C’est au cœur d’un champ de bananes que des ouvriers de la commune de N'zianouan dans le département de Tiassalé ont vécu une soirée théâtrale en représentation unique de '' L’Avare '' de Molière, adaptée à la sauce ivoirienne, qui a été jouée au soir du samedi 14 juin 2025 par une troupe éclectique composée de comédiens, slameurs, chanteurs et producteurs.
Pendant deux heures, les populations locales et les salariés de la plantation ont ri, réfléchi, et applaudi cette adaptation originale du célèbre classique de Molière.
Cette action a été organisée et mise en scène par Abass Zein, également auteur de la version ivoirienne, la pièce mêle avec brio alexandrin classique et Nouchi, dans un dialogue culturel entre la France du XVIIe siècle et la Côte d’Ivoire contemporaine.
''L’Avare, c’est une des pièces les plus jouées de Molière, et pour cause : elle parle de choses toujours d’actualité. L’obsession de l’argent, la peur de l’autre, les illusions du matérialisme'', a expliqué Abass Zein.
'' Dans notre version, l’histoire tourne autour d’un homme tellement avare qu’il veut épouser la même fille que son fils une tragédie absurde, mais tellement révélatrice. Et la morale, c’est que l’argent ne fait pas le bonheur. L’argent isole, il crée des illusions. Il faut apprendre à rester simple et à partager'', a-t-il conseillé.
Cette représentation a également permis de faire dialoguer les langues et les cultures, puisque l’œuvre, tout en restant fidèle à l’esprit de Molière, explore différentes formes d’expression ivoiriennes.
La soirée s’est déroulée en présence d’autorités traditionnelles, d’ambassadeurs, et de représentants ministériels, dont l’ambassadrice de l’Union européenne en Côte d’Ivoire, Francesca Di Mauro, qui a salué l’initiative. '' Il est fondamental d’apporter une plus-value culturelle et de faire vivre l’art dans tous les milieux, y compris les zones rurales. Le théâtre est un vecteur de réflexion, de lien social et de dignité humaine'', a-t-elle reconnu.
Pour Dominique Malézieux, directeur général de la Société de Culture Bannière (SCB), ce projet s’inscrit dans une volonté plus large de valoriser les populations rurales.
''Cette aventure Molière au milieu des plantations symbolise notre engagement : au-delà du travail, nos salariés ont besoin de culture, d’éducation, de santé. C’est un projet de fixation et de dignité. Offrir du théâtre, c’est reconnaître leur travail, c’est leur dire merci'', a-t-il dit.
Il a également précisé que près de 700 salariés ont été conviés à cette représentation et pour beaucoup, c’était une première rencontre avec le théâtre.
''Ici, tout repose sur deux mots : confiance et considération. Ce spectacle est une démonstration de cette philosophie. Nous voulons montrer à nos partenaires que derrière notre performance et stratégie d'entrepreneur, il y a une réalité humaine'', a révélé Dominique Malezieux.
EA

