiel majeur pour l'avenir du secteur agricole.
L’Agriculture sans terre : une technique prometteuse
L'agriculture hors-sol, comme l'explique Kipré Tano, technicien à l'ANADER, consiste à cultiver des plantes sans utiliser le sol naturel. À la place, les racines des plantes sont nourries par des substrats ou des solutions nutritives adaptées, permettant aux cultures de se développer dans des espaces réduits et même dans des environnements urbains. Cette technique ouvre de nouvelles perspectives pour les populations qui manquent d'accès à des terres cultivables, tout en proposant une solution innovante pour l’autosuffisance alimentaire.
Formation et vulgarisation : les objectifs de l’ANADER
Pour mieux comprendre cette révolution agricole, il suffit de se rendre dans les bureaux de l’ANADER Sud-Comoé à Aboisso. Là-bas, la cour se transforme en champ-école, où l’agriculture hors-sol est pratiquée à plus grande échelle. Le chef de l’agence ANADER Sud-Comoé, Koné Adama, éclaire sur la stratégie : « L’objectif est de rendre cette méthode accessible au plus grand nombre, en particulier dans les zones où les terres arables se raréfient », fait-il savoir.
Cette approche repose sur la formation, un volet essentiel pour l’adoption de cette technique. L'ANADER s'engage activement auprès des communautés locales, en organisant des ateliers et des démonstrations pratiques pour que chacun puisse s'approprier cette méthode. Les résultats sont déjà prometteurs.
Une solution pour l’avenir des jeunes agriculteurs
L’initiative ne passe pas inaperçue chez les jeunes. Lors du forum, Elisabeth Kacou, étudiante en stage au lycée agricole de Bingerville, s'est montrée particulièrement enthousiasmée par cette approche novatrice. Pour elle, l’agriculture hors-sol représente une solution viable face aux problèmes de terres cultivables et à la vie chère qui touchent de nombreuses régions du pays.
« Si un grand nombre d'Ivoiriens adoptaient cette technique, nous pourrions transformer nos villes et campagnes. Non seulement cela permettrait de produire plus de nourriture en utilisant moins de ressources, mais cela pourrait aussi créer de nouvelles opportunités économiques », déclare-t-elle avec optimisme.
L'Agriculture hors-sol : la technique du repiquage en substrats
L'agriculture hors-sol, au cœur de l'innovation proposée par l'ANADER, repose sur une technique simple mais efficace : le repiquage des plants dans des contenants divers, tels que des seaux, des bouteilles en plastique ou encore des sachets, remplis de substrats naturels comme les fibres de coco. Cette méthode, accessible et économique, permet aux cultivateurs de se libérer de la dépendance au sol naturel et de cultiver dans des espaces restreints ou même en milieu urbain.
La première étape consiste à préparer les plants en pépinière. Une fois que les jeunes plants ont atteint un certain stade de maturité, ils sont transférés dans ces récipients qui contiennent des substrats conçus pour offrir une alternative au sol. Les fibres de coco, largement utilisées dans cette méthode, jouent un rôle important en retenant l’eau et les nutriments tout en permettant une aération optimale des racines. Cette capacité à fournir un environnement contrôlé et riche en nutriments favorise une croissance rapide et saine des cultures.
Les seaux, bouteilles en plastique ou sachets remplis de substrats sont ensuite placés dans des espaces réduits, souvent en hauteur ou empilés, optimisant ainsi l’espace disponible pour la culture. Les solutions nutritives, composées d’eau enrichie en minéraux essentiels, sont régulièrement apportées aux plants, remplaçant les éléments naturellement fournis par la terre. L’irrigation, qui peut être manuelle ou automatique, assure un apport constant en eau, essentiel pour la croissance des plantes.
L’un des grands avantages de cette technique est sa flexibilité. Elle permet de cultiver une grande variété de plantes, des légumes comme les tomates, les laitues, aux cultures plus spécialisées comme les fraises ou les herbes aromatiques. Grâce à son accessibilité et à son faible coût, l’agriculture hors-sol rend possible la culture dans des environnements urbains ou sur des terrains non adaptés à l’agriculture conventionnelle.
De plus, en réutilisant des matériaux comme les bouteilles en plastique, cette technique s’inscrit dans une démarche écologique, limitant ainsi les déchets et encourageant le recyclage. Cette approche contribue non seulement à la production alimentaire mais aussi à la réduction de l'empreinte environnementale de l'agriculture.
Avec l'essor de cette technique en Côte d'Ivoire, portée par des formations pratiques organisées par l'ANADER, le repiquage dans des substrats alternatifs offre une solution innovante aux défis liés à la raréfaction des terres cultivables, tout en proposant une méthode durable et efficace pour l’avenir de l’agriculture ivoirienne.
Un impact potentiel majeur
L’agriculture hors-sol, bien que simplifiée dans sa présentation, pourrait apporter une transformation majeure pour l’agriculture ivoirienne. En offrant une solution alternative à la dépendance à la terre, cette technique pourrait révolutionner la manière de cultiver, surtout dans les zones densément peuplées ou touchées par l’érosion des sols. De plus, elle s’inscrit dans une démarche écologique, en réutilisant des matériaux comme les bouteilles en plastique pour la culture, limitant ainsi les déchets.
Le développement de l’agriculture hors-sol en Côte d'Ivoire, porté par des acteurs comme l’ANADER, est un pas vers une agriculture plus résiliente et accessible. Alors que les défis environnementaux et économiques se font de plus en plus pressants, cette méthode offre une réponse adaptée aux besoins croissants des populations ivoiriennes. Avec la participation active des jeunes, notamment des futurs agriculteurs comme Elisabeth, l’avenir de cette technique semble prometteur.
(AIP)
akn/fmo
Ahoulou Noël
Chef du bureau régional d'Aboisso