Dr. Holya El Materi est la présidente du comité d’organisation du premier salon international de la pharmacie, de la parapharmacie et du bien-être qui s’est déroulé du 27 au 28 décembre dernier à Yasmine Hammamet en Tunisie. Dans cette interview, elle parle des stratégies qui ont permis à la Tunisie d’avoir une industrie pharmaceutique enviable.
Notre Voie : Madame, quelle est l’originalité de cette manifestation que vous avez organisée ?
Holya El Materi : L’originalité de ce premier salon international de la pharmacie, de la parapharmacie et du bien-être a été le fait que pour la première fois un salon pharmaceutique est placé sous le haut patronage de Son Excellence Ben Ali, président de la République de la Tunisie. Il (le salon) a aussi eu le privilège d’être international. La preuve, vous êtes parmi nous, nous avons accueilli beaucoup de pays amis et voisins des pays africains ou maghrébin, européens, belges, français, italiens ; donc ce n’est plus qu’un salon. Aujourd’hui en Tunisie, on arrive à 41 industries pharmaceutiques, on a tous des médicaments de qualité et nous sommes prêts à exporter nos médicaments qui respectent toutes les normes internationales.
N.V. : Concernant les génériques, on voit aussi que la Tunisie est en train de tirer son épingle du jeu. Par contre en Afrique, l’accès aux médicaments pose problème. Comment voyez-vous la coopération entre l’Afrique noire et la Tunisie?
H. E. M. : La production de médicaments génériques est devenue très stratégique pour la Tunisie. D’ailleurs, vous avez constaté, au cours du salon, que la spécialité majeure des exposants, ce sont les génériques. Nous avons un nouveau programme (qui date d’un an) d’assurance maladie qui aussi a poussé l’industrie pharmaceutique à produire des génériques. Donc aujourd’hui, la Tunisie dans ses ambitions a pour but de devenir un pôle arabo-africain de production de médicaments génériques.
N.V. : C’est dire que la population tunisienne a un accès facile aux médicaments à des tarifs préférentiels ?
H.E.M. : Forcément, qui dit médicaments génériques dit un tarif préférentiel et d’ailleurs assez compétitif. Donc, les médicaments sont accessibles à tous pour une médication plus élargie pour tout le monde.
N.V. : Vous avez dit que ce salon se voulait un lieu de rencontre, mais on n’a pas assez vu de laboratoires venant de l’Afrique noire…
H.E.M. : On peut expliquer cela par le fait que ce salon a démarré lentement et à un moment, il y a eu un élan exceptionnel. Nous avons envoyé des invitations officielles à beaucoup de pays africains. Notamment, au Mali, au Niger, au Burkina Faso, au Sénégal, à la Côte d’Ivoire. Mais tout le monde n’a pas répondu présent. Il faut dire aussi que ce salon est tombé dans une période de fin d’année où beaucoup de gens ont leurs programmes. D’ailleurs, on remercie vraiment tous ceux qui ont pu venir en Tunisie parce que ce n’était pas évident. L’année prochaine, le salon sera plus étoffé.
N.V. : La Tunisie fabrique 47% de ses médicaments. Qu’est-ce qui explique selon vous cette situation ?
H.E.M : Aujourd’hui, la Tunisie fabrique beaucoup de médicaments et arrive à assurer environ 50% des besoins de sa population. Ce qui est un chiffre, on va dire correct, pour nous. Dans le futur, on a envie d’aller vers 60 ou 70% d’autonomie parce que finalement les autres 50%, ils sont importés d’Europe ou d’autres pays. Nous voulons nous libérer au maximum. Après l’année 1987, le président Ben Ali a beaucoup encouragé les industriels locaux. On a bénéficié de beaucoup d’aide de l’Etat pour la mise à niveau de ce secteur et cela nous a permis d’être au niveau où nous sommes aujourd’hui.
N.V. : Concrètement, cette aide consiste à quoi ?
H.E.M. : On a bénéficié de beaucoup de lois. Je sais que j’ai assisté à des lois de protectionnisme qui nous ont aidé beaucoup. Il y a eu par exemple la loi de corrélation qui est fini maintenant, mais qui nous a permis de nous développer.
N.V. : Soyez plus explicite…
H.E. M. : Une loi de corrélation, cela veut dire que si un médicament est fabriqué localement, il n’y a pas lieu de l’importer. Mais, ça été autorisé jusqu’en 2007. Et elle nous a permis de faire connaître nos génériques et d’avoir un point d’avant. On a eu aussi une loi qui nous permettait de ne pas respecter les brevets jusqu’en 2004. Ça nous a permis d’enregistrer des médicaments qui étaient très très chers et d’être sur le marché. Et l’on a eu des subventions de l’Etat pour la mise à niveau. On a eu beaucoup d’aide de l’Etat. Parfois même, par rapport aux impôts, on remettait le compteur à zéro.
N.V : Vous avez parlé de coopération sud-sud également. Comment va-t-elle se passer ?
H.E.M. : A mon avis, la coopération sud-sud est primordiale pour nous. Je pense aujourd’hui que la Tunisie a beaucoup plus de facilité de pénétrer le marché africain que celui de l’Europe. D’abord, par rapport à l’Afrique, il y a la proximité. Parce que nous sommes aussi africains. Bon, il y a toujours une préférence vers l’Afrique sub-saharienne francophone, parce que nous sommes francophone. Je pense qu’il faut mettre des dispositions claires et qu’on mette des institutions réglementaires pour réglementer les procédures pour pourvoir le flux de ces médicaments de la Tunisie vers l’Afrique. Parce que j’ai l’expérience avec la Libye où, on a vu qu’il y avait beaucoup de médicaments Tunisiens en Libye qui ne passent pas par un flux normal. C’est par des trafiquants. C’est des médicaments quand même. Donc, il faut avoir des normes de stockage, des normes de transport très importantes de distribution.
N.V. : Est-ce que vous avez commencé l’exportation de vos médicaments vers l’Afrique noire ?
H.E.M. : La Tunisie en général exporte pour environ 20 millions de dinars de médicaments. Elle exporte pour l’Afrique.
Interview réalisée à Jasmine Hammamet (Tunis) Par Coulibaly Zié Oumar
Notre Voie : Madame, quelle est l’originalité de cette manifestation que vous avez organisée ?
Holya El Materi : L’originalité de ce premier salon international de la pharmacie, de la parapharmacie et du bien-être a été le fait que pour la première fois un salon pharmaceutique est placé sous le haut patronage de Son Excellence Ben Ali, président de la République de la Tunisie. Il (le salon) a aussi eu le privilège d’être international. La preuve, vous êtes parmi nous, nous avons accueilli beaucoup de pays amis et voisins des pays africains ou maghrébin, européens, belges, français, italiens ; donc ce n’est plus qu’un salon. Aujourd’hui en Tunisie, on arrive à 41 industries pharmaceutiques, on a tous des médicaments de qualité et nous sommes prêts à exporter nos médicaments qui respectent toutes les normes internationales.
N.V. : Concernant les génériques, on voit aussi que la Tunisie est en train de tirer son épingle du jeu. Par contre en Afrique, l’accès aux médicaments pose problème. Comment voyez-vous la coopération entre l’Afrique noire et la Tunisie?
H. E. M. : La production de médicaments génériques est devenue très stratégique pour la Tunisie. D’ailleurs, vous avez constaté, au cours du salon, que la spécialité majeure des exposants, ce sont les génériques. Nous avons un nouveau programme (qui date d’un an) d’assurance maladie qui aussi a poussé l’industrie pharmaceutique à produire des génériques. Donc aujourd’hui, la Tunisie dans ses ambitions a pour but de devenir un pôle arabo-africain de production de médicaments génériques.
N.V. : C’est dire que la population tunisienne a un accès facile aux médicaments à des tarifs préférentiels ?
H.E.M. : Forcément, qui dit médicaments génériques dit un tarif préférentiel et d’ailleurs assez compétitif. Donc, les médicaments sont accessibles à tous pour une médication plus élargie pour tout le monde.
N.V. : Vous avez dit que ce salon se voulait un lieu de rencontre, mais on n’a pas assez vu de laboratoires venant de l’Afrique noire…
H.E.M. : On peut expliquer cela par le fait que ce salon a démarré lentement et à un moment, il y a eu un élan exceptionnel. Nous avons envoyé des invitations officielles à beaucoup de pays africains. Notamment, au Mali, au Niger, au Burkina Faso, au Sénégal, à la Côte d’Ivoire. Mais tout le monde n’a pas répondu présent. Il faut dire aussi que ce salon est tombé dans une période de fin d’année où beaucoup de gens ont leurs programmes. D’ailleurs, on remercie vraiment tous ceux qui ont pu venir en Tunisie parce que ce n’était pas évident. L’année prochaine, le salon sera plus étoffé.
N.V. : La Tunisie fabrique 47% de ses médicaments. Qu’est-ce qui explique selon vous cette situation ?
H.E.M : Aujourd’hui, la Tunisie fabrique beaucoup de médicaments et arrive à assurer environ 50% des besoins de sa population. Ce qui est un chiffre, on va dire correct, pour nous. Dans le futur, on a envie d’aller vers 60 ou 70% d’autonomie parce que finalement les autres 50%, ils sont importés d’Europe ou d’autres pays. Nous voulons nous libérer au maximum. Après l’année 1987, le président Ben Ali a beaucoup encouragé les industriels locaux. On a bénéficié de beaucoup d’aide de l’Etat pour la mise à niveau de ce secteur et cela nous a permis d’être au niveau où nous sommes aujourd’hui.
N.V. : Concrètement, cette aide consiste à quoi ?
H.E.M. : On a bénéficié de beaucoup de lois. Je sais que j’ai assisté à des lois de protectionnisme qui nous ont aidé beaucoup. Il y a eu par exemple la loi de corrélation qui est fini maintenant, mais qui nous a permis de nous développer.
N.V. : Soyez plus explicite…
H.E. M. : Une loi de corrélation, cela veut dire que si un médicament est fabriqué localement, il n’y a pas lieu de l’importer. Mais, ça été autorisé jusqu’en 2007. Et elle nous a permis de faire connaître nos génériques et d’avoir un point d’avant. On a eu aussi une loi qui nous permettait de ne pas respecter les brevets jusqu’en 2004. Ça nous a permis d’enregistrer des médicaments qui étaient très très chers et d’être sur le marché. Et l’on a eu des subventions de l’Etat pour la mise à niveau. On a eu beaucoup d’aide de l’Etat. Parfois même, par rapport aux impôts, on remettait le compteur à zéro.
N.V : Vous avez parlé de coopération sud-sud également. Comment va-t-elle se passer ?
H.E.M. : A mon avis, la coopération sud-sud est primordiale pour nous. Je pense aujourd’hui que la Tunisie a beaucoup plus de facilité de pénétrer le marché africain que celui de l’Europe. D’abord, par rapport à l’Afrique, il y a la proximité. Parce que nous sommes aussi africains. Bon, il y a toujours une préférence vers l’Afrique sub-saharienne francophone, parce que nous sommes francophone. Je pense qu’il faut mettre des dispositions claires et qu’on mette des institutions réglementaires pour réglementer les procédures pour pourvoir le flux de ces médicaments de la Tunisie vers l’Afrique. Parce que j’ai l’expérience avec la Libye où, on a vu qu’il y avait beaucoup de médicaments Tunisiens en Libye qui ne passent pas par un flux normal. C’est par des trafiquants. C’est des médicaments quand même. Donc, il faut avoir des normes de stockage, des normes de transport très importantes de distribution.
N.V. : Est-ce que vous avez commencé l’exportation de vos médicaments vers l’Afrique noire ?
H.E.M. : La Tunisie en général exporte pour environ 20 millions de dinars de médicaments. Elle exporte pour l’Afrique.
Interview réalisée à Jasmine Hammamet (Tunis) Par Coulibaly Zié Oumar