Le président guinéen Lansana Conté s’est éteint, le lundi 5 janvier dernier, à l’âge de 74 ans des suites d’une longue maladie. Sa disparition, après 24 ans de règne contesté, a plongé son pays dans un avenir incertain. Mais le décès du despote n’a pas affecté que sa famille biologique, politique, ou encore le peuple guinéen. Sa mort a créé une véritable onde de chocs dans la classe politique ivoirienne notamment, au sein du clan présidentiel. Non pas parce que ce dernier était un grand ami de la Côte d’Ivoire, mais bien parce qu’il avait donné son accord pour que son pays soit la base arrière de l’armée ivoirienne. Tout le monde sait que c’est dans ce pays que le régime des Refondateurs avait ‘’parqué’’ des avions de guerre. Plus précisément ses BM-21, qui ne sont autres que la version moderne des ‘’orgues de Staline’’ et les hélicoptères de type MI-24. C’est donc le plus naturellement du monde que le chef de l’Etat ivoirien, Laurent Gbagbo, s’est rendu en personne aux obsèques du dictateur mort au pouvoir. Le chef de file de la Refondation y a fait le déplacement plus pour ses propres intérêts que pour son amitié avec le disparu. Dés son retour, nous apprend le très confidentiel bimensuel ‘’ La Lettre du Continent’’, Laurent Gbagbo a envoyé Kadet, son conseiller spécial chargé de la Défense en Guinée. Le moins qu’on puisse écrire, selon cette publication, c’est que ‘’les relations entre la Guinée et la Côte d’Ivoire risquent de se rafraîchir sérieusement. Dés la prise du pouvoir de la junte, Laurent Gbagbo a envoyé à Conakry, son conseiller spécial en matière de défense, Kadet Bertin. Objectif : récupérer au plus vite, du matériel militaire ivoirien en réserve ‘’ dans ce pays. Seulement voilà, poursuit La Lettre du Continent, l’émissaire de Gbagbo ‘’est rentré les mains vides’’. Il n’a donc pu mettre la main sur les avions de guerre. Les nouvelles autorités ont-elles tout simplement refusé de permettre à Kadet de revenir avec l’arsenal ? Rien n’est moins sûr. Ce qui l’est cependant, c’est que le nouvel homme fort de Conakry, le capitaine Moussa Dadis Camara, n’entend pas se laisser faire. Dés sa prise du pouvoir, il a fait savoir qu’il était informé et bien informé sur les coups bas qui se préparaient contre lui et son régime. Et a mis en garde contre toute tentative de déstabilisation de son pouvoir. C’est d’ailleurs pourquoi, il a failli mettre aux arrêts le fils de feu Lansana Conté, le Capitaine Ousmane Conté. Mais celui-ci a dû son salut justement à la visite de Gbagbo en Guinée. Selon des sources diplomatiques, le fils de Conté aurait usé de tous les subterfuges pour embarquer à bord du grumann présidentiel ivoirien et atterri à Abidjan. Or, selon des témoignages recueillis auprès des ressortissants Guinéens à Abidjan, le fils du défunt président a pris une part très active dans la répression des manifestations des Guinéens qui exigeaient de Conté, quelques mois avant sa mort l’amélioration de leurs conditions de vie. Manifestation réprimée dans le sang par des militaires acquis à la cause de Conté et dont le chef de file n’était personne d’autre que le capitaine Ousmane Conté, le fils de son père. Ceci pourrait donc expliquer cela.
Yves-M. ABIET
Yves-M. ABIET