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Politique Publié le lundi 12 janvier 2009 | Nord-Sud

Crise au sein du RDR France : Gnizako Gogoua a démissionné

Le chef du Rdr dans l’Hexagone, Vincent Gnizako Gogoua a rendu le tablier, il y a quelques jours. Sur les raisons de cette démission-surprise, les avis divergent. Les militants, eux, interpellent les premiers responsables de la rue Lepic à Abidjan.

La délégation générale du Rdr en France n’a plus de chef ! Vincent Gnizako Gogoua, le délégué général nommé par le président du parti Alassane Ouattara a jeté l’éponge, usé par près de quatorze années de fonction. Vincent Gnizako a effectivement adressé mercredi 7 décembre une lettre de démission au leader des républicains. Le courrier a été déposé au cabinet parisien d’ADO qui devrait se charger de le transmettre au destinataire. Comme une traînée de poudre, la rumeur d’une probable démission a circulé dans les milieux du Rdr à Paris. Joint par de nombreux militants pour comprendre les motivations de ce retrait, l’intéressé, lui, préfère entretenir le mystère. Soucieux, selon lui de ne pas en faire une affaire publique. Samedi, au cours d’une rencontre avec des militants, le secrétaire national aux élections Sanogo Mamadou, et son collègue chargé des militants de l’extérieur, Idriss Traoré n’ont pu de leur côté éclaircir la lanterne des militants invités à une réunion d’information sur les élections. A défaut d’une confirmation, chacun y va de son commentaire. L’histoire de cette démission-surprise a commencé au début du mois. En effet, 3 janvier, à quelques minutes du début d’une réunion convoquée par Idriss Traoré, le délégué général lui tend une lettre de démission. Passés les moments de surprise, M. Traoré refuse de prendre la missive ; ce qui pourrait être interprété comme une acceptation. C’est aussi une énorme responsabilité que de prendre une telle lettre. La réunion est alors ajournée, en raison du départ précipité du délégué général. Dès cet instant, l’affaire s’ébruite et les supputations partent dans tous les sens.


Vif échange téléphonique

L’une des principales causes de cette démission serait selon plusieurs témoignages, un vif échange téléphonique entre le secrétaire de la section Paris Ile de France 1, en l’occurrence Bakary Dosso et le délégué. Le premier cité confirme les échanges discourtois suite au choix du représentant du Rdr au sein de la présidence locale de la Cei qui doit être installée ces jours-ci. Mais il marque son étonnement, en raison du caractère privé de cet entretien. « Un échange téléphonique privé peut-il entraîner la démission de quelqu’un ? Je me suis simplement opposé au choix unilatéral du délégué qui une fois encore a privilégié un membre de sa section », se défend Bakary Dosso. Qui ne cache pas sa surprise et son exaspération devant l’attitude de son premier responsable. Mais que dit le démissionnaire, lui-même ? Sur les raisons de son retrait, M. Gnizako n’entend pas vraisemblablement s’étendre. Raison pour laquelle il se montre très peu loquace devant les incessantes interrogations des militants. « Je pars pour des raisons personnelles. Je souhaite que cette démission reste strictement privée. Je souhaite vivre autrement », nous a-t-il confié, quelque peu contrarié. Après une quinzaine d’années passées à défendre les couleurs des républicains dans l’Hexagone, l’homme se dit épuisé. Lorsque nous lui faisions remarquer que le moment choisi est crucial pour l’avenir de son parti, il préfère philosopher. « Le moment pour raccrocher n’existe pas. Si on le repousse, il arrive un moment où on peut terminer dramatiquement. La flamme, quand on ne l’a plus, on arrête », justifie-t-il. Le dernier mot, en pareil cas revient à Alassane Ouattara, le président du Rdr. Mais Vincent Gnizako se dit déterminé à raccrocher et espère une certaine compréhension de son président. Tout en lançant, paradoxalement à ses camarades de l’Hexagone : « Que chacun se pose la question : est-ce une vraie perte pour le Rdr, ma démission ? ». Quid de la dispute au téléphone avec Bakary Dosso ? « Je ne veux pas culpabiliser des camarades qui ont autant donné. Il peut arriver que ces événements aient lieu, mais ils ne sont pas déterminants. C’est même une pure coïncidence », clame-t-il.

Sur ces différentes motivations, les avis de responsables de sections ou de simples militants sont divergents.


Une alerte pour la Direction du parti

D’un côté, ceux qui comprennent sans accepter la décision du délégué démissionnaire. Et de l’autre, ceux qui s’en agacent. Pour Kahn Sori Ibrahim, secrétaire de la section Paris 13, c’est à la direction du Rdr de prendre ses responsabilités devant cette situation. « Il y a quatre sections Rdr à Paris. Mais chaque fois qu’il s’agit de prendre une décision de nomination, il y a toujours une tension entre les sections Paris Ile de France et Iris », accuse t-il. Quant à Koné Tidiane de la section Iris, il estime qu’au stade actuel de l’affaire, la démission n’est pas encore effective. Des procédures sont enclenchées et peuvent aboutir à une reconduction du démissionnaire. Toutefois, il atteste qu’au sein des républicains de l’Hexagone, subsiste un « malaise, des soucis à résoudre ». Cette démission pourrait donc, à ses dires, constituer « une alerte pour la haute direction du parti ». Quant à Fofana Evelyne, militante de base, elle met à l’index purement et simplement le manque de démocratie interne. « Quand deux candidats se présentent pour un poste et qu’on ne prend pas la peine d’entendre l’un d’entre eux et qu’on décidé unilatéralement de retenir la candidature du second, il ne peut qu’y avoir des suspicions et la discorde », analyse-t-elle. Cette affaire de démission reste, aux yeux de certains observateurs, l’arbre qui cache la forêt des profondes divergences entre les responsables du Rdr en France. Les rivalités pernicieuses entre les sections sont monnaies courante. D’une manière générale, les têtes de pont dudit parti en France et Navarre ont toujours brillé par leur mésentente lors des prises de décision consensuelles. Pendant très longtemps, la France a été l’un des rares pays d’Europe à n’avoir pas eu de délégué Rdr. Zémogo Fofana, alors en charge des militants de l’extérieur a éprouvé les pires difficultés à proposer un nom. Tant le poste était convoité. Face aux prétentions de toutes sortes, l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur a dû proposer à Gnizako Gogoua d’assurer la coordination afin de permettre la création de sections indispensables au fonctionnement du Rdr en France. Cette mission a été assurée pendant de nombreuses années jusqu’à sa confirmation il y a deux ans, en qualité de délégué. Deux adjoints ont été également nommés dans la foulée : Koné Mamadou, ex-secrétaire de la section Iris et Macaire Dagri, installé dans la région de Nice. Ces nominations ont été immédiatement l’objet de polémique de la part de ceux qui estimaient que Gnizako Gogoua et Koné Mamadou sont tous deux de la même section. Zémogo Fofana, avant de quitter le navire républicain réussira tant bien que mal à calmer la tempête. Depuis, Traoré Idriss qui a pris la relève peine à trouver la bonne formule pour colmater les brèches. Dans cette crise larvée, c’est le président du Rdr, Alassane Ouattara, qui est directement interpellé. Nombreux sont ceux qui estiment, à Paris, que leurs complaintes ne parviennent jamais à leur leader.

Karim Wally, Correspondant permanent à Paris
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