Au cours du dernier conseil des ministres, la baisse des taux actuels a été évoquée et est annoncée pour cette semaine. Depuis juillet 2008 où il a atteint le sommet record de 147 dollars (environ 58 400 Fcfa, avec le dollar qui coûtait à peu près 400 Fcfa), le baril de pétrole n’a fait que perdre de la valeur au cours des six derniers mois. vendredi dernier (9 janvier 2009), le prix du baril de pétrole est tombé à 40,83 dollars. Soit 18 700 Fcfa au cours du jour (1 dollar = 458.Fcfa). Les opérateurs économiques, automobilistes et populations rurales attendent que cette baisse substantielle de près de 80% (72,7% exactement) du cours de pétrole sur le marché international soit sensiblement répercutée sur le prix du carburant à la pompe. Fort heureusement, à la lecture du communiqué du premier conseil des ministres de l’année 2009, tenu le 8 janvier dernier, cette préoccupation est partagée par le gouvernement. Parce que la baisse du prix du carburant à la pompe participe de la lutte contre la pauvreté, le pétrole constituant, pour l’instant, l’un des principaux facteurs de production incontournable dans les économies aussi bien développées que pauvres. Au cours de ce Conseil, «tenant compte de la baisse des coûts du pétrole, le Président de la République a instruit le Premier ministre à l’effet de procéder à une seconde baisse du prix des carburants à la pompe et à entreprendre les discussions nécessaires avec les opérateurs du secteur du transport en vue de la baisse, dès la semaine prochaine (cette semaine même), du coût des transports en Côte d’Ivoire». Ce bout de phrase donne la certitude qu’au 15 janvier au plus tard, de nouveaux prix seront communiqués. Mais la question est de savoir dans quelle proportion la baisse va s’opérer. En se référant aux baisses précédentes mais aussi aux contraintes budgétaires de l’Etat, on peut faire des projections plus ou moins réalistes. En effet, c’est le lundi 7 juillet 2007 que le gouvernement avait décidé, sous la pression de la flambée du cours du baril de pétrole passé d’environ 50/60 dollars le baril en 2005 à…147 dollars en juillet 2008), de voir à la hausse le prix du carburant sur le marché national. Ainsi, le prix du litre du super sans plomb à la pompe avait été majoré de 180 Fcfa, passant ainsi de 615 Fcfa à 795 Fcfa. Celui du gasoil, était passé à 785 Fcfa contre 545 Fcfa précédemment. Quant au pétrole lampant, le litre était passé de 470 à 550 Fcfa. Ces augmentations qui s’imposaient au regard de la raison invoquée plus haut, mais aussi, du fait des pertes mensuelles enregistrées par la Société ivoirienne de raffinage (entre 4 et 7 milliards de francs) et du fait du blocage des prix à la pompe depuis juillet 2005, n’ont pas prospéré longtemps. Puisque moins d’un mois après cet ajustement tarifaire, et prenant en compte un léger fléchissement du cours mondial des produits pétroliers, des difficultés du secteur des transports, ainsi que les répercussions de cette hausse sur les prix des denrées alimentaires, le gouvernement avait procédé à la baisse des prix du carburant. Ainsi, les prix à la pompe du gasoil (le plus utilisé par les transporteurs) et du pétrole lampant ont été ramenés, respectivement à 685 Fcfa contre 785, et 495 Fcfa contre 550. Ce qui représentait une concession de 100 francs sur le gasoil et 55 Fcfa sur le pétrole lampant. En plus, le gouvernement avait décidé des mesures d’accompagnement pour permettre au secteur du transport de faire face aux difficultés liées à l’augmentation du prix du carburant. Celles-ci, on se souvient, portaient, entre autres, sur le report de l’échéance de la patente pour l’année 2008 au 30 septembre et l’abandon des pénalités légales y afférentes, l’abandon de la patente et de la vignette dues pour l’année 2007 et antérieures, création d’un cadre de concertation en vue de l’élaboration d’une convention collective professionnelle annexe du sous-secteur transports terrestres. Toujours dans le souci de réduire les charges des transporteurs et des ménages, les autorités avaient également revu à la baisse, le 5 novembre 2008, le prix du carburant à la pompe au regard de la tendance baissière du cours du baril de pétrole. Ainsi, le super qui était à 795 francs a baissé de 100 francs (il est donc à 695), le gasoil, à 625 francs contre 685 précédemment, et le pétrole lampant à 470 alors que son litre coûtait 495 Fcfa. Avec ces nouveaux tarifs, on note qu’en quatre mois, l’Etat a consenti 100 francs sur le super, 160 francs sur le gasoil, et 80 francs sur le pétrole lampant. Avec le prix du baril en chute libre depuis ces six derniers mois, (passé de plus de 58 400 à 18 700 Fcfa), il est fort probable que le super et le gasoil soient proches de leur prix à la pompe d’avant 7 juillet 2008. Si et seulement si, un tel fléchissement sensible n’entame pas gravement l’équilibre budgétaire face aux fortes tensions de trésorerie que connaît actuellement l’Etat qui, il faut le souligner, a dû manœuvrer pour payer les salaires des fonctionnaires du mois de décembre 2008. Car, il ne faut pas ignorer que le secteur pétrolier est l’une des principales sources de recettes publiques en cette période où l’unicité des caisses de l’Etat est loin de se concrétiser. Alors que les engagements financiers publics foisonnent. En tous les cas, concernant la tendance baissière du prix du pétrole sur le marché international, elle est réelle et persistante. Le tango des temps-ci le confirme. Après avoir flirté avec les 50 dollars au début de la semaine dernière, les cours se sont résolument orientés à la baisse cette semaine, lâchant 7,75 dollars sur les trois dernières séances. Ils ont même évolué sous la barre des 40 dollars en cours de séance vendredi, touchant 39,38 dollars, selon une dépêche de l’Afp. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance février a perdu 25 cents, à 44,42 dollars. "On n`a pas fini de baisser, la tendance de fond est baissière", a jugé Antoine Halff, spécialiste de Newedge Group. "Chaque jour apporte son lot de statistiques économiques qui alimentent les inquiétudes pour la demande", a-t-il ajouté. Pour Mike Fitzpatrick, de MF Global, "la conclusion évidente pour le marché du pétrole est que, peut-être, les calculs sur la demande qui avaient poussé les prix à 32,40 dollars le 19 décembre étaient corrects". Les mauvais indicateurs macroéconomiques américains pèsent sur le moral du marché concluent les experts.
Gooré Bi Hué
Gooré Bi Hué