Le chef de l’Etat avait baptisé 2008, année des élections, avant de dresser un catalogue de promesses. A l’heure du bilan, la guerre, comme les années antérieures, donne à Gbagbo un prétexte sur mesure pour masquer son échec.
En ces jours de vœux du Nouvel an, le temps est venu de dresser le bilan des promesses non tenues du président Laurent Gbagbo. En 2008, le chef de l’Etat avait, la main sur le cœur, promis des élections pour sortir son pays de la crise. Mais au soir du 31 décembre, la liste des engagements non tenus est longue. Pour la nouvelle année, les Ivoiriens attendent avec l’énergie du dernier espoir la date du scrutin présidentiel.
2008 : année des élections
Il avait baptisé 2008, année des élections. Lors de la présentation de ses vœux, il expliquait que « les deux annexes à l’Accord politique de Ouagadougou nous engagent dans le processus électoral, dans la préparation des élections. Les audiences foraines se déroulent à un rythme convenable. Les opérations d’identification et d’inscription sur les listes électorales vont commencer. Au plan technique, la Côte d’Ivoire est donc en mesure d’organiser les élections générales dès le mois de juin 2008. » Laurent Gbagbo se proposait même de saisir le Conseil constitutionnel pour requérir son avis sur les conditions d’organisation de l’élection présidentielle. « J’ai souvent indiqué les enjeux de ces élections. Nous devons les organiser, d’abord pour nous-mêmes car notre pays en a besoin, notre économie en a besoin. Nous devons organiser les élections pour retrouver le fonctionnement normal et régulier des institutions de la République et poursuivre notre marche vers la modernisation de la vie publique », jurait le chef de l’Etat. Avant d’ajouter plus tard : « Allons vite, vite aux élections! » Alors que les populations attendaient le 30 novembre pour se rendre dans les urnes pour le premier tour de la présidentielle, Gbagbo lance, à la surprise générale, sa boutade devenue désormais célèbre : « S’il n’y a pas d’élection le 30 novembre, ça fait quoi ? » Conséquence : comme en 2005, 2006, 2007, il n’y aura pas d’élection en 2008 en Côte d’Ivoire. Fidèle à sa stratégie, le père de la refondation répète à qui veut l’entendre, en 2009, que « l’Accord politique de Ouaga marche (…) C’est parce que cet accord marche que nous parlons de la date des élections et que beaucoup sont déjà en campagne. » Pour expliquer le rendez-vous manqué de 2008, il précise que c’est parce que les accords antérieurs à l’Apo étaient « figés dans l’esprit et la lettre qu’ils n’ont pas marché et qu’ils ne nous ont pas menés loin dans le sens de la paix. » Convaincu que le prochain rendez-vous électoral sera le bon, il demande à la Cei et à tous les acteurs des opérations électorales de sortir le pays du doute et des incertitudes. « Il nous faut une date et un calendrier crédibles des élections en 2009», a insisté le chef de l’Etat. Il n’a pas tort. A force de ne pas tenir ses engagements, le doute a fini par s’installer dans les esprits.
Coût de la vie
C’était un des engagements de 2008. C’est aussi un des grands échecs de la présidence Gbagbo qui avait pourtant fait de la lutte contre la cherté de la vie, son cheval de bataille. Douze mois plus tard, le chef de l’Etat reconnaît que son plan est un échec. « Nous risquons de voir nos efforts compromis par une hausse des prix inconsidérée sur nos marchés. C’est pourquoi, face à cette situation, j’ai donné des instructions au gouvernement afin de prendre des mesures vigoureuses en vue de contenir les prix des produits de consommation courante et de protéger ainsi le pouvoir d’achat de nos concitoyens », a-t-il affirmé le 31 décembre. Sur le terrain, la décision de Gbagbo de ne pas répercuter la hausse du prix du pétrole sur le prix du carburant à la pompe n’est pas respectée. Conséquences : une hausse brutale des prix de toutes les denrées surtout les produits de grande consommation (carburant, riz, lait, sucre, huile, gaz domestique etc.) Pour faire passer la pilule de la hausse du carburant, le gouvernement s’était caché derrière la hausse des cours mondiaux du pétrole brut. Mais rien n’a changé pour les consommateurs depuis que le baril du Brent est retombé à 43 dollars en fin décembre (contre 147 dollars en juillet). Les associations de consommateurs, elles, attendent de juger le chef de l’Etat à l’acte. « Il (Ndlr, Gbagbo) a annoncé des baisses en début 2009, nous le prenons au mot et nous attendons de voir les améliorations », a indiqué dans les colonnes de Soir Info (3 et 4 janvier), Me Ahmed Ouattara, président du Mouvement ivoirien des consommateurs organisés et méthodiques (Micom).
Visite d’Etat à l’Ouest
Gbagbo a fait la ferme promesse d’effectuer des visites d’Etat durant les mois de janvier et février 2008 dans les régions de l’Ouest, du Centre et du Nord-Est. Si les étapes du Centre et du nord ont pu voir le jour, ce n’est pas encore le cas dans le ‘‘far west’’ ivoirien. Plusieurs fois annoncée, autant de fois reportée. Au nombre des raisons avancées, l’épineuse question autour de la mort du général Robert Guéi qui est originaire de cette partie du pays. Assassiné aux premières heures des évènements du 19 septembre 2002. Sa disparition et son enterrement à Abidjan continuent de plomber la visite du chef de l’Etat dans la région des 18 Montagnes. Les populations, avec sous le bras leur livre blanc de doléances, attendent, de pied ferme, Gbagbo.
2008 s’en est allé avec son lot d’engagements non tenus. En 2009, l’on veut nous faire croire que « ça va aller. » Rendez-vous dans douze petits mois pour dresser le bilan.
Jean Roche Kouamé
En ces jours de vœux du Nouvel an, le temps est venu de dresser le bilan des promesses non tenues du président Laurent Gbagbo. En 2008, le chef de l’Etat avait, la main sur le cœur, promis des élections pour sortir son pays de la crise. Mais au soir du 31 décembre, la liste des engagements non tenus est longue. Pour la nouvelle année, les Ivoiriens attendent avec l’énergie du dernier espoir la date du scrutin présidentiel.
2008 : année des élections
Il avait baptisé 2008, année des élections. Lors de la présentation de ses vœux, il expliquait que « les deux annexes à l’Accord politique de Ouagadougou nous engagent dans le processus électoral, dans la préparation des élections. Les audiences foraines se déroulent à un rythme convenable. Les opérations d’identification et d’inscription sur les listes électorales vont commencer. Au plan technique, la Côte d’Ivoire est donc en mesure d’organiser les élections générales dès le mois de juin 2008. » Laurent Gbagbo se proposait même de saisir le Conseil constitutionnel pour requérir son avis sur les conditions d’organisation de l’élection présidentielle. « J’ai souvent indiqué les enjeux de ces élections. Nous devons les organiser, d’abord pour nous-mêmes car notre pays en a besoin, notre économie en a besoin. Nous devons organiser les élections pour retrouver le fonctionnement normal et régulier des institutions de la République et poursuivre notre marche vers la modernisation de la vie publique », jurait le chef de l’Etat. Avant d’ajouter plus tard : « Allons vite, vite aux élections! » Alors que les populations attendaient le 30 novembre pour se rendre dans les urnes pour le premier tour de la présidentielle, Gbagbo lance, à la surprise générale, sa boutade devenue désormais célèbre : « S’il n’y a pas d’élection le 30 novembre, ça fait quoi ? » Conséquence : comme en 2005, 2006, 2007, il n’y aura pas d’élection en 2008 en Côte d’Ivoire. Fidèle à sa stratégie, le père de la refondation répète à qui veut l’entendre, en 2009, que « l’Accord politique de Ouaga marche (…) C’est parce que cet accord marche que nous parlons de la date des élections et que beaucoup sont déjà en campagne. » Pour expliquer le rendez-vous manqué de 2008, il précise que c’est parce que les accords antérieurs à l’Apo étaient « figés dans l’esprit et la lettre qu’ils n’ont pas marché et qu’ils ne nous ont pas menés loin dans le sens de la paix. » Convaincu que le prochain rendez-vous électoral sera le bon, il demande à la Cei et à tous les acteurs des opérations électorales de sortir le pays du doute et des incertitudes. « Il nous faut une date et un calendrier crédibles des élections en 2009», a insisté le chef de l’Etat. Il n’a pas tort. A force de ne pas tenir ses engagements, le doute a fini par s’installer dans les esprits.
Coût de la vie
C’était un des engagements de 2008. C’est aussi un des grands échecs de la présidence Gbagbo qui avait pourtant fait de la lutte contre la cherté de la vie, son cheval de bataille. Douze mois plus tard, le chef de l’Etat reconnaît que son plan est un échec. « Nous risquons de voir nos efforts compromis par une hausse des prix inconsidérée sur nos marchés. C’est pourquoi, face à cette situation, j’ai donné des instructions au gouvernement afin de prendre des mesures vigoureuses en vue de contenir les prix des produits de consommation courante et de protéger ainsi le pouvoir d’achat de nos concitoyens », a-t-il affirmé le 31 décembre. Sur le terrain, la décision de Gbagbo de ne pas répercuter la hausse du prix du pétrole sur le prix du carburant à la pompe n’est pas respectée. Conséquences : une hausse brutale des prix de toutes les denrées surtout les produits de grande consommation (carburant, riz, lait, sucre, huile, gaz domestique etc.) Pour faire passer la pilule de la hausse du carburant, le gouvernement s’était caché derrière la hausse des cours mondiaux du pétrole brut. Mais rien n’a changé pour les consommateurs depuis que le baril du Brent est retombé à 43 dollars en fin décembre (contre 147 dollars en juillet). Les associations de consommateurs, elles, attendent de juger le chef de l’Etat à l’acte. « Il (Ndlr, Gbagbo) a annoncé des baisses en début 2009, nous le prenons au mot et nous attendons de voir les améliorations », a indiqué dans les colonnes de Soir Info (3 et 4 janvier), Me Ahmed Ouattara, président du Mouvement ivoirien des consommateurs organisés et méthodiques (Micom).
Visite d’Etat à l’Ouest
Gbagbo a fait la ferme promesse d’effectuer des visites d’Etat durant les mois de janvier et février 2008 dans les régions de l’Ouest, du Centre et du Nord-Est. Si les étapes du Centre et du nord ont pu voir le jour, ce n’est pas encore le cas dans le ‘‘far west’’ ivoirien. Plusieurs fois annoncée, autant de fois reportée. Au nombre des raisons avancées, l’épineuse question autour de la mort du général Robert Guéi qui est originaire de cette partie du pays. Assassiné aux premières heures des évènements du 19 septembre 2002. Sa disparition et son enterrement à Abidjan continuent de plomber la visite du chef de l’Etat dans la région des 18 Montagnes. Les populations, avec sous le bras leur livre blanc de doléances, attendent, de pied ferme, Gbagbo.
2008 s’en est allé avec son lot d’engagements non tenus. En 2009, l’on veut nous faire croire que « ça va aller. » Rendez-vous dans douze petits mois pour dresser le bilan.
Jean Roche Kouamé