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Politique Publié le mercredi 14 janvier 2009 | Nord-Sud

Accusations de fraude, unicité de caisse,… - La fébrilité suspecte du Fpi

Le parti présidentiel est reparti en guerre contre le processus de sortie de crise. Cette fois, ce sont les fraudes massives qui servent d’alibi.

Le processus de paix est véritablement entré dans sa phase critique avec l’enrôlement électoral. Cette période sera certainement celle de toutes les susceptibilités. Elle s’annonce déjà comme celle de toutes les peurs. Sur ce plan, le Front populaire ivoirien (Fpi) est en train de battre des records. Le parti cher au président de la République se donne des sueurs froides face à la perspective d’élections ouvertes, libres et transparentes. Conscient qu’il n’arrive pas à imprimer son rythme au processus, le parti à la rose n’entend pas abandonner sa bataille pour un redéploiement immédiat de l’administration et des forces de défense dans toute la partie Nord, anciennement sous contrôle des Forces nouvelles.

Le forcing pour y parvenir passe désormais par l’accord complémentaire IV de Ouaga. « Soro et ses hommes respecteront-ils effectivement le 4ème accord complémentaire de l’Accord politique de Ouagadougou », s’interroge le quotidien de ce parti, dans sa livraison d’hier ? Le redéploiement des régies fiscales le 15 janvier est la « preuve » que le Fpi attend pour se convaincre de la volonté des Forces nouvelles d’aller à la paix (sic). Surtout, ce redéploiement est présenté comme la solution miracle aux difficultés de trésorerie de l’Etat. Un responsable des Forces nouvelles fait remarquer que ce battage médiatique est mené par ceux-là mêmes qui ont soutenu, il y a peu, que l’ex-rébellion occupait la Côte d’Ivoire « inutile » par opposition au Sud qui produisait toutes les richesses. Les temps ont changé.

Un faux débat

La question du redéploiement de l’administration financière et fiscale a été traitée bien avant la signature du dernier accord complémentaire. Un comité technique présidé par le ministre de l’Economie et des Finances a été mis en place le 27 décembre 2007, sur instruction du Premier ministre (arrêté N°211/PM/CAB du 26 décembre 2007), conformément au 3ème accord complémentaire à l’Accord politique de Ouagadougou. « Un processus est donc en cours et il évoluera à son rythme, sans chantage. Sur la base des travaux de ce comité, les brigades mixtes seront mises en place le 15 janvier 2009 », assure une source proche des Forces nouvelles.

Mais, contrairement à ce que veut faire croire la propagande, les estimations du ministère de l’Economie et des Finances indiquent que les fonds collectés dans les zones CNO, au titre du budget de l’Etat, ne devraient pas excéder 10 milliards de Fcfa en année de croisière. En l’état actuel, l’on peut donc escompter au maximum 5 milliards de Fcfa.

A Bouaké, fief de l’ex-rébellion, l’on entend tirer de l’unicité des caisses toutes les conclusions qui s’imposent. Des voix, et non des moindres, exigent désormais ouvertement, que la cession de leurs caisses à l’Etat s’accompagne du droit pour les Forces nouvelles, en tant qu’ex-belligérants, d’obtenir une gestion plus transparente des finances publiques. « Nous allons demander le départ du Directeur général des Douanes qui est aussi directeur de campagne du candidat Gbagbo. Comme l’Etat doit donner l’exemple de la bonne gestion des ressources de plus en plus rares, il faut revenir à l’appel d’offres pour désigner ceux qui doivent diriger les régies financières. C’est un minimum », annonce un cadre des FN.

Objectif : Tout bloquer !

«Le Fpi joue à la roulette russe avec l’avenir du pays », analyse un diplomate. De fait, tout indique que le parti leader du camp présidentiel utilise toutes ses forces pour obtenir l’arrêt de l’opération d’identification et d’enrôlement électoral. Après un vrai matraquage de l’opinion via la presse bleue, la couleur du parti, la dernière bataille s’annonce.

«L’étape la plus importante est le recensement électoral. Parce que l’élection se joue à cette étape-là », a fait remarquer le député Sokouri Bohui, dans une interview accordée hier à Notre Voie, le journal de la maison bleue. Le «Monsieur élection» du Fpi mobilisait ainsi les responsables locaux afin qu’ils viennent massivement au séminaire du 15 janvier, organisé autour du thème : «Fraude sur l’enrôlement et sur l’identification». Pour M. Bohui, il s’agit de « l’avenir» du pays. Ce séminaire a officiellement pour objectif de réunir tous les cas de fraude. L’enjeu qui le sous-tend, c’est bien la crédibilité de l’opération et partant de l’ensemble du processus. Mamadou Koulibaly a déjà montré la voie dimanche face aux militants d’Abidjan-Banco. Pour le président de l’Assemblée nationale, le Fpi doit demander et obtenir « la suspension de l’opération d’enrôlement et d’identification». Il met en avant les fraudes massives dues à l’absence dans le Nord du pays des administrations policière, militaire et judiciaire (Notre Voie du mardi). Pour ralentir l’opération, certains sous-préfets instrumentés à souhait traînent les pieds pour délivrer aux populations les extraits nécessaires à l’enrôlement. D’autres se mettent tout simplement en congés.

La finalité, on le devine, c’est d’obtenir enfin l’arrêt du processus de sortie de crise, issu de l’Accord politique de Ouagadougou. Car, faut-il le noter, toutes les tentatives précédentes ont échoué. L’on ne manquera pas de s’interroger sur le crédit qu’il restera au chef de l’Etat, signataire de l’Apo, si ses partisans parvenaient à leurs fins.


Kesy B. Jacob
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