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Économie Publié le vendredi 16 janvier 2009 | Fraternité Matin

Carburant : Pourquoi les transporteurs doivent aussi baisser leurs tarifs…

Depuis ce matin, les nouveaux prix du carburant décidés mercredi par le gouvernement, après analyse de l’évolution du cours du baril de pétrole sur le marché international, sont en principe, appliqués dans les stations-service. Ils sont de 650 FCFA, le litre pour le super sans plomb, 575 pour le gasoil et 450 pour le pétrole lampant. Quant au DDO utilisé davantage par les industriels et le fuel, ils sont vendus, respectivement, à 550 FCFA le kilo contre 893 et 386 FCFA. Depuis l’ajustement tarifaire intervenu le 7 juillet 2008, c’est la troisième fois que l’Etat consent une baisse des prix du carburant à la pompe. Le prix du super qui avait connu une hausse de 180 francs, passant de 615 à 795 francs en juillet dernier, a chuté de 145 francs (100 en novembre 2008 et 45 ce 16 janvier 2009). Quant au gasoil, le produit pétrolier le plus utilisé par les transporteurs et qui, en conséquence, a le plus d’impact sur le prix des denrées et autres produits sur le marché du fait de son incidence sur le coût du transport, il cumule à ce jour, 210 FCFA de baisse (100 francs en juillet 2008, quelques jours après la décision d’augmentation, puis 60 francs en novembre 2008, et enfin 50 francs ce jour). Il est ainsi passé de 795 francs après l’augmentation du 7 juillet 2008 à 575 francs. Le pétrole lampant est, lui, passé, sur la même période, de 550 à 450 francs CFA. Soit 100 francs consentis globalement par l’Etat au monde rural et aux ménages précaires qui en sont les principaux consommateurs. De façon relative, en six mois et demi, sur une majoration de 180 francs sur le super, le gouvernement a renoncé à 145, soit 80,6%. Sur le gasoil, il a renoncé globalement à 87,5% de la hausse décidée lorsque le prix du baril de pétrole avait atteint les 147 dollars sur le marché international (baisse de 210 sur 240). Sur le pétrole lampant, les efforts sont plus importants, puisque le prix du litre qui était passé de 470 à 550 francs, est aujourd’hui de 450 francs pour tenir compte de la paupérisation croissante de la population, avec une forte densité en milieu rural.

Au regard de ce qui précède, l’on est en droit de se demander pourquoi les transporteurs sont jusqu’ici restés impassibles et insensibles à ces réductions sensibles du carburant ? Car, dès l’ajustement intervenu le 7 juillet 2008, ils avaient procédé à des augmentations tarifaires au-delà de ce que le gouvernement prévoyait. Ainsi, les tarifs du transport en commun (gbaka, woro-woro etc.) ont été majorés de 50 francs dans le district d’Abidjan, et ceux du transport interurbain dans des proportions inconsidérées allant de 20 à 50%. Il serait difficilement compréhensible et acceptable que la baisse intervenue ce jour même sur les prix du carburant à la pompe ne conduise à une baisse des tarifs de transport sur l’ensemble du territoire. Au plan de l’analyse économique et financière, maintenir les tarifs de transport en l’état comme semblent vouloir le faire des transporteurs, ressemblerait au vol de l’usager et des consommateurs et pour cause : si la majoration de 240 francs du litre du gasoil a conduit au relèvement de 50 à 2000, voire 3000 francs les tarifs de transport, il est difficile de comprendre que cette augmentation du gasoil qui n’est, en réalité, plus que de 30 francs CFA soit présentée comme argument par les opérateurs du secteur transport pour faire de la résistance. En reconduisant, comme dans une jungle, les augmentations acceptées, malgré eux, par les usagers au lendemain du 7 juillet 2008. Dans l’enquête que nous publions ci-contre, les porte-parole des transporteurs souhaitent que la baisse du carburant soit telle qu’on retrouve les niveaux de prix d’avant 7 juillet 2008 (615 F le litre du super, et 545 F celui du gasoil). A première vue, la tendance actuelle du baril de pétrole (35 à 50 dollars) permet d’y penser. Mais la réalité d’hier n’est pas forcément celle d’aujourd’hui. La Côte d’Ivoire, en crise depuis 2002, ressent de plus en plus fortement des tensions de trésorerie. Surtout que la caisse de l’Etat repose depuis sept ans sur les recettes mobilisées dans la partie Sud du pays, en même temps qu’elle a eu en 2008, à éponger les arriérés de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement, à faire face à de nouveaux engagements post-crise qui sont loin de s’amenuiser. Pour tout dire, l’Etat ivoirien est confronté à de graves problèmes budgétaires au point que certains agents de l’Etat n’ont même pas encore perçu leurs salaires des deux derniers mois de 2008. Accepter, malgré cette situation, de baisser les prix des produits pétroliers, cela devrait en appeler à l’esprit de sacrifice de tous et de chacun. Parce que l’Etat montre l’exemple en agissant sur le secteur pétrolier qui est l’une des sources sûres de ses recettes. Si la baisse des prix du carburant était suivie de celle des tarifs de transport, les consommateurs s’en porteraient mieux. Et c’est ici le lieu d’interpeller les mouvements consuméristes qui, bien souvent, font beaucoup plus de bruit là où il n’en faut que là où leur empreinte décisive est attendue. Comme c’est le cas, présentement.

Goore Bi Hue
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