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Politique Publié le samedi 17 janvier 2009 | Le Quotidien d’Abidjan

Bédié : la haine de Gbagbo le perdra

De la théorie du point fixe à celle des meetings, la stratégie du président du PDCI est reliée à celle des français, dont Henri Konan Bédié dépend totalement. Il y a quelques années, l`ancien président de la République, chassé du pouvoir un soir du 24 décembre 1999, se gardait bien de quitter Daoukro, défendant sa théorie du point fixe avec le sourire. Mais depuis Dabou où il a débuté ses tournées politiques, le sphinx ? comme l`appellent ses proches, est inarrêtable, le verbe toujours haut. Mais derrière la rhétorique habituelle de l`homme politique qui ne veut rien concéder à son adversaire, l`ancien président dissimule une stratégie de déstabilisation du régime dont le fil conducteur est tenu depuis Paris, par les renseignements généraux français. Le rôle du président du PDCI est donc de convaincre les populations que l`Etat n`a plus d`argent et qu`il ne peut plus faire face aux problèmes quotidiens de ses concitoyens, comme payer les salaires par exemple. C`est à cette fin que Bédié explique, lors de ses différents meetings, que l`Etat est en cessation de paiement. Mais si la stratégie des renseignements généraux français mise sur la peur, elle prend aussi en compte la dimension de la révolte populaire. D`où les charges de l`ancien président de la République contre les refondateurs, ces «voleurs (et) assassins» qui se sont enrichis en pillant les ressources de l`Etat. Traduction : si la pauvreté a atteint le chiffre de 48%, ce n`est pas parce que la Côte d`Ivoire est plongée dans une crise socio-politique interminable, mais bien à cause de la gabegie des refondateurs. A côté de ces récurrentes accusations, se développent aussi d`autres stratégies de prises de pouvoir. A l`occasion du coup d`Etat militaire en Guinée, le secrétaire général du PDCI Alphonse Djédjé Mady, le sourire en coin, a affirmé que le président de la République ivoirien avait le choix entre organiser les élections et (subir) la version ivoirienne de ce qui s`est passé à Conakry, en Guinée où un jeune officier Dadis Camara s`est emparé du pouvoir en profitant du décès de l`ancien président Lansana Conté. La rhétorique militaire n`est pas tout à fait nouvelle dans la coalition RHDP où le parti démocratique de Côte d`ivoire (PDCI) siège aux côtés du rassemblement des républicains (RDR), du mouvement des forces d`avenir (MFA), de l`union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (UDPCI). Lors d`une conférence de presse qu`il a animée la semaine dernière, le président du MFA est revenu sur la transition sans le chef de l`Etat sur laquelle s`était basée toute la lutte anti-Gbagbo. En vain.
Cela dit, la stratégie de la déstabilisation française n`est pas que verbale. Sur le terrain, elle s`appuie sur des difficultés réelles dont la réalisation dépend d`acteurs gouvernementaux locaux.
Depuis quelques années donc, l`argent se raréfie. A cause des priorités du ministre de l`Economie et des finances Charles Koffi Diby qui a décidé de faire l`impasse sur la dette intérieure au profit de celle des bailleurs de fonds extérieurs. Conséquence, de nombreuses petites et moyennes entreprises ont disparu et celles qui existent n`arrivent plus à payer leurs charges, dont les salaires des personnels qui ne sont plus virés depuis trois ou quatre mois. Le ministre de l`Economie joue même d`entourloupette avec ses interlocuteurs. Les 3,4 milliards qu`il avait prétendu avoir débloqués pour mettre fin à la grève des maires ivoiriens ne l`ont pas été à la vérité, puisque les salaires du mois de décembre ne sont toujours pas payés pour certaines mairies, pendant que d`autres totalisent trois à quatre mois d`arriérés de salaires. Que vise une telle stratégie, si ce n`est de pousser à la révolte ces salariés qui ne sont plus payés ? Pendant ce temps, Charles Diby Koffi paie chaque deux semaines des milliards au bénéfice de la dette de partenaires internationaux, espérant arriver à un point de décision de l`initiative au profit des pays pauvres très endettés (PPTE) dans laquelle s`est inscrit notre pays. En désespoir de cause, les fournisseurs de l`Etat observent une grève de la faim depuis deux jours parce que «Diby (Charles Diby Koffi, le ministre de l`Economie et des finances ndlr) refuse de nous écouter», se plaignent leurs responsables. Or se souviennent-ils, «du temps où il était au Trésor public, il nous disait de prier pour qu`il soit nommé ministre», promettant que les factures allaient être payées sans problème. «Aujourd`hui, il nous fuit». Les mœurs au Trésor public, comme dans l`ensemble de l`administration ivoirienne, sont marquées par une grande corruption. Les difficultés qui sont faites aux fournisseurs pour le paiement de leurs factures y contribuent d`ailleurs grandement. Bref, l`appel à la désobéissance civile du président du PDCI se synchronise sur le terrain avec la stratégie du ministre Diby qui met tout en œuvre pour que l`argent manque dans le pays. Après tout, qui sait à qui d`autre le ministre a demandé de prier pour qu`il arrive au Palais présidentiel après les prières des fournisseurs qu`il avait requis pour devenir ministre de l`Economie et des finances ?

Joseph Titi
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