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Politique Publié le vendredi 23 janvier 2009 | Le Temps

Interview/ Paul Yao N`Dré (ex-ministre de l’interieur) rompt le silence: "Les dossiers que j’ai trouvés sur le bureau de Boga"

Il s`est retiré depuis un temps de la scène politique. Le Temps est allé à la rencontre de Pr Paul Yao N`Dré, dans son village natal de Gogobro. Sans faux-fuyant, l`ex-ministre de l`Intérieur parle.


Depuis un temps, on n`entend plus le Pr. Paul Yao N`Dré. Que devient-il ?

Je voulais donc vous remercier pour l`opportunité que vous m`offrez de m`exprimer sur un certain nombre de préoccupations qui touchent directement notre région et notre pays, la Côte d`Ivoire. Il faut distinguer, les interventions, les contributions aux débats, deux périodes. La période normale de stabilité où le débat politique est ouvert, où on parle, où on s’exprime, où on fait des propositions et on fait des critiques.
Puis, une période d`instabilité, de guerre. Donc si on ne m`entend pas trop, il y a deux raisons. D`une part, parce que l`action a pris le pas sur la réflexion. C`est évident, c`est-à-dire qu`en tant que président du conseil général de Divo, je suis beaucoup plus sur le terrain pour voir se réaliser des châteaux d`eau, des routes, des écoles… que de contribuer aux débats d’autre part. Nous avons aussi quelques interventions à l`Assemblée nationale où nous animons l`Institution. J`ai été président de la commission des lois. Mais après, je suis allé au gouvernement et à mon retour, je suis devenu un député du groupe parlementaire Fpi qui participe à tous les débats. Quand il y a des débats pointus, au regard de ma spécialité, je fais des interventions qui sont prises en compte et cela augure d`une bonne perspective pour la bonne marche, le bon fonctionnement de notre Assemblée nationale. Mais sur les questions brûlantes de l`actualité qui sont entremêlées avec la crise, et dans la crise, il y a lieu de faire attention pour ne pas que les déclarations qu`on fait ici et là puissent jeter l`huile sur le feu.
Vous avez été, Monsieur le ministre, Directeur de l`Ecole normale de l`Administration (Ena). Que peut-on retenir de votre passage dans cette institution ?
Bien, mais ce n`est pas par fanfaronnade ou par triomphalisme. Chaque fois que l`occasion m`est donnée de me rendre à l`Ena, je suis tellement bien accueilli. Ce qui augure d`une bonne perspective de gestion, gestion des activités, gestion des structures, gestion des hommes. Nous avons été à l`Ena, nous avons introduit quelques réformes avec le Directeur général actuel qui, en son temps, était le Secrétaire général de l`Ena et je crois que nous avons travaillé dans une ambiance formidable. Il m`a été d`un secours inexprimable parce que c`est quelqu`un qui maîtrise les rouages de l`administration. Il a gravi tous les échelons; donc il connaît bien les rouages. Je voulais profiter de votre journal pour le remercier. Je voulais remercier le ministre Oulaye qui m`a donné l`opportunité de m`introduire dans ce monde de la gestion administrative des hommes, des activités. Mais surtout, remercier le Président Laurent Gbagbo qui m`a fait confiance en me projetant au-devant de la scène politique d`un point de vue national mais aussi d`un point de vue régional. Parce qu`il m`a dit en politique, il faut avoir un ancrage.
Et pourtant, on vous accusait d’admettre des gens sans autres formes de procédures ?
Non, quand j`étais à l`Ena, on n`a jamais parlé de ce problème. Peut-être, il y en a qui l`ont dit même mais parce que j`avais mis un système en place qui cadenassait un tout petit peu la fraude. Donc, la gestion des hommes pose toujours des problèmes. Regardez, nous sommes des individus, nous gérons des hommes. vous verrez toujours des critiques acerbes. Donc l`Ena, ce qui est le problème, c`est que les gens politisent l`Ena. Des personnes qui ont eu à faire l`Ena et qui sont maintenant à la retraite estiment que l`Ena, c`est leur chose. Quand il y a une personnalité qui est nommée à l`Ena, ils se croient dans l`obligation d`aller lui donner des leçons. Bien sûr, on a besoin de leurs conseils mais ce n`est pas à eux de gérer l`institution. Chacun vient avec ses méthodes sans rejeter du revers de la main l`expérience acquise des autres. Mais, je peux dire que quand on vous a confié une responsabilité, c`est vous qui êtes le responsable. Donc, il y en a qui pense que le simple fait d`être passé à l`Ena comme étudiant ou élève, ou le fait d`avoir dirigé l`Ena avant, ça leur donne des droits à vouloir s`offusquer de la manière de gérer d`un tel ou tel autre, ce qui n`est pas leur travail. Donc, je veux dire que j`ai laissé une bonne image dans cette école.
Qu`avez-vous fait au ministère de l`Intérieur ?
Bien, il y a une distinction à faire. Comme nous étions en période de guerre, les activités que nous menions principalement étaient des activités de sauvegarde de la Nation, contre la rébellion et les alliés extérieurs. Avec certaines grandes puissances ou avec certains pays voisins qui s`étaient impliqués dans ce vaste complot international. Il fallait donc faire de la défense de notre pays la priorité. De ce point de vue, il y avait des stratégies, nous sommes à un micro, on ne peut pas tout dire. Mais il fallait disposer des hommes en armes qui étaient sous notre autorité, en l`occurrence la police, les unités d`intervention de la police. La Bae. La police n`était plus une force urbaine, elle a été au front. Et, tout le monde connaît les capacités de la police au front. Elle n`était pas la seule Force, il y a eu la gendarmerie, l`armée. Mais la police a contribué à stabiliser le pays. Nous avons donné des consignes en collaboration avec ceux qui ont fait l`école, la formation pour cela, nous avons donné le meilleur de nous-mêmes. C`est nous qui avons proposé (le ministre Kadet et moi) de recruter les jeunes (les jeunes volontaires) et de les mettre au front pour défendre la patrie. C`est nous qui avons recommandé aussi, au Président Laurent Gbagbo de donner les armes de guerre (les Kalachnikovs) aux policiers parce que chaque fois que les rebelles rentraient dans une ville, la police était d’abord leur première cible, notre policier est armé d`un pistolet automatique qui va à dix mètres (10 m). Et le Président Gbagbo a approuvé ma proposition. Il m`a demandé sur-le-champ de venir chez Kadet pour fournir des armes aux policiers. Nous avons eu aussi l`initiative de dire que dans les couloirs, c`est-à-dire à tous les corridors pour capter un message qu`une autorité arrive, il fallait d`abord qu`on passe par minote, et ensuite on passe par PC et par minote, c`est-à-dire des canaux d`information et de communication d`abord de la police et la police remet à la gendarmerie et la gendarmerie avise les corridors. Il se trouve qu`un jour, j`ai pris une permission pour aller au décès de mon oncle pour une journée. A mon retour, mes éléments avaient lancé le message au PC, le PC a donné à minote, mais minote n`a pas répertorié cela à Gesco. Quand nous sommes arrivés, c`était en pleine guerre, mais on a failli essuyer les coups de feu. Il a fallu qu`on s`arrête, surtout qu`on était en civil et que eux aussi étaient en position. Mais ils ont su raison garder et quand ils nous ont demandé, ils ont dit qu`ils n`ont eu aucun message. A partir de ce moment, j`ai demandé pourquoi les policiers qui sont directement dans les corridors n`ont pas de radios. A partir de là, j`ai demandé au ministre Liabi Bi Douayoua d’équiper les policiers dans les corridors en radios. Et il l’a fait. Donc dès que le message même est annoncé, ceux qui sont dans les corridors sont directement informés, ils perçoivent le message.
Expliquez-nous un peu monsieur le ministre, la libération de Daloa et Grabo.
Je puis vous dire que pour la libération de Daloa, effectivement, j`étais avec le président Gbagbo, j’étais allé lui dire que les gens n`ont pas respecté le cessez-le-feu. Ils ont envahi Daloa. Il m`a dit: “ne t`en fait pas, on va reprendre Daloa, parce que, après le cessez-le-feu, Daloa ne fait pas partie de la zone des rebelles”. Et on a envoyé des militaires qui sont vraiment aguerris. Des Ivoiriens aguerris (militaires, gendarmes, policiers) de la Bae, des commandos et ils ont libéré Daloa facilement. Il faut aussi souligner la participation de la population.
Quels sont les dossiers que vous avez trouvés immédiatement sur le bureau de feu Emile Boga Doudou ?
Voilà, c`est ce que je venais de dire tout à l`heure mais je n`ai pas répondu à l`autre volet de la question. Je dis que la défense de la patrie avait pris le pas sur la gestion du pays. Donc, la priorité était revenue à la défense de la nation. Le volet développement, le volet traitement des dossiers, mais nous avons trouvé le dossier de l`identification sur la table de Boga, c`est l`une des raisons d`ailleurs pour lesquelles il a été tué. Pourquoi on a voulu identifier les Ivoiriens et cela a posé problème. C`est l`une des explications parce que les gens pensent que le fait de vivre en Côte d`Ivoire, on est ivoirien. Non. Ce n`est pas le lien du sol chez nous, c`est le lien du sang. Et les gens scellaient les dossiers avec des structures qui étaient en place, ils voulaient faire l`identification dans un gros dossier. En dehors de cela, il y avait le problème même de la mise en place des Conseils généraux dans le cadre du développement. Il fallait tout faire pour mettre en place ces Conseils généraux.
Le ministre Boga Doudou était-il pourtant au courant que les gens se préparaient à attaquer la Côte d`Ivoire ?
Ce sont des affirmations qui ne sont soutenues par aucune preuve. Parce que quelqu`un n`est plus, on peut parler, on peut faire des supputations. S`il était au courant, il ne serait même pas mort parce qu`il allait même quitter le pays ou bien il serait parti ailleurs, il aurait pris des dispositions. Il n`était pas au courant.
Certaines langues disent que vous êtes en retrait parce qu`on ne vous a pas reconduit au gouvernement.
Non ! D`abord, premièrement, j`étais ministre quand je continuais d`enseigner. Le jour où on a fait la passation des charges au regard des Accords de Marcoussis qui nous déchargeaient, j`ai continué toujours d`enseigner. Les nouveaux qui sont nommés, mais c`est une très bonne chose. Mais ceux qu`on nomme souvent, ce sont ceux qui n`ont pas de responsabilité. On peut en avoir comme moi, mais je suis député, je suis président du Conseil général. Mais ça, c`est l`ancrage même du parti. Et on peut être nommé lorsque le pari aura été gagné. Mais le problème, nous posons moins de problème au Président de la République. Parce que quand vous n`avez pas un autre poste, quand vous n`êtes pas un élu et que vous avez été ministre ; le Président ne peut laisser un cadre du parti sans rien. Donc, il nomme ses gens qui ont quand même de la compétence et qu`on ne peut pas laisser sur le carreau comme cela. Des gens qui ont eu des responsabilités et qui ont des choses à faire valoir, on ne peut pas les laisser-pour-compte ? Je dis non. Mais quelqu`un qui est député, qui est président du Conseil général, il facilite la tâche du Président de la République. Si les élections ont eu lieu et les choses se déroulent normalement et que pour telle préoccupation ou telle autre, le Président de la République estime qu`il faille nommer un tel ou tel autre à tel poste, pour répondre à tel besoin, ou à tel autre, il peut le faire. Mais comme beaucoup d`autres qui sont des députés ou des présidents de conseils généralux; nous, on n`a pas posé de problème au Président de la République. Parce que dès qu`on nous a déchargés, immédiatement, surtout que nous avons été en amont de la conception même de la politique de la décentralisation avec le Président de la République et avec tous les cadres du parti. Mais une fois qu`on nous a déchargés comme le ministre Lya Bi Douayoua, comme immédiatement nous sommes allés sur le terrain pour mettre en pratique ce que nous avons conçu. Et aujourd`hui, comme demain on aura l`occasion d`en parler, je peux dire que j`ai eu quelques succès. Les difficultés qui existent, je peux les énumérer et si la paix revient et que ces difficultés sont corrigées eh bien. vous verrez que le problème de la politique de décentralisation sera en marche.
Récemment, le Pr. Wodié, président du Pit, a incriminé le régime de Gbagbo. Il dit que le Fpi a plongé le pays dans le chaos.
Je n`ai pas suivi très bien; mais je ne crois pas que le Professeur Wodié ait pu dire cela. Et ce n`est pas le Fpi qui a plongé le pays dans le chaos. Ce n`est pas le Fpi, parti au pouvoir qui a plongé le pays dans le chaos. Ce sont ceux qui ont pris les armes et leurs complices. Ceux qui dansaient le tangô quand le pays est attaqué. C`est vrai, c`est pour balayer le régime Fpi, mais ce n`est même pas ce qui est recherché. Ce qui est recherché fondamentalement, c`est de mettre la main sur notre pays. Et dont tout le monde s’en rend compte par la suite. Au retour de Marcoussis, le Fpi, s`est retrouvé toujours seul. Ceux qui ont apporté le soutien au Fpi c`est la population. Même les militants du Pdci qui ont fait une analyse sérieuse de la question, les jeunes sont allés apporter leur soutien au Président Laurent Gbagbo. Donc dire que c`est le Fpi qui a plongé le pays dans le chaos, je dis non ! Lorsqu`il n`y a pas de guerre et que vous gérez, tout le monde vous a à l`œil sur ce que vous faites. Ça permet un meilleur jugement parce que cela permet de rationaliser les archives. Mais dès que vous avez commencé à gérer qu`on vous fait la guerre; donc votre première préoccupation, ce n`est pas la gestion. C`est la défense de la partrie. Je dis tous les partis étaient contre le Fpi. Et ces élus, avant de partir à Marcoussis, ont signé un papier; arrivés à Marcoussis, ils se sont tous désolidarisés du Fpi, faire incriminer le Fpi. Parce qu`au départ, ils ont cru vraiment que c`était un problème de Fpi. Finalement, c`est la population ivoirienne, le peuple qui a compris le sens du combat. Donc, ceux qui mènent des combats de l`arrière-garde, qui s`en prennent à des personnes, moi, je pense qu`ils se trompent. Le Fpi en tant que parti, le Pdci en tant que parti, c`est de bonne guerre qu`on puisse se critiquer. Mais lorsque le pays est en guerre, l`objectif devrait être le même. Les partis doivent s`effacer pour faire place à la sauvegarde de la Nation. Ailleurs, dans tous les conflits; prenez les Etats-Unis contre l`Irak. On voyait par exemple que tout ce que le président Bush avait dit ce n`était pas vrai que Sadam Hussein disposait des armes de destruction massive. Non mais toute l`Amérique, même les médias américains n`ont pas dit cela. Mais avec le temps, nous nous sommes rendu compte que tout cela était faux. Et c`est ça même qui a fait perdre aujourd`hui le parti républicain de bush parce qu`il a mené huit ans de guerre pour rien. Et cela a crée des difficultés au niveau des Américains et au niveau de sa gestion. Lui-même, aujourd`hui, il regrette mais c`est trop tard. Donc je voudrais dire ici, nous nous sommes trompés parce que nous avons cru qu`on était dans un Etat civilisé. Et qu`il fallait seulement tenir avec notre matière grise sur le terrain, appliquer notre projet de société, notre programme de gouvernement. Alors que ce n`était pas ça. C`était tout autre chose, la réalité face à des rancoeurs, à des gens qui avaient perdu des droits légalement ou illégalement acquis et qui n`admettent pas que le pays soit géré à part eux. Donc, je pense que le vrai combat qu`il faut mener ce n`est pas de dire que le Fpi a plongé le pays dans le chaos.
Donc vous le reconnaissez quand même ?
Oui, mais je crois que le professeur Wodié ne peut pas le dire. Il y a des ministres Pit au gouvernement, il y a des ministres Pdci au gouvernement, il y a des ministres Rdr au gouvernement.
Il est revenu sur son concept de concertation nationale.
Oui, mais son idée-là, son idée de concertation nationale, pourquoi, elle ne peut progresser ? Parce que vous allez faire des concertations, il y a des gens qui vont créer des associations qui n`ont aucune légitimité et ne sont même pas responsables. Ils vont dire qu`ils vont aller prendre quelqu`un qui n`a jamais fait ses preuves en politique, qui n`a jamais fait ses propres preuves personnelles ou bien qui est dans son coin, on le prend, on le met à un poste, non, à tout. Parce que la concertation nationale, ce n`est pas pour mettre en exergue les vrais problèmes. Pourquoi on ne le fait pas avec le gouvernement. Il y a eu plusieurs fois des Etats généraux de l`enseignement. Pourquoi il faut le faire dans le cafouillage ? Il peut contribuer à l`amélioration en apportant des solutions. Mais souvent, on a vu dans les pays où on a pris des religieux pour diriger une transition. Ceux dont les partis ne sont pas capables d`être élus sur le terrain, ce sont souvent eux qui parlent de choses vides comme ça.
Pensez-vous que le professeur Wodié est-il entendu par le peuple ?
Mais ça fait combien d`années que le professeur Wodié parle de cette affaire ? Tous les pays africains qui avaient même pris la concertation nationale comme un fétiche ou bien comme une panacée, personne n`en parle aujourd`hui. Les pays développés, quand ils connaissent les difficultés, parlent-ils de concertation nationale ? L`Amérique - la France. On parle de quelle concertation nationale. Il y a des dirigeants qui sont là pour écouter les populations, poser les problèmes eux-mêmes. On n`a pas besoin de faire une concertation nationale. Moi je suis d`accord mais l`idée que ça ressort, c`est qu`il faut aller ramasser les associations, les Ong, des partis politiques. La résultante à la fin, c`est de former un gouvernement où on met tout le monde. C`est ça ! Or si on veut aller à la démocratie qui est le système de régulation de gestion d`un Etat, le moins mauvais que nous connaissons actuellement. Chaque parti doit faire ses preuves. Si vous avez des idées novatrices, mais exposez-les à la population. John Atta-Mills n`a pas gagné du jour au lendemain les élections, il a fait comme Gbagbo l`a fait. On ne reste pas dans l`opposition pour crier concertation nationale, concertation nationale. Mais si le pays est à genoux, ceux qui le disent, ce sont eux qui l`ont mis à genoux. Quand ils sont dans la rébellion, comment peut-on gérer un pays qui subit une rébellion.
Bédié, le président du Pdci n`a jamais cessé de traiter le Fpi de voleur, de pilleur d`économie. Que dites-vous ?
Vous savez, le président Bédié. C’est quelqu’un qui a déjà géré. C’est fort regrettable pour lui, quand il parle, il fait des discours depuis un moment. Mais c`est la première fois qu`il commence à faire des tournées, il est à l`épreuve. Depuis que j`ai commencé à écouter ses discours, je suis désolé il ne fait pas de propositions alternatives, crédibles. Ce sont des invectives, des injures. Il traite le Fpi de menteur, le Fpi de voleur. Mais Bédié fait comme si on a changé de pays depuis le coup d`Etat de 1999. On n`a pas changé de pays. J`étais étudiant quand il fêtait ses sept milliards en tant ministre de l`Economie. Ce n`est pas un industriel. Il n`a pas d`unités de production. Il était ministre de l`Economie et des Finances et il avait fêté ça deux ans après sa nomination, j`étais en licence. le Président Houphouët-Boigny l’avait chassé du gouvernement. Il a dit “je ne saurai que faire des gens malhonnêtes même s`ils sont compétents”. C`était l`esprit du 20 juillet 1977. Mais Bédié, en faisait partie avec d`autres qui avaient été renvoyés pour mauvaise gestion. La surfacturation des complexes sucriers, monsieur Bédié, c`est son héritage. Et quand il a géré le pays, l`affaire Nasra, le détournement de vingt milliards au Trésor où cinq ministres de Bédié sont venus à la télévision pour dire qu`il ne s`agit pas de vingt milliards mais plutôt de 950 millions. Mais il faut être sérieux.
La base vous accuse de l`avoir oubliée dans le partage du pouvoir.
Vous savez, ce que nous devons tous savoir, dans un parti politique quand on arrive, chacun a d`abord son métier. Et la politique qui est menée est une politique d`ensemble pour permettre à tout un chacun dans la mise en œuvre de cette politique d`avoir des retombées. Mais on n`a pas la même formation. On n`a pas les mêmes métiers. Il y a des planteurs qui sont riches : Sassan Kouao, c`est un militant de base. Est-ce qu`il grogne ? Mais moi je suis enseignant, je ne suis pas un bourgeois mais enseignant de l`Université quand même. Un professeur de l`Université, avec ses consultations, gagne sa vie régulièrement. Et puis il y a des camarades, je m`excuse de le dire qui n`ont pas eu la chance d`avoir un travail. Donc, quand on me décharge d`un ministère, comme j`ai été élu grâce aux militants, je continue mon travail. Alors, on dit : “la haut mange la base grogne.” Ce qu`il faut faire, c`est comment faire pour donner du travail aux jeunes. Or, cette politique- là a été mise en mal par la rébellion. Quand ils grognent, il faut les comprendre. Du fait de la rébellion, la politique de Laurent Gbagbo n`a pu avoir lieu. Au contraire, les difficultés se sont accrues. Alors quand on dit qu’il y a la misère et que le Fpi gère mal, moi je crois que les gens ne sont pas honnêtes dans leurs propos. Est-ce que le Nord du pays, c`est le Fpi qui le gère ?
On assiste çà et là à des conflits entre les Ddc et les fédéraux. A Divo, est-il le cas ?
Non, non, pour Divo, du point de vue de la gestion. Depuis que nous sommes arrivés et qu’on m’a nommé Ddc de Campagne à Divo, on n’a pas de problème. Parce que celui qui connaît le terrain c`est le Fédéral. Moi, j`ai été le premier fédéral Fpi à être élu en Côte d`Ivoire. J`avais à cette époque, la fédération Divo-Lakota. Alors, le fédéral est mieux outillé, il connaît le terrain. Donc, un Directeur départemental de Campagne qui ne s`appuie pas sur le fédéral et ses structures, il travaille dans le vent. Mais si on a nommé un Ddc, le fédéral ne doit pas dire comme je maîtrise le terrain, c`est moi. Non, c`est la direction du parti qui a nommé, le président du parti qui a nommé un Ddc qui doit travailler en symbiose avec la fédération.
On parle de plus en plus d`un problème de leadership entre vous et le ministre d`Etat, Lida Kouassi pour le contrôle du Conseil régional à venir ?
Non, Lida n`est pas d`abord dans un conseil général. Parce que s`il y a des élections à faire aujourd`hui, ce sont les grands électeurs qui voteront au regard de la loi. Donc, il faut être membre d`un conseil général. Le ministre d`Etat Lida est député donc si des élections ont lieu aujourd`hui, il ne peut même pas être candidat. Ce problème ne se pose pas à ce niveau. Tout homme, c`est normal qu`il ait des ambitions mais moi je ne lutte pas de leadership. C`est la population, au regard du travail que vous faites, c`est elle qui dit que celui-là doit passer devant. Et une fois que vous êtes devant ne croyez pas que vous êtes le grand chef, non. Il n`y a pas de problème de leadership entre Lida Kouassi et moi. Aujourd`hui, il y a Gnagra qui est le président du conseil général de Lakota et il collabore bien avec moi, il y a Ernest Zabo qui est le Ddc avec qui j`ai de bonnes relations. Les cadres du parti, ceux qui ont été des ministres comme Lida viennent doper l`action dans notre région. Le vrai combat, comment faire pour que nous ayons de bons résultats aux différentes élections mais surtout à l`élection présidentielle.
Qu`est-ce que l`élection d`Obama aux USA vous inspire ?
Je crois qu`il faut en tirer beaucoup de leçons. La première leçon, c`est le travail qui paie. La deuxième leçon, il faut travailler mais pas n`importe comment. Il ne faut pas s`asseoir là pour parler, on va faire ceci ou faire cela, non! Il faut aller sur le terrain en politique. Il faut des idées novatrices qui collent à la réalité et qui pénètrent les citoyens. il faut qu`ils se reconnaissent dans ces propositions que vous faites. Donc quand vous avez géré, quand vous parlez et que personne ne vous écoute à la limite, normalement vous devez rendre le tablier et aller vous asseoir. Cela veut dire qu`en politique, il y a un moment. quand ce moment arrive, il faut savoir partir, mais il y en a qui ne savent pas partir. Le moment même les interpelle, il y a des signaux forts, et ils ne veulent pas partir, ils sont là, ils croient qu`ils sont utiles. Obama, c`est une grande leçon, la leçon du travail. Ce que l`Afrique doit tirer comme leçon, c`est de renoncer aux coups d`Etat. C`est le chemin le plus long mais le plus sûr. Le chemin qui est le garant d`une bonne gouvernance. En politique, il y en a qui veulent vite accéder au pouvoir comme on gagne au loto, l`argent en vitesse. Il n`y a pas de pouvoir en vitesse. Mais à cette règle, vous prenez François Mitterrand, Jacques Chirac, Wade, Laurent Gbagbo, Atta Mills etc.

Interview réalisée à Gogobro par Zéré de Mahi
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