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Économie Publié le jeudi 8 janvier 2009 | Fraternité Matin

Eau et électricité : Le Groupe Sodeci-Cie au bord du gouffre à Bouaké

La crise militaro-politique du 19 septembre 2002 est le prétexte avancé par les abonnés du groupe de la Société de distribution d’eau de Côte d’Ivoire (Sodeci) et de la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) de la ville de Bouaké qui refusent systématiquement de payer leurs consommations. En tout cas, le directeur régional de la Sodeci de Bouaké, Coulibaly Damase, dont l’entreprise compte à ce jour 27.000 abonnés, dans la capitale du centre, ne voit pas une autre raison. Pour lui, la crise a désorganisé le tissu administratif, économique et social de la ville de Bouaké, réduisant ainsi le pouvoir d’achat des fonctionnaires, des travailleurs du secteur privé et des populations. Malgré toutes ces difficultés, indique-t-il, les travailleurs de sa société, au plus fort de la guerre, ont pris le risque de rester à leur poste. Pour continuer d’assurer la production d’eau et éviter la survenue de problèmes de santé imputables à la qualité de l’eau. Après cette période difficile qui a requis d’énormes sacrifices à la direction régionale de la Sodeci, il a jugé bon de facturer, à nouveau, à partir de 2005, la consommation d’eau. Mais, M. Coulibaly et ses collaborateurs se sont heurtés au refus de leurs clients, prétextant que Bouaké a été déclarée zone de guerre. Et que ce faisant, ils ne peuvent pas payer leurs facteurs. Ce que rejette le directeur régional de la Sodeci qui estime qu’avec le redéploiement des établissements financiers et du trésor, ses clients devaient pouvoir reprendre le paiement de leurs consommations d’eau et d’électricité. Afin, dit-il, de «sauver cet outil de production qui traverse aujourd’hui de véritables difficultés financières. Dues au non-paiement des arriérés de factures d’eau par l’administration ivoirienne et surtout au refus des clients de Bouaké et de toute la zone centre, nord et ouest d’honorer leurs factures d’eau». Cela, poursuit-il, crée un véritable manque à gagner qui se chiffre à plusieurs milliards de francs CFA. Au niveau de sa direction, c’est pratiquement toutes les factures émises durant ces six dernières années qui sont restées impayées. En dépit de cela, soutient-il, la Sodeci continue de servir les populations de la ville de Bouaké et celles de toutes les zones Cno en eau, grâce à la politique mise en place par la direction générale, qui consiste à ne pas priver d’eau les populations de cette partie de la Côte d’Ivoire. M. Coulibaly révèle que les installations de la Sodeci en zone Cno sont entretenues grâce aux ressources en provenance des directions régionales situées en zone gouvernementale. Pour sa part, le directeur régional adjoint de la Cie de Bouaké, Anzan Kouassi, qui revendique 70.000 abonnés, dit ne pas comprendre le refus de ses clients, depuis le 19 septembre 2002, de payer leurs factures d’électricité. «Alors que durant toutes ces années, nous n’avons jamais cessé de leur fournir l’électricité. Parce que dans le contrat qui lie chaque client à la compagnie, il est stipulé que celle-ci leur fournit l’électricité et en retour, il paye la facture d’électricité qui lui est remise», soutient-il. Pour lui, la Cie jouant sa partition, il appartient aux abonnés de respecter leurs engagements vis-à-vis de cette entreprise. Car le manque à gagner que cette situation a occasionné est énorme. En décembre 2006, lorsqu’on lui avait demandé de faire le point de toutes leurs indisponibilités pour permettre au réseau d’être en bon état, ne serait-ce que celui de la ville de Bouaké, le préjudice avait été évalué à plusieurs milliards de francs CFA. Malheureusement, fait-il remarquer, la situation a empiré. Du fait de l’accentuation du vandalisme, du pillage et des vols de matériel. Ainsi, il a avoué que le réseau qui était déjà défaillant s’est considérablement détérioré. Et cela se ressent au niveau de la ville avec les pannes à répétition sur le réseau. Et M. Anzan de continuer à se plaindre: «Il y a certaines personnes qui font des activités lucratives avec l’électricité et leurs services sont payés par leurs clients respectifs. Mais ces mêmes personnes refusent à leur tour de régler les factures de la Cie.». Il reconnaît toutefois que quelques-uns payent convenablement leurs factures d’électricité. Malheureusement, cela ne représente pas grand-chose à côté des montants qui étaient recouvrés en temps normal. A cette poignée de bons payeurs sont associés les plus gros, communément appelés les clients industriels qui, malgré les problèmes qui sont les leurs, payent correctement leurs consommations d’électricité. Le directeur adjoint de la Cie révèle que ses plus gros soucis sont les ménages qui sont très hostiles à la distribution des factures. Et quand la Cie, pour les sanctionner, décide de leur suspendre la fourniture du courant, «ils se dressent contre elle». Ainsi, en novembre 2007, la direction régionale de Bouaké a essuyé le courroux de ses abonnés parce qu’elle a menacé de leur suspendre la fourniture d’électricité pour le non-paiement des factures. Pour manifester leur colère, ils se sont déportés à la Cie et ont tenté de casser et d’incendier leurs locaux. Non satisfaits, ils se sont déportés sur le secteur de la Cie de Dougouba où ils ont effectué des casses. Alors que la direction de la Cie venait de le réhabiliter à 25.000.000 de francs CFA. Compte tenu de toutes ces difficultés, il a déclaré que sa direction ne dispose plus de moyens nécessaires permettant de faire des opérations d’envergure comme par le passé.
Adjé Jean-Alexis
Correspondant régional
Option : Victimes ou fossoyeurs?
Si, au début de la guerre, tout était réuni pour qu’on fasse preuve d’indulgence vis-à-vis des personnes qui ne payaient pas leurs factures d’eau et d’électricité dans les zones Cno - parce que considérées comme victimes de la crise-, il est aujourd’hui incompréhensible voire intolérable que ces mêmes personnes refusent d’honorer leurs engagements citoyens à l’égard de la Sodeci et de la Cie. Incompréhensible et intolérable parce qu’au moment où tout le monde s’accorde à réclamer la réunification du pays et le redéploiement des services de l’Etat, l’on ne saurait admettre que d’aucuns se comportent en véritables fossoyeurs de l’économie nationale. En se refusant à payer leurs dettes vis-à-vis de l’Etat (taxes diverses, impôts, quittances Sodeci-Cie, etc). Car rien ne justifie qu’à l’heure de la réunification, les habitants d’une partie du pays soient soumis aux impératifs de la loi et que de l’autre côté (zone Cno), les citoyens se complaisent dans la facilité en se soustrayant à la rigueur de cette même loi. C’est le lieu d’interpeller les autorités des Forces nouvelles afin qu’elles aident l’Etat et ses services à fonctionner correctement dans leur zone. Les responsables régionaux de la Sodeci-Cie de Bouaké font état de ce qu’ils sont brutalisés par ceux qui refusent de payer leurs factures, s’ils décident de suspendre leur fourniture pour factures impayées. Pendant ce temps, que font les éléments des Fafn censés assurer la sécurité des personnes et des biens? Seraient-ils complices des mauvais payeurs au moment où leur leader, le secrétaire général du Mpci et Premier ministre, Soro Guillaume, passe des nuits blanches à rechercher les moyens de faire fonctionner l’Etat dans toutes ses composantes?
Ce qui se passe dans les zones Cno, avec le non-paiement des factures par les populations, est une preuve supplémentaire de ce que malgré les discours trompeurs, le pays est bel et bien divisé. Entre ceux qui sont soumis à la rigueur de la loi et ceux qui, sous prétexte de la crise, bottent tout en touche, s’installant ainsi dans une situation de hors-la-loi et qui se font des fortunes diverses sur le dos de l’Etat. Ces personnes, on en trouve aussi bien dans les zones Cno que dans la partie gouvernementale. C’est à ces prédateurs que s’adressait le 31 décembre dernier l’archevêque d’Abidjan, Mgr Jean Pierre Kutwa, lorsqu’il disait au cours de la messe pour la paix que certains prennent prétexte de la crise pour s’adonner à des pratiques peu recommandables et pour ne pas accomplir leurs devoirs. Depuis l’Accord politique de Ouagadougou, la situation s’est considérablement améliorée en Côte d’Ivoire. De sorte que les uns et les autres peuvent valablement œuvrer à un retour à la vie normale là où ils se trouvent. Cela suppose qu’on jouisse de ses droits. Mais qu’on s’acquitte aussi de ses devoirs. Dans sa mission régalienne, l’Etat devra tout mettre en œuvre pour aider les citoyens à se conformer aux normes républicaines. C’est aussi cela vouloir la paix et la réunification du pays.
par Abel Doualy
Des rencontres sans suite
Le directeur de cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles (Fn), le colonel major Bamba Sinima, a affirmé tout net qu’on ne peut pas dire de façon formelle que la reprise du paiement des factures émises par le groupe Sodeci-Cie n’est pas effective dans les zones Cno. Parce que tout simplement elle n’a jamais été interrompue. En dehors de Bouaké où cette opération a été suspendue devant le refus des populations d’honorer leurs engagements vis-à-vis des deux entreprises. Néanmoins, il a reconnu que le taux de fréquentation de leurs guichets a énormément diminué. Toutefois, il pense que les choses rentreront bientôt dans l’ordre parce qu’une sensibilisation des abonnés de ces sociétés qui traînent encore les pas a été entreprise. Le colonel major Bamba Sinima, a soutenu qu’à l’époque, les responsables des Forces nouvelles et ceux de la Sodeci et la Cie ont eu une série de rencontres pour trouver des solutions idoines à cette situation. Et ils ont eu à faire des propositions dont la mise en oeuvre dépendait d’une part, des dirigeants de ces deux entités et d’autre part, du gouvernement ivoirien. Mais, selon lui, jusqu’à présent, toutes sont restées sans résultat. Cependant, le cabinet du Secrétaire général a été saisi il y a quelques jours par la primature d’un courrier émanant du président du conseil d’administration (Pca) du groupe Sodeci-Cie adressé au Premier ministre pour lui demander son appui pour la reprise de la facturation normale dans les zones centre, nord et ouest. Il a noté que le vœu du patron de ce groupe devait se traduire dans les faits depuis le 1er octobre 2008. Mais au niveau du cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles, ils ont demandé et obtenu un délai supplémentaire afin d’avoir des séances de travail avec les responsables de la Sodeci-Cie sur les dispositions à prendre pour sensibiliser de façon sérieuse les populations de Bouaké et des autres zones Cno. Pour éviter d’être encore confronté à leur refus de payer leurs factures d’eau et d’électricité. Aussi le directeur de cabinet du secrétaire général des Forces nouvelles a été on ne peut plus clair. Il a affirmé qu’il n’a jamais été question que les populations des zones sous leur contrôle ne reprennent le payement des factures d’eau et d’électricité qu’après les élections générales. Seulement, il a fait remarquer que les Forces nouvelles sont en train de chercher les meilleures voies qui puissent permettre aux populations de s’acquitter de leur devoir vis-à-vis de la Sodeci et de la Cie. Car ce n’est un droit pour personne de se faire livrer gratuitement de l’eau et de l’électricité sous prétexte que le pays est en crise. Alors que ces deux structures sont à présent en proie à des difficultés. Et risquent de mettre la clé sous le paillasson, si rien n’est fait. C’est pourquoi, il a exhorté les populations à se préparer à payer de nouveau leurs factures d’eau et d’électricité afin de permettre à la Sodeci et la Cie de reprendre pleinement leurs activités dans les zones Cno.
Adjé Jean-Alexis
Correspondant régional
Focus : Des propositions
Pour les populations de Bouaké, le problème qui les oppose au groupe Sodeci-Cie est essentiellement dû à la paupérisation très avancée de leur région. Elles sont conscientes que le fait qu’elles ne payent pas leurs factures d’eau et d’électricité n’est pas à l’avantage de ces deux entreprises. Pour Mme Konan Thérèse, enseignante dans un établissement de la place, cet état de fait n’est pas seulement l’affaire du Président Laurent Gbagbo mais de toute la Côte d’Ivoire. Qui, à travers ce groupe, perd depuis plus de six ans, des milliards de francs CFA. Ce qui, si l’on y prend garde, pourrait occasionner des licenciements massifs en son sein. C’est pourquoi, Mme Konan a exhorté les Ong de la ville, à sillonner villes et villages pour sensibiliser les populations afin qu’elles acceptent de mettre fin à cette regrettable situation. Car les Ivoiriens devraient conjuguer, dans tous les domaines, leurs efforts pour sortir la Côte d’Ivoire des sentiers battus. Quant à Ouattara Adama, également habitant de Bouaké, il a affirmé que compte tenu des difficultés économiques de la région, les populations ne disposent plus de moyens pour faire face à leurs charges quotidiennes. Il appartient donc aux responsables dudit groupe d’approcher leurs abonnés et de discuter avec eux afin de trouver des formules de paiement des factures. De son côté, Félix Yébouet, un autre habitant, a fait savoir qu’il attendait la réalisation de la promesse d’annulation de toutes les factures de 2002 jusqu’à ce jour. Car les populations ne vont jamais accepter de régler ces arriérés compte tenu de la crise. Pour Koné Ahmed, Bouaké est une zone sinistrée. Et la situation est devenue intenable pour ses habitants tellement la misère et le chômage vont grandissant. Cela, a-t-il soutenu, favorise le banditisme et l’insécurité surtout avec la dernière évasion d’une trentaine de prisonniers de la Maison d’arrêt et de correction de Bouaké. Il souhaite donc l’organisation des prochaines élections qui vont permettre au pays de se réunifier, de retrouver son autorité sur tout l’ensemble du territoire national avec le fonctionnement de toutes les institutions de la République.
A. Jean-Alexis
Repères
Réhabilitation. L’Union européenne a débloqué un important financement pour la réhabilitation du réseau de l’éclairage public de la ville de Bouaké. Cela lui a permis depuis quelques semaines de changer de visage. Gaspillage. Certains abonnés du groupe Sodeci-Cie de la ville de Bouaké, vu qu’ils ne payent pas pour l’instant les factures d’eau et d’électricité, font du gaspillage ; laissant couler l’eau et allumant les ampoules et climatiseurs à longueur de journée. Manque d’eau. Malgré les efforts que consentent chaque jour les agents de la Sodeci pour que toute la population ait de l’eau, il y a malheureusement certains quartiers tels que Broukro, Zone, Sokoura, etc. qui en manquent cruellement. Guichets fermes. Les guichets du groupe Sodeci-Cie sont fermés depuis plus de six ans parce que leurs clients ne fréquentent plus ces lieux. Les caissières qui se tournaient les pouces ont été affectées à d’autres tâches en attendant. Redéploiement. Compte tenu de la baisse drastique de leurs activités en zone Cno, les directions régionales du groupe Sodeci-Cie ont été contraintes de redéployer leur personnel en zone gouvernementale où les activités sont intenses. Panne. Quand surviennent des pannes sur le réseau électrique, la direction régionale de la Cie de Bouaké, dépourvue de tous moyens financiers, sollicite la contribution des abonnés pour procéder aux réparations.
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