C’est clair comme de l’eau de roche ; Laurent Gbagbo ne veut pas aller aux élections. Tous les observateurs avertis de la scène politique ivoirienne sont unanimes. Pour s’en convaincre, il suffit de constater sa réticence à donner des instructions fermes, en sa qualité de chef de l’Etat, donc premier responsable du pays, au Trésor public pour décaisser les moyens financiers nécessaires à l’organisation des élections. La Commission électorale indépendante, a décrié à plusieurs reprises le double jeu des autorités publiques. Dans une déclaration publiée hier, la structure de Beugré Mambé a dit haut et fort qu’elle ne dispose pas de moyens pour accomplir sa mission. Il va sans dire que tous ces obstacles pour retarder les élections s’inscrivent dans une stratégie savamment orchestrée en vue d’essouffler les adversaires du parti au pouvoir, c’est-à-dire l’opposition. Un homme politique qui connaît très bien le chef de l’Etat, l’a affirmé dans une interview qu’il a accordée à « Le Patriote » il y a six mois. Cette personnalité avait alors révélé que « Gbagbo veut nous envoyer aux élections à genoux », c’est-à-dire essoufflé financièrement. Il y a six mois donc cette personnalité politique avertie avait vu le danger venir et interpellé l’opinion nationale. Au sortir de la deuxième réunion du cadre permanent de concertation le 24 janvier 2008, l’on a constaté qu’il n’y avait aucune volonté de la part de Gbagbo d’aller rapidement aux élection tel qu’il en avait fait la profession de foi lors de la cérémonie de la flamme de la paix à Bouaké, le 30 juillet 2007. Le chef de l’Etat veut, à l’analyse, avoir ses opposants à l’usure. En faisant traîner les choses, il espère gagner du temps dont il se plait à dire qu’il est l’autre nom de Dieu. Les leaders de l’opposition qui sont sur le terrain, pourraient s’essouffler avant même le début des campagnes. Ceux-ci on le sait, sont sur le terrain depuis plusieurs mois pour mobiliser et sensibiliser leurs militants au processus de sortie de crise. C’est un secret de polichinelle de dire que ces déplacements et autres meetings nécessitent non seulement des efforts physiques mais également des moyens financiers énormes. Quand on sait que le financement des partis politiques provient généralement de leur leader, il est donc certain que ceux-ci ne vont pas tarder à s’essouffler. Ce qui va, par conséquent, énormément jouer sur l’engouement et la mobilisation de leurs militants, à la grande joie du chef des frontistes.
Ibrahima B. Kamagaté
Ibrahima B. Kamagaté