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Politique Publié le lundi 12 janvier 2009 | Le Temps

Debauchage - recrutements politiques - Francis Wodié se trompe

Au cours de son intervention à la télévision 1ère Chaîne, Francis Wodié, président du Pit, a montré sa colère contre ceux qui ont débauché des cadres de son parti. Sur la gestion d`un parti et l`aptitude à le faire avancer, il se trompe lourdement. Le jeudi 8 janvier 2009, après le journal de 20 heures, le Pr Francis Wodié, Président du Parti ivoirien des travailleurs (Pit), était en direct, l`Invité de la Première (Rti). L`émission de Brou Aka Pascal, lui a permis d`emboucher une rhétorique d`homme politique conscient du fait que la télévision est un enjeu politique majeur. Si, en bien des points de son analyse de la situation sociopolitique, l`homme a présenté une vision compréhensible, sur bien d`autres, dont le débauchage et le recrutement politiques, il nous a étonnés. Il en veut terriblement au Fpi et à son fondateur, Laurent Gbagbo, de lui avoir pris des militants. Pour lui, le Fpi veut détruire son parti, pourtant lui-même se garderait de débaucher les militants d`autres formations politiques. Francis Wodié éprouve donc de la pudeur à débaucher des militants des autres partis. Mais comment fait-il donc ses recrutements, la mobilisation et l`implantation de son parti ? Comment entend-il agrandir son parti, s`il ne peut pêcher dans les autres formations ? Veut-il recruter uniquement dans la société civile, qui a elle aussi sa raison d`être et de demeurer neutre ? Pense-t-il encore que dans une société ivoirienne aussi politisée depuis quelques années, il y a suffisamment de femmes et d`hommes simples non engagés, et aussi d`un certain niveau intellectuel, que son discours peut basculer au point de faire de son parti une force réelle ? Ou alors l`intello Francis recrute sur Mars ? Nous comprenons pourquoi le Pit demeure une formation marginale. Car autant Wodié a pris conscience qu`être absent aux élections, a été dommageable à son parti en 1990, autant le débauchage politique - de gros "poissons"-, avec le boucan qui l`accompagne, a un effet psychologique entraînant, bénéfique à celui qui le réussit. La pudeur du président du Pit lui colle l`image d`un leader sans charisme, ni politique mobilisatrice sérieuse. S`il est bon de recruter des militants anonymes, électeurs, il est également très utile d`avoir dans le parti, des cadres, capables de concevoir des programmes, d`influencer l`organisation du jeu démocratique, d`expliquer à l`opinion les choix électoraux et les données du débat politique. Il faut des militants de haut niveau, à même d`étudier et d`interpréter les informations parvenues de la société civile et de représenter le parti aux élections. Dans nos sociétés, le rôle du boucan politique n`est pas négligeable. Il joue sur la conscience et l`opinion. Il donne une idée des rapports de forces et démontre la vitalité du parti. L`adhésion à un parti politique est semblable à la signature d`un traité. Ce dernier peut s`estomper quand le signataire constate un changement qui invalide les effets du traité. Le départ du cadre du parti, fragilise cette formation. Exactement comme chaque changement d`orbite d`un électron s`accompagne d`une absorption d`énergie, si cet électron s`éloigne du noyau.
Le débauchage, la transhumance politique et le simple changement de camp, en somme ce jeu d`entrées et de sorties, est une vieille réalité propre aux associations et groupements d`êtres vivants. En côte d`Ivoire, ce genre de ballets entre partis politiques est fréquent. Le Pdci qui en a le plus souffert, n`en est pas si rancunier. La pudeur de Wodié s`explique mal, dans la mesure où les religions et les sectes, berceau de l`éthique, pratiquent bien le débauchage et communiquent fièrement sur ces recrutements, à travers des témoignages publics. Que fait le patron du Pit pour que son parti soit moins confiné, ou objet d`acharnement ? Fait-il de son parti, la Russie avant (seul le Parti communiste de l`Union soviétique - PCUS, règne) ou après 1991 ? La parole y est-elle plus libérée ou alors encore un luxe ? Wodié se laisserait-il surprendre par la mutation de la société ivoirienne ? Haut intellectuel, il doit se rallier à l`idée que "le pouvoir ne réside plus dans le poste hiérarchique qu`il occupe mais dans sa capacité à donner à l`organisation et surtout aux équipes qui sont en contact avec" la base, un sens à l`action, comme le dirait un spécialiste en management. Mais Wodié satisfait plutôt sa vision cartésienne de la politique, avec sa quasi-concentration de la parole et ses propositions surannées dont la conférence nationale, en 2009. De même, tant qu`il considérera son parti comme le parti des intellectuels, les autres formations y viendront pêcher des cadres. Ce, pour les aider à faire émerger leurs projets de société et programmes de gouvernement, de la sensibilité et de l`imagination, dans l`entendement et la conceptualisation réels. Voilà comment Francis Wodié se trompe.

Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr
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