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Économie Publié le lundi 20 octobre 2014 | Le Nouveau Consommateur Hebdo

Dr Ranié Didice Bah Koné - Responsable du Secrétariat Technique du Conseil National de Lutte contre La Vie Chère (CNLVC) : « Les prix sont élevés parce que la demande est supérieure à l’offre. »

Par arrêté N°345/PM/CAB du 04 septembre 2014, le gouvernement vient de créer le Conseil National de Lutte contre la vie chère. Cette structure est notamment chargée d’assurer une veille permanente sur les prix des produits de grande consommation. Pour en savoir davantage sur les attributions et le fonctionnement de cette structure, nous avons rencontré le jeudi 16 septembre, Dr Ranie Didice Bah Koné, responsable du secrétariat technique dudit conseil à son siège au 17ème étage de l’immeuble Alpha 2000 au Plateau. Dans cette interview, elle situe l’intérêt de cette initiative du gouvernement. Et, pointe du doigt l’une des causes de la cherté de la vie qu’il importe de corriger.

A quoi répond la création du Conseil National de Lutte contre la vie chère ?
Le Conseil National de Lutte contre la vie chère a été créé par le gouvernement en vue de renforcer son dispositif de lutte contre la vie chère par une structure spécifique dédiée à cette question sensible. C’est en fait une structure qui se présente comme un cadre permanent d’échanges entre le secteur public et le secteur privé, entre les opérateurs économiques et le gouvernement, entre les syndicats, les associations de consommateurs et le gouvernement. Ce conseil a été créé par arrêté du premier ministre, le 4 septembre 2014.

Quelle est la composition de ce Conseil ?
Le Conseil est présidé par le premier ministre avec comme vice-président, le ministre du Commerce. le secrétariat technique est également assuré par le ministère du Commerce, de l’artisanat et de la promotion des PME. Tous les ministères et toutes les structures publiques et privées qui ont un impact sur la consommation des ivoiriens, sont membres de ce Conseil.

Quelles sont les attributions de ce Conseil ?
Le Conseil National de Lutte contre la vie chère est chargé de la coordination et du suivi de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la vie chère du gouvernement. A ce titre, il est chargé par exemple, de faire des recommandations au gouvernement sur toutes les questions relatives à la hausse des prix et à l’approvisionnement du marché en produits de grande consommation, de veiller à la mise en œuvre effective des mesures prises par le gouvernement dans le cadre de la lutte contre la vie chère, d’assurer une veille permanente sur les prix, de veiller au respect des accords signés entre le gouvernement et les opérateurs économiques et de proposer des réponses aux revendications sociales émanant des centrales syndicales et des associations de consommateurs. Le Conseil peut également se saisir de toutes les questions afférentes à la vie chère dans tous les domaines.

Avez-vous déjà engagé les premières activités ?
Non. Le Conseil existe il y a seulement un mois. Donc tout ce que nous faisons, consiste à l’installer. Ce sont quand même une trentaine de structures qui le composent. Mais les activités sont déjà connues. Puisque le rôle primordial du Conseil sera de mettre en œuvre les recommandations du séminaire gouvernemental qui s’est tenu le 25 avril 2014 sur l’emploi et la lutte contre la vie chère.

Qu’est-ce que ledit séminaire a recommandé ?
Ce séminaire gouvernemental avait pour objet de discuter sur ces deux questions majeures (emploi et lutte contre la vie chère). A l’issue de ce séminaire, des recommandations, des mesures concrètes ont été prises et le plan d’activité du Conseil National de Lutte contre la vie chère, c’est la mise en œuvre de ces mesures là. Le Conseil a déjà une feuille de route.

Pensez-vous que tous les acteurs qui composent le Conseil sont engagés à réussir cette mission ?
Bien sûr ! Jusqu’à présent on avait l’impression que la lutte contre la vie chère était une question transversale traitée de manière sectorielle. On disait bon, c’est la prérogative du ministère du Commerce. Il n’a qu’à se débrouiller pour trouver une solution aux différents problèmes. Bien que le transport, la santé, le logement, l’énergie, l’éducation, tous ces secteurs ne relèvent pas du ministère du Commerce. Alors, si chacun prend des mesures qui vont à l’encontre de l’amélioration de la situation des consommateurs et que par exemple les prix flambent, comment le ministère du Commerce va résoudre ces problèmes ? Il s’agissait pour être efficace, de coordonner nos actions de manière à ce que tous ces sujets soient traités de manière transversale. Dorénavant tous les problèmes touchant la vie des consommateurs, seront traités dans leur plus grande globalité.

A priori, il n’y aura pas d’obstacles pour la conduite de vos missions. Vous allez réussir ?
Cette manière de procéder était une demande. Jusqu’ici, il n’y avait pas de cadre d’échanges permanent entre les acteurs publics et les acteurs privés. Ce défaut de cadre d’échanges faisait qu’il n’y avait pas de coordination dans les actions. Il n’y avait pas de mesures sur le long terme. Tout cela se corrige avec le nouveau cadre qui se présente maintenant. Dorénavant, il y aura un suivi et une coordination dans tout ce qui va se faire.

Dans cette lutte contre la vie chère, quels sont les secteurs qui vous seront prioritaires ?
Il y a beaucoup de préoccupations. Nous avons fait une enquête pour sortir des mesures concrètes. Il est ressorti qu’il existe trois postes clés de dépenses qui touchent directement les consommateurs. Il s’agit de l’alimentation, le transport et le logement. Les premières actions du conseil vont aller dans ce sens. Le poste alimentaire prend en compte les produits vivriers, l’offre, l’assistance à la commercialisation et la conservation, la mise sur le marché.

Dans le cadre de vos activités, est-ce que vous prévoyez de collaborer avec la commission de la concurrence ?
La commission de la concurrence est un maillon essentiel. Nous sommes dans un régime libéral, le moyen le plus efficace et le plus légal aussi par rapport aux accords internationaux, c’est de faire jouer la concurrence. La concurrence est saine lorsque le marché est assaini. Les prix sont élevés parce que la demande est supérieure à l’offre. Il s’agit donc d’assainir le marché, de voir les goulots d’étranglement, de démanteler les cartels, les concentrations pour que la concurrence puisse pleinement jouer. Et dans ce sens là, nous travaillerons avec la commission de la concurrence.

Tout le monde est consommateur, le chef de l’Etat, le premier ministre, vous-même et l’ensemble de la population. Dans cette mission de lutte contre la cherté de la vie, qu’est-ce que vous attendez des consommateurs ?
Nous attendons qu’ils soient actifs, qu’ils nous fassent remonter la bonne information, qu’ils soient organisés et par leur engagement, une force de proposition.

Comment comptez-vous mener à bien votre mission ?
Nous comptons nous donner entièrement puisque notre équipe exerce à plein temps. C’est une équipe permanente qui va se donner les moyens de réussir cette mission. Et puis le gouvernement a prévu doter le Conseil de moyens humains, matériels et financiers.

Ce ne sera donc pas une structure de trop ?
Non ! Cette-fois, le bon bout est tenu. Ce ne sera pas une structure de trop. Pour une fois, tous les acteurs concernés ou impliqués dans les questions de la cherté de la vie sont réunis au sein d’une même structure. C’est ensemble que nous ferons converger les synergies pour trouver des solutions pérennes qui vont soulager les Ivoiriens.

En attendant de trouver effectivement des solutions concrètes pour améliorer la vie des Ivoiriens, quel est le message que vous leur adressez ?
Le message que j’adresse est le suivant : les Ivoiriens, les consommateurs, les ménages ne sont pas abandonnés. Le gouvernement est tout à fait conscient que l’émergence passe par l’amélioration des conditions de vie des individus, par le social. Il ne s’agit pas de parler uniquement des agrégats macro-économiques mais de parler de ce que vivent les Ivoiriens et c’est ainsi qu’on pourra parler d’une véritable émergence du pays mais aussi des individus.

Interview réalisée par Samuel Guelah
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