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Politique Publié le vendredi 9 janvier 2009 | Le Repère

Le camp présidentiel récule - Le corps de Guéï à Kabakouma en échange d`une visite de Gbagbo à l`Ouest

Gbagbo ira-t-il un jour en visite à l'ouest ? Rien n'est moins sûr. Mais ses hommes cravachent dur pour que ce voyage annoncé il y a déjà près de 2 ans ait enfin lieu. La dernière trouvaille en date est le convoyage de la dépouille du général Guéi à Kabakouma afin que les sérieuses oppositions à la visite de Gbagbo soient levées.

Initialement prévu pour le 15 mars 2008, le voyage de Gbagbo Laurent dans la région de l'ouest montagneux ivoirien, après moult hésitations et tractations n'a jusque-là jamais été réalisé. Les raisons sont nombreuses. " Je vais aller à l'ouest, et à mon retour, je vais consulter le Conseil Constitutionnel pour fixer la date des élections " avait dit Gbagbo Laurent au début de 2008. Mais, depuis, il n'y est pas allé. Cela ne l'a pas empêché de fixer la date du premier tour de la présidentielle au 30 novembre puis au 15 décembre 2008. Cette phrase, à elle seule, traduit combien le Chef de l'Etat tient à ce voyage à l'ouest qui est devenu, non une routine républicaine, mais bien un challenge pour lui, mais aussi et surtout une condition non négligeable pour sa campagne électorale à l'ouest. La raison en est toute simple. La région des Montagnes est la région natale du général Robert Guéi, ex-chef de l'Etat (décembre 1999-octobre 2000) qui trouva la mort, dès les premières heures de la guerre déclenchée le 19 septembre 2002. Dans des conditions non encore élucidées. L'ouest montagneux est désigné par beaucoup comme le Guéiland, où tout est acquis à la cause du défunt Général. Les conditions de son assassinat, que les différentes enquêtes ouvertes ont du mal à élucider, restent un mystère. Bien de choses ont été dites et écrites, mais le pouvoir, la voix officielle, n'a toujours rien dit de concret et de convaincant. L'ouest est donc encore et toujours en droit d'attendre du Chef de l'Etat des explications.

Il s'agira pour lui aujourd'hui de convaincre l'ouest qu'il ne sait rien de la mort du Général Guéi, ce qui n'est pas un jeu aisé. Aussi, pour y aller, Gbagbo a-t-il pensé à mettre en avant ceux des ressortissants de cette région qu'il a pu mettre à ses bottes. "Au nom de la République". Les plus en vue sont Tia Koné, président de la Cour suprême, Bleu Lainé, ministre de l'Education Nationale, Noutoua Youdé Célestin, président du Conseil Général de Danané. Gbagbo veut donc se rendre à l'ouest pour non seulement prendre tout le monde de court, mais aussi et surtout tenter un passage en force et tuer en eux les appréhensions et interrogations quant à l'assassinat du Général Guéi. Seulement, le plan de préparation de ce voyage n'a jusque-là pas marché. Le président Tia Koné, qui est le plus actif pour assouplir les positions, avait déjà dit dans une interview publiée par "Le Patriote" du lundi 05 mars 2008: " … J'ai entendu souvent, à travers le pays, un certain nombre d'accusations dénudées de tout fondement au sujet de la mort de Gueï Robert. Je suis allé expliquer à mes parents de Kabakouma que nous ne sommes pas des dieux pour savoir exactement qui a tué Guéï…Il y a d'ailleurs cet adage qui dit : quand un homme tombe, il y a un autre homme qui reste. Voyez vous, c'est très sage. Ils sont parvenus aujourd'hui à se dire que Guéï est tombé, il faut que la vie continue. Il suffit que les cadres eux-mêmes comprennent cet état d'esprit. La mort d'un frère fait mal. Mais on ne peut pas toujours rester dans les larmes.… "

Mais apparemment le discours n'est pas passé. Et des populations, au cours de la tournée de Tia Koné ont eu à le lui dire. C'est du reste pour cela que Tia Koné avait ajouté : "… Gueï était un faiseur de paix. Il nous a toujours conseillé de ne pas nous en vouloir les uns et les autres. Les parents à Biankouma attendent le Président dans la fraternité. Certes, une fois là bas, ils auront des discussions, mais j'ai souhaité que ces discussions soient fraternelles et amicales pour que le Président ait le temps de se mettre en devoir d'apporter le développement à la région… " C'est dire combien les populations attendent Gbagbo. Et pas seulement pour lui chanter une aubade, mais pour échanger avec lui.

Il va sans dire que la tâche de Gbagbo, mais surtout celle de ceux qui doivent préparer ce voyage n'est pas aisée. Comme le disait Dan Ouello, député de Danané : " … Ce sera donc l'occasion pour les populations de l'Ouest d'entendre Gbagbo leur dire enfin qui a tué le Général Guéi et qui a envoyé les Mi-24 et les forces Lima les tuer. Je crois que c'est une occasion que nos populations attendent. ".

La question de l'assassinat du Général Guéi, dont les parents continuent de réclamer la dépouille mortelle est comme un os dans la gorge du régime Gbagbo. Et comme s'il ne vient de le comprendre, Tia Koné, au cours d'une conférence de presse animée le 26 décembre 2008 à Man, n'a pu cacher la gêne qui était la sienne. Pour expliquer l'enterrement du Général à Abidjan, il a dit : "J'avais de la peine de voir constamment le corps de Guéi à la morgue, changer chaque jour de couleur. Quatre ans dans la glace, c'était trop! Il fallait qu'on l'enlève de là". Le Président de la Cour suprême qui n'a rien fait pour que le corps de Guéi aille à Kabakouma pour y être enterré une bonne fois a alors estimé qu'on ne saurait "enterrer Guéi sans la participation de ses parents. …C'est de toutes ces questions que la délégation conduite par l'aîné Sery Gnoléba et qui arrive bientôt, ira débattre avec les parents à Kabakouma… Au cas où ils voudraient que le corps revienne, ils le feront savoir et, ensemble, ils trouveront une date pour son enterrement. Dans le cas contraire, le corps restera à Abidjan et on fera ce qu'il y a à faire ". Une reculade du camp Gbagbo après tant de joutes oratoires avec les militants de l'UDPCI et les membres de la famille qui demandaient l'enterrement de Guéi à Kabakouma. La vraie raison de cette nouvelle démarche est de pouvoir apaiser les uns et les autres pour que Gbagbo puisse enfin aller à l'ouest. C'est donc à un échange qu'on se prépare. On rend le corps de Guéï à ses parents pour que Gbagbo accède à Biakouma.

ouattara cherif
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