Face à la montée des défis migratoires, humanitaires et sécuritaires, le ministère des affaires étrangères de l'intégration africaine et des ivoiriens de l'extérieur a lancé ce mardi 10 juin 2025 à Abidjan-Plateau un atelier de renforcement des capacités à l’intention de ses diplomates. Cette session de formation stratégique porte sur des thématiques cruciales telles que la gestion des réfugiés, l’action humanitaire, les droits de l’homme, la protection des frontières et la problématique de l’apatridie.
Pays d’accueil de plus de 6 millions d’étrangers soit près d’un quart de sa population, la Côte d’Ivoire, véritable pôle économique de l’Afrique de l’Ouest, se trouve aujourd’hui à un carrefour de responsabilités. Elle fait face à des flux migratoires massifs en provenance notamment des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), tels que le Burkina Faso, en proie à l’instabilité politique et aux attaques terroristes.
Selon les chiffres récents communiqués par les autorités, le pays accueille à la date du 30 avril 2025, 66.822 demandeurs d’asile sur les 73.676 arrivées enregistrées, auxquels s’ajoutent 2.537 réfugiés de diverses nationalités. Cette situation s’inscrit dans un contexte régional tendu, où la criminalité transnationale et les déplacements forcés deviennent monnaie courante.
L’ouverture de l’atelier a été marquée par une allocution du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, l’Ambassadeur Yapi Koffi Evariste, qui a souligné la complexité des défis contemporains.
''Dans un contexte mondial marqué par la recrudescence des conflits armés, du terrorisme, des catastrophes naturelles et des tensions sociales, la gestion des déplacements forcés devient un enjeu central'', a-t-il rappelé.
Le diplomate a réaffirmé l’engagement de son ministère à placer l’action humanitaire au cœur des politiques étrangères du pays. Il a appelé à une solidarité accrue des États frontaliers en vue d’un partage équitable de la responsabilité humanitaire.
De son côté, Ahounan Koidiané, Directeur des enjeux globaux et de l’assistance aux réfugiés et apatrides, a insisté sur l’ampleur du phénomène au niveau mondial. ''Selon le HCR, plus de 122 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur lieu de vie dans le monde en juin 2024. Ce chiffre, malheureusement, est en constante progression'', a-t-il révélé.
Il a également attiré l’attention sur la problématique de l’apatridie, encore largement méconnue, mais qui touche près de 1,6 million de personnes à risque en Côte d’Ivoire, selon une cartographie réalisée en 2018. Cette situation, selon lui, '' soulève des enjeux majeurs de gouvernance, de sécurité et de dignité humaine ''.
L’objectif affiché de cet atelier est de doter la diplomatie ivoirienne d’une expertise humaine qualifiée, apte à défendre les intérêts du pays tout en respectant les engagements internationaux en matière de droits humains et de protection des populations vulnérables. Les participants ont été appelés à acquérir une compréhension approfondie des instruments juridiques et des mécanismes opérationnels relatifs aux réfugiés, à l’apatridie et à la sécurité des frontières.
Cet engagement, selon les organisateurs, s’inscrit dans la volonté de construire un ordre international plus juste, plus solidaire et respectueux des droits fondamentaux.
EA

