«Comment peut-on demander aux pauvres de payer un minimum pour leur santé, pour la rentrée des classes ?» Cette interrogation du commissaire européen, Michel Arrion, lors de la présentation du Document stratégique de réduction de la pauvreté (Dsrp) lundi dernier à Grand-Bassam, peut-être élargie aujourd'hui aux jeunes diplômés en quête d'emploi. D'autant que c'est à ceux-ci, des sans-emploi donc sans revenu que l'Etat demande de débourser environ 70.000 Fcfa pour les frais de dossiers et d'inscription au concours de recrutement d'attachés administratifs et des finances à la Fonction publique. Un véritable paradoxe. Ce montant se trouve souvent majoré par des frais parallèles qu'il faut remettre «aux facilitateurs, des jeunes de connivence avec les agents de la santé chargés de faire les visites médicales et ceux chargés de réceptionner les dossiers.» Tout un réseau bien organisé. Généralement, les candidats qui veulent attendre tranquillement leur tour aux guichets perdent des journées entières sans pouvoir franchir les différentes étapes. Finalement, ils sont obligés de faire comme les autres en passant par ces «intermédiaires dont les dossiers qu'ils prennent sont traités très rapidement». Que de gymnastique physique et financière pour arriver à la fin du processus sanctionné par le dépôt des dossiers. «C'est une vraie galère pour des jeunes qui sont en quête de leur premier emploi surtout pour ceux dont les parents n'ont pas les moyens de les soutenir. Car pour prendre seulement vos résultats d'analyses médicales, vous pouvez faire plusieurs tours entre votre domicile et l'antenne de la Fonction publique à l'Indénié. Chaque jour vous êtes obligé de payer le transport. C'est écœurant. On a le sentiment qu'on fait tout ceci pour décourager les candidats», fustige M.L qui est venu prendre le résultat de sa visite médicale, document exigé à l'inscription. D'ailleurs ce jeudi 8 janvier, nombreux sont ceux qui ne sont pas encore venus réclamer leurs résultats. En témoigne le nombre importants des fiches individuelles (de couleur jaune) de radiographie entassées dans des cartons. Pourtant c'est en principe aujourd'hui lundi, le dernier délai des inscriptions. C'est-à-dire à deux jours de la fin des dépôts des dossiers. Signe que le découragement gagne plusieurs candidats. «C'est à cause des difficultés que certains préfèrent arrêter. C'est pitoyable ce à quoi on assiste. L'organisation des concours d'entrée à la Fonction publique est devenue un business pour les Ivoiriens. C'est inadmissible et inacceptable. Mais que faire lorsqu'on est au chômage ?», s'interroge amèrement un autre candidat, estimant que l'Etat doit réduire sensiblement le montant des frais liés au concours afin de donner la chance à tout le monde.
Raphaël Tanoh
Raphaël Tanoh