La Haute Cour militaire de la République démocratique du Congo (RDC) a renvoyé l'audience dans le procès de Joseph Kabila au 19 septembre 2025.
L'ancien président est accusé de plusieurs chefs d'accusation, dont celui de trahison et de complicité avec le groupe M23 soutenu par le Rwanda.
Une décision était initialement attendue ce vendredi 12 septembre à Kinshasa mais une demande de dernière minute de la partie civile a été acceptée.
Les avocats représentant les victimes ont déposé une requête visant à convoquer trois témoins, arguant que les 24 milliards de dollars de réparations initialement demandés étaient sous-estimés.
« Nous avons des témoins qui présenteront des preuves que l'ancien président Joseph Kabila a transféré des fonds à l'Alliance du fleuve Congo et au Mouvement du 23 mars (AFC/M23), et que sa fortune nette dépasse les 30 milliards de dollars », a déclaré devant la cour Michel Bondo, avocat.
- Les rebelles du M23 suspendent les pourparlers de paix avec le gouvernement de la RDC
- La RD Congo retire l'immunité à son ancien dirigeant accusé de trahison
L'ex-président a rejeté l'accusation la qualifiant « d'arbitraire » et a déclaré que les tribunaux étaient utilisés comme un « instrument d'oppression ».
Jugé par contumace, l'ex-chef de l'État fait face à de lourdes accusations, allant de la trahison au meurtre, en passant par le viol, la torture et la participation à un mouvement insurrectionnel.
Le parquet l'accuse d'avoir soutenu les rebelles du M23, actifs dans l'est du pays riche en minerais, et d'avoir comploté avec le Rwanda pour déstabiliser son successeur, Félix Tshisekedi. Ce dernier l'a accusé d'être le cerveau derrière les rebelles du M23.
Kabila rejette l'ensemble des charges. Il a qualifié l'affaire d'« arbitraire », dénonçant une instrumentalisation de la justice par le pouvoir en place.
Les parties civiles réclament près de 46 milliards de dollars de réparations au total, en plus de la saisie de ses avoirs bancaires.
Le procès se déroule alors que les combats se poursuivent malgré un accord de cessez-le-feu signé en juillet entre les rebelles et le gouvernement.
L'ONU et plusieurs pays occidentaux accusent le Rwanda de soutenir militairement la rébellion, ce que Kigali dément fermement.
L'issue de ce procès, inédit dans l'histoire politique congolaise, pourrait avoir de profondes répercussions sur l'équilibre fragile entre le pouvoir central et les provinces de l'est, toujours en proie aux violences armées.
L'ancien président vivait à l'extérieur du pays depuis deux ans, mais est arrivé en mai dans la ville de Goma, tenue par les rebelles, dans l'est de la RDC, après s'être exilé volontairement en Afrique du Sud.
Soulignant des preuves accablantes, l'ONU et plusieurs pays occidentaux ont accusé le Rwanda voisin de soutenir le M23 et d'envoyer des milliers de soldats en RD Congo. Mais Kigali nie les accusations, affirmant qu'il agit pour empêcher le conflit de déborder sur son territoire.
En mai, la chambre haute du parlement a levé l'immunité de M. Kabila en tant que sénateur à vie pour permettre sa poursuite sur des accusations qui incluent la trahison, le meurtre, la participation à un mouvement insurrectionnel et l'occupation forcée de Goma.
Âgé de 53 ans, Joseph Kabila a dirigé la RDC pendant 18 ans, après avoir succédé à son père Laurent Désiré Kabila, qui avait été abattu en 2001. Joseph Kabila n'avait que 29 ans à l'époque.
Il a remis le pouvoir au président Félix Tshisekedi à la suite d'une élection contestée en 2019, mais ils se sont ensuite brouillés.
Dans une vidéo sur YouTube maintenant supprimée et publiée en mai, Kabila s'en est pris au gouvernement congolais en le qualifiant de « dictature », et a déclaré qu'il y avait un « déclin de la démocratie » dans le pays.
À l'époque, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a rejeté les allégations de Kabila, disant qu'il n'avait « rien à offrir au pays ».
En colère lors du procès de vendredi, Ferdinand Kambere - un proche allié de Kabila qui a servi dans son parti PPRD maintenant interdit, a accusé le gouvernement de « deux poids, deux mesures ».
Il a déclaré que c'était trop doux pendant l'accord de paix, mais trop dur pour Kabila, ajoutant que le procès était un moyen d'exclure Kabila de la politique du pays.
Un autre pilier de Kabila - Emmanuel Ramazani Shadary - aurait déclaré qu'un verdict de culpabilité était une conclusion acquise et que le procès n'était guère plus que du « théâtre ».
Mais à l'ouverture du procès, le vice-ministre congolais de la Justice, Samuel Mbemba, a eu des mots sévères pour ses détracteurs.
"La justice ne négocie pas, elle ne dialogue pas. Le calendrier de la justice est différent du calendrier politique."
Reportage supplémentaire par Damian Zane et Cecilia Macaulay
Plus d'histoires de la BBC sur la RD Congo :
- RD Congo: Des secouristes creusent à mains nues pour sauver des mineurs piégés dans une mine à Lomera
- En RDC, les rebelles donnent à la BBC un accès rare à une mine qui alimente la fabrication des téléphones portables
- Un espoir de paix : la RD Congo et les rebelles du M23 signent un accord au Qatar

