Le PDCI-RDA est en train de reprendre tout son terrain à l'ouest du pays. Mais, l'insécurité qui y règne ne facilite toujours pas la tâche aux animateurs de la base. Touré Aoua, le délégué départemental de Duekoué, par ailleurs, doyen et figure de proue des délégués de la région du Moyen-Cavally, dit ici ce qu'il sait de la situation hybride de l'ouest. En même temps, il affiche un optimisme pour le PDCI-RDA, mais avec des conditions.
Monsieur le délégué, comment peut-on évaluer le PDCI à Duekoué après tant de crises politiques vécues par le pays ?
Je peux vous assurer sans crainte de me tromper qu'aujourd'hui le PDCI va très bien à Duékoué. Il y a eu certes des difficultés, mais à présent la vérité éclate et le PDCI se porte à merveille à Duekoué.
Combien de sections avez-vous remises en marche ?
Je n'ai jamais voulu m'attarder sur les chiffres. Je ne veux pas pour l'instant brandir le nombre de sections et de comités de base, parce que pour moi ce n'est pas ce qui est important. L'important, c'est la mobilisation de tout le monde. Dans tous les cas, c'est sur le terrain de la mobilisation qu'on constatera le travail qui est fait. Je préfère agir et laisser les autres en parler.
Duekoué, jusque-là, était une zone difficile. La situation a-t-elle changé ?
Je ne sais pas ce que vous appelez zone difficile. Nous n'avons pas de baromètre pour évaluer le taux de difficulté, mais ce qui est sûr ici, le PDCI-RDA se porte très bien. Au PDCI, nous n'avons pas pour habitude de nous intéresser aux autres partis. Nous ne nous préoccupons pas de ce que les autres font. Chercher à savoir ce que les autres font veut dire que vous-même n'avez pas un programme d'activités qui vous permette d'avancer et d'atteindre vos objectifs. Notre problème ici à Duekoué, c'est le temps. Que faisons-nous pour tel temps ? C'est pourquoi, nous suivons de très loin ce que les autres partis font.
Oui mais, il y avait ici, le FPI, les patriotes, les milices qui empêchaient les autres partis de fonctionner !
Les moments on changé. Ils ne peuvent plus prendre le risque de nous empêcher ou de nous imposer, par la force, ce qu'ils veulent. Le moment où les milices et les patriotes FPI faisaient planer toutes sortes de menaces sur les responsables des autres formations politiques est révolu. Les données ont changé. Nous, au PDCI, sommes sur le terrain, sans regarder ni à gauche ni à droite.
Des audiences foraines à l'identification, le PDCI a-t-il pu cerner les choses à Duekoué ?
Dans l'ensemble, les audiences foraines se sont bien passées ici, mais il y a eu un oubli volontaire. L'agglomération de V14 n'a pas été visitée par les équipes, comme c'était prévu, malgré nos interpellations. L'équipe de rattrapage qui devait passer 15 jours dans cette zone, n'y a passé que trois heures d'horloge. Pourquoi ? On ne le sait pas. Alors que nous attendions cette équipe avec un programme précis, elle est passée en flèche. Ce qui fait que des centaines d'Ivoiriens ont été volontairement omis dans cette zone. Mais cela ne nous handicapera pas dans notre travail de ratissage des électeurs. Parce que dans l'ensemble, nous avons atteint et encadré la plupart de nos militants.
Au niveau de l'identification, les choses ont commencé timidement, mais elles se passent bien, en dehors de quelques cas de fraudes vite cernés et mis en quarantaine. Le constat qui est fait est au niveau du rythme lent, et les jeunes gens ont été formés dans la précipitation. Ils ne maîtrisent pas leurs équipements et le mécanisme.
La sécurité dans la région, M. le délégué, ne vous inquiète pas ?
Pour l'instant, je ne suis pas inquiet, parce que je ne suis pas le seul concerné. Nous sommes tous logés à la même enseigne, que ce soit l'UDPCI, le RDR et même le FPI. Quand les coupeurs de routes arrêtent un véhicule, ils ne distinguent pas qui est militant de tel ou tel parti ! Je veux dire que la situation devrait interpeller tout le monde. Parce que je ne peux pas comprendre que les zones ex-assiégée soient beaucoup plus paisibles que chez nous ici à Duekoué. En plus, on se demande encore pourquoi c'est Duekoué qui est au centre de l'insécurité ! Je crois qu'il faut se rendre à l'évidence aussi : les gens sont désœuvrés, ils n'ont rien à faire et ont curieusement des armes. Il faut bien que ces jeunes qui n'ont rien à faire vivent !
C'est la faute à qui ?
Ecoutez, tous, nous nous posons la question. Avant, ce n'était pas comme cela. Non seulement on était libre, mais aussi il y avait l'ordre. Mais aujourd'hui, le pays est devenu méconnaissable. Il n'y a plus d'ordre, plus de respect. Est-ce que ceux qui sont au pouvoir se font respecter ? Non ! Parce que s'ils avaient le moindre respect de nous-mêmes, de nos institutions, cette histoire d'insécurité, de racket n'aurait pas atteint cette proportion ! Si ceux qui sont au pouvoir avaient le respect de nos lois, c'est-à-dire la volonté de punir les fautifs, pensez-vous que le racket et l'insécurité n'auraient pas trouvé de solution ? Quand un agent des forces de l'ordre vous dit : " Vous pouvez aller vous plaindre où vous voulez ", il vous dit qu'il est de connivence avec ses supérieurs ! Des gens nous disent que tout ce que les hauts gradés de l'armée, de la police et des autres corps entreprennent contre le racket relève du cinéma, puisqu'ils ont souvent leur part dans le butin du racket. On en déduit que le racket et l'insécurité sont intimement liés et tous ces faits sont cautionnés par le pouvoir puisqu'ils ne peuvent pas prendre des mesures pour punir les fautifs. Nous sommes préoccupés dans la mesure où nous allons entrer dans une période sensible, la période électorale.
Cette période électorale risque-t-elle d'être électrique chez vous ?
Oui, mais je dis que les responsables politiques jouent bien leur partition. Aujourd'hui, que ce soit du côté des allogènes comme de celui des autochtones, tout le monde a compris que les affrontements ne nous font pas avancer. Nous venons de loin et personne ne veut, par ces temps, créer des problèmes où il n'y en a pas. C'est une compréhension dictée par la force des choses. Aujourd'hui, personne ne devrait prendre le risque d'aller attaquer son ami. Si vous le faites, vous verrez ce qui va vous arriver. De ce point de vue, nous espérons que si on nous aide, les esprits vont évoluer. Si les autorités nous aident, les choses vont se passer dans les normes.
Concrètement, comment doivent-elles vous aider ?
Nous aider, c'est de faire en sorte que soit mis fin aux braquages que nous connaissons à présent. Hélas, ce sont des jeunes de la région qui connaissent bien les mouvements des uns et des autres, qui connaissent les biens, qui attaquent leurs propres parents. Mettre fin à cela en commençant par prendre des sanctions, en punissant sévèrement les bandits.
M. Touré Aoua, qu'est-ce qui vous lie tant au Président Bédié ?
Le Président Bédié est mon frère. Ce n'est pas de la politique. Bédié est véritablement mon frère. D'aucuns pensent que c'est seulement quand il était président de la république que nous nous sommes connus. Ce n'est pas cela. Le Président Bédié et moi, nous nous sommes assis ensemble pour la première fois en 1982, par l'entremise de son ami personnel Ladji Laciné Cissé qui est un grand frère à moi. Cette année-là, Ladji a voulu que je brigue la mairie d'Odienné, mais sincèrement cela ne m'intéressait pas (je dis cela, parce que je suis né et j'ai tout fait ici à Duekoué, d'ailleurs je préfère être Guéré que Dioula)… Lorsque Ladji et moi sommes allés voir le Président Bédié, je ne sais pas ce qu'il a vu sur moi, mais lorsque Ladji est sorti de l'audience après quelques dizaines de minutes, il m'a dit que le Président m'a bien apprécié et qu’il me donne sa caution désormais. Cela m'a étonné, mais en même temps cela m'a fait réfléchir. C'est donc depuis ce jour que j'ai commencé à côtoyer le Président Bédié. Et entre nous s'est installé un amour sincère et fraternel. Mais au moment où je préparais mes dossiers pour la mairie d'Odienné, les cadres de Duekoué sont allés voir Ladji à Odienné pour lui demander de me laisser à Duekoué. C'est une marque de fraternité qu'ils m'ont faite, et je leur en serai toujours reconnaissant. Mais cela n'a nullement déteint sur mes relations avec le Président Bédié qui se sont du reste raffermies. Bref, c'est un frère.
Au point où au plus fort de la crise, vous êtes resté comme le rescapé du PDCI-RDA à Duekoué ?
C'est en reconnaissance de ce que le Président Bédié a fait que je reste attaché au PDCI-RDA. C'est pour cela que quand le président Bédié est revenu de l'exil en 2001, j'ai organisé un voyage des militants de toute la région de l'ouest pour aller le saluer à Daoukro. Ce jour-là, c'était aussi prendre beaucoup de risques. Mais aucun risque ne sera assez grand, pour moi, quand il s'agira du Président Bédié. Aucun de ceux qui étaient considérés comme hauts responsables du PDCI ici n'a voulu faire partie de la délégation, parce que pour eux, c'était une aventure. Je dis et le répète à qui veut m'entendre que tant que Bédié sera dans le PDCI, je serai là. Quoiqu'il advienne. Je soutiendrai le Président Bédié jusqu'à ce que le PDCI-RDA s'arrête. Or, le PDCI ne s'arrêtera jamais.
Aujourd'hui, le parti a retrouvé sa force à Duékoué. N'y a-t-il pas crainte de problème de choix de candidat pour les prochaines élections locales ?
Je suis le délégué. Le PDCI-RDA a sa méthode du choix des candidats locaux. Ils sont proposés par la base. Sur ce principe-là, je dis qu'il ne saurait y avoir de problème ici. Parce que la base ne proposera pas et je ne présenterai pas quelqu'un qui n'a pas travaillé pour la relance du parti. Il faut que les gens sachent cela. J'ai prévenu tout le monde. Ceux qui travaillent sur le terrain depuis cinq ans dans des conditions difficiles, ce sont ceux-là que j'appelle cadres du parti. C'est-à-dire ceux qui contribuent au développement de leur parti. On ne s'asseoit pas à Abidjan pour attendre le jour du choix des candidats aux élections législatives, aux municipales et aux départementales pour se présenter. Pour ces gens-là, il n'y a pas de place ici. Je l'ai déjà dit au Secrétaire général du PDCI-RDA. Il n'y a plus de place pour les aventuriers. Ceux qui n'ont pas semé ne seront pas à la récolte. Nous n'avons pas de compétition avec ces gens. Ils peuvent brandir leurs diplômes, leurs cursus, mais je dis qu'à l'Assemblée, tous les députés ne sont pas des docteurs d'Etat. Il y a des planteurs, des commerçants. Donc il n'y a pas de problème. Nous allons proposer, si la direction du parti nous suit, et on gagnera ici à Duékoué. Parce que c'est grâce à ceux qui ont travaillé sur le terrain que le PDCI-RDA vit présentement dans cette région. Si ça ne tenait qu'aux cadres, le parti serait mort ! Les cadres sont tous partis, d'une manière ou d'une autre, au FPI. Aller au FPI, ce n'est pas aller en enfer, mais je dis que vous ne pouvez pas aller au FPI et chercher une place d'élu au PDCI ! Non, il faut qu'on soit conséquent ! J'admire ceux qui déclarent officiellement leur départ au FPI, ils sont sincères avec eux-mêmes et avec nous. Mais nos cadres d'ici, sont là-bas, et ils veulent nous faire croire qu'ils sont avec nous. Mais on ne les voit jamais. D'ailleurs, je dis ici, il n'y a pas de candidat tant que le Président Bédié n'est pas élu à la présidence de la république. Notre seul candidat présentement c'est le Président Bédié. C'est quand il sera élu qu'on va penser aux autres candidats pour les autres élections.
On vous a vu à toutes les étapes des tournées du Président Bédié. Est-ce pour un lobbying ?
Oui. Mais je ne savais pas qu'Aboisso allait être visitée par le Président avant Duékoué. Chaque fois que le président nous reçoit, nous posons le problème. A Bouaké, j'ai demandé au Président de voir la possibilité de nous rendre visite dans le Moyen-Cavally, parce que nous pensons que si le Président venait ici maintenant, ce serait une très bonne chose. Son passage dans le Moyen-Cavally fera bouger beaucoup de choses. Après Aboisso, notre souhait est qu'il vienne chez nous. D'ailleurs, bientôt, une bonne délégation des responsables et militants de la région ira le voir.
Interview réalisée par Eddy Péhé
Monsieur le délégué, comment peut-on évaluer le PDCI à Duekoué après tant de crises politiques vécues par le pays ?
Je peux vous assurer sans crainte de me tromper qu'aujourd'hui le PDCI va très bien à Duékoué. Il y a eu certes des difficultés, mais à présent la vérité éclate et le PDCI se porte à merveille à Duekoué.
Combien de sections avez-vous remises en marche ?
Je n'ai jamais voulu m'attarder sur les chiffres. Je ne veux pas pour l'instant brandir le nombre de sections et de comités de base, parce que pour moi ce n'est pas ce qui est important. L'important, c'est la mobilisation de tout le monde. Dans tous les cas, c'est sur le terrain de la mobilisation qu'on constatera le travail qui est fait. Je préfère agir et laisser les autres en parler.
Duekoué, jusque-là, était une zone difficile. La situation a-t-elle changé ?
Je ne sais pas ce que vous appelez zone difficile. Nous n'avons pas de baromètre pour évaluer le taux de difficulté, mais ce qui est sûr ici, le PDCI-RDA se porte très bien. Au PDCI, nous n'avons pas pour habitude de nous intéresser aux autres partis. Nous ne nous préoccupons pas de ce que les autres font. Chercher à savoir ce que les autres font veut dire que vous-même n'avez pas un programme d'activités qui vous permette d'avancer et d'atteindre vos objectifs. Notre problème ici à Duekoué, c'est le temps. Que faisons-nous pour tel temps ? C'est pourquoi, nous suivons de très loin ce que les autres partis font.
Oui mais, il y avait ici, le FPI, les patriotes, les milices qui empêchaient les autres partis de fonctionner !
Les moments on changé. Ils ne peuvent plus prendre le risque de nous empêcher ou de nous imposer, par la force, ce qu'ils veulent. Le moment où les milices et les patriotes FPI faisaient planer toutes sortes de menaces sur les responsables des autres formations politiques est révolu. Les données ont changé. Nous, au PDCI, sommes sur le terrain, sans regarder ni à gauche ni à droite.
Des audiences foraines à l'identification, le PDCI a-t-il pu cerner les choses à Duekoué ?
Dans l'ensemble, les audiences foraines se sont bien passées ici, mais il y a eu un oubli volontaire. L'agglomération de V14 n'a pas été visitée par les équipes, comme c'était prévu, malgré nos interpellations. L'équipe de rattrapage qui devait passer 15 jours dans cette zone, n'y a passé que trois heures d'horloge. Pourquoi ? On ne le sait pas. Alors que nous attendions cette équipe avec un programme précis, elle est passée en flèche. Ce qui fait que des centaines d'Ivoiriens ont été volontairement omis dans cette zone. Mais cela ne nous handicapera pas dans notre travail de ratissage des électeurs. Parce que dans l'ensemble, nous avons atteint et encadré la plupart de nos militants.
Au niveau de l'identification, les choses ont commencé timidement, mais elles se passent bien, en dehors de quelques cas de fraudes vite cernés et mis en quarantaine. Le constat qui est fait est au niveau du rythme lent, et les jeunes gens ont été formés dans la précipitation. Ils ne maîtrisent pas leurs équipements et le mécanisme.
La sécurité dans la région, M. le délégué, ne vous inquiète pas ?
Pour l'instant, je ne suis pas inquiet, parce que je ne suis pas le seul concerné. Nous sommes tous logés à la même enseigne, que ce soit l'UDPCI, le RDR et même le FPI. Quand les coupeurs de routes arrêtent un véhicule, ils ne distinguent pas qui est militant de tel ou tel parti ! Je veux dire que la situation devrait interpeller tout le monde. Parce que je ne peux pas comprendre que les zones ex-assiégée soient beaucoup plus paisibles que chez nous ici à Duekoué. En plus, on se demande encore pourquoi c'est Duekoué qui est au centre de l'insécurité ! Je crois qu'il faut se rendre à l'évidence aussi : les gens sont désœuvrés, ils n'ont rien à faire et ont curieusement des armes. Il faut bien que ces jeunes qui n'ont rien à faire vivent !
C'est la faute à qui ?
Ecoutez, tous, nous nous posons la question. Avant, ce n'était pas comme cela. Non seulement on était libre, mais aussi il y avait l'ordre. Mais aujourd'hui, le pays est devenu méconnaissable. Il n'y a plus d'ordre, plus de respect. Est-ce que ceux qui sont au pouvoir se font respecter ? Non ! Parce que s'ils avaient le moindre respect de nous-mêmes, de nos institutions, cette histoire d'insécurité, de racket n'aurait pas atteint cette proportion ! Si ceux qui sont au pouvoir avaient le respect de nos lois, c'est-à-dire la volonté de punir les fautifs, pensez-vous que le racket et l'insécurité n'auraient pas trouvé de solution ? Quand un agent des forces de l'ordre vous dit : " Vous pouvez aller vous plaindre où vous voulez ", il vous dit qu'il est de connivence avec ses supérieurs ! Des gens nous disent que tout ce que les hauts gradés de l'armée, de la police et des autres corps entreprennent contre le racket relève du cinéma, puisqu'ils ont souvent leur part dans le butin du racket. On en déduit que le racket et l'insécurité sont intimement liés et tous ces faits sont cautionnés par le pouvoir puisqu'ils ne peuvent pas prendre des mesures pour punir les fautifs. Nous sommes préoccupés dans la mesure où nous allons entrer dans une période sensible, la période électorale.
Cette période électorale risque-t-elle d'être électrique chez vous ?
Oui, mais je dis que les responsables politiques jouent bien leur partition. Aujourd'hui, que ce soit du côté des allogènes comme de celui des autochtones, tout le monde a compris que les affrontements ne nous font pas avancer. Nous venons de loin et personne ne veut, par ces temps, créer des problèmes où il n'y en a pas. C'est une compréhension dictée par la force des choses. Aujourd'hui, personne ne devrait prendre le risque d'aller attaquer son ami. Si vous le faites, vous verrez ce qui va vous arriver. De ce point de vue, nous espérons que si on nous aide, les esprits vont évoluer. Si les autorités nous aident, les choses vont se passer dans les normes.
Concrètement, comment doivent-elles vous aider ?
Nous aider, c'est de faire en sorte que soit mis fin aux braquages que nous connaissons à présent. Hélas, ce sont des jeunes de la région qui connaissent bien les mouvements des uns et des autres, qui connaissent les biens, qui attaquent leurs propres parents. Mettre fin à cela en commençant par prendre des sanctions, en punissant sévèrement les bandits.
M. Touré Aoua, qu'est-ce qui vous lie tant au Président Bédié ?
Le Président Bédié est mon frère. Ce n'est pas de la politique. Bédié est véritablement mon frère. D'aucuns pensent que c'est seulement quand il était président de la république que nous nous sommes connus. Ce n'est pas cela. Le Président Bédié et moi, nous nous sommes assis ensemble pour la première fois en 1982, par l'entremise de son ami personnel Ladji Laciné Cissé qui est un grand frère à moi. Cette année-là, Ladji a voulu que je brigue la mairie d'Odienné, mais sincèrement cela ne m'intéressait pas (je dis cela, parce que je suis né et j'ai tout fait ici à Duekoué, d'ailleurs je préfère être Guéré que Dioula)… Lorsque Ladji et moi sommes allés voir le Président Bédié, je ne sais pas ce qu'il a vu sur moi, mais lorsque Ladji est sorti de l'audience après quelques dizaines de minutes, il m'a dit que le Président m'a bien apprécié et qu’il me donne sa caution désormais. Cela m'a étonné, mais en même temps cela m'a fait réfléchir. C'est donc depuis ce jour que j'ai commencé à côtoyer le Président Bédié. Et entre nous s'est installé un amour sincère et fraternel. Mais au moment où je préparais mes dossiers pour la mairie d'Odienné, les cadres de Duekoué sont allés voir Ladji à Odienné pour lui demander de me laisser à Duekoué. C'est une marque de fraternité qu'ils m'ont faite, et je leur en serai toujours reconnaissant. Mais cela n'a nullement déteint sur mes relations avec le Président Bédié qui se sont du reste raffermies. Bref, c'est un frère.
Au point où au plus fort de la crise, vous êtes resté comme le rescapé du PDCI-RDA à Duekoué ?
C'est en reconnaissance de ce que le Président Bédié a fait que je reste attaché au PDCI-RDA. C'est pour cela que quand le président Bédié est revenu de l'exil en 2001, j'ai organisé un voyage des militants de toute la région de l'ouest pour aller le saluer à Daoukro. Ce jour-là, c'était aussi prendre beaucoup de risques. Mais aucun risque ne sera assez grand, pour moi, quand il s'agira du Président Bédié. Aucun de ceux qui étaient considérés comme hauts responsables du PDCI ici n'a voulu faire partie de la délégation, parce que pour eux, c'était une aventure. Je dis et le répète à qui veut m'entendre que tant que Bédié sera dans le PDCI, je serai là. Quoiqu'il advienne. Je soutiendrai le Président Bédié jusqu'à ce que le PDCI-RDA s'arrête. Or, le PDCI ne s'arrêtera jamais.
Aujourd'hui, le parti a retrouvé sa force à Duékoué. N'y a-t-il pas crainte de problème de choix de candidat pour les prochaines élections locales ?
Je suis le délégué. Le PDCI-RDA a sa méthode du choix des candidats locaux. Ils sont proposés par la base. Sur ce principe-là, je dis qu'il ne saurait y avoir de problème ici. Parce que la base ne proposera pas et je ne présenterai pas quelqu'un qui n'a pas travaillé pour la relance du parti. Il faut que les gens sachent cela. J'ai prévenu tout le monde. Ceux qui travaillent sur le terrain depuis cinq ans dans des conditions difficiles, ce sont ceux-là que j'appelle cadres du parti. C'est-à-dire ceux qui contribuent au développement de leur parti. On ne s'asseoit pas à Abidjan pour attendre le jour du choix des candidats aux élections législatives, aux municipales et aux départementales pour se présenter. Pour ces gens-là, il n'y a pas de place ici. Je l'ai déjà dit au Secrétaire général du PDCI-RDA. Il n'y a plus de place pour les aventuriers. Ceux qui n'ont pas semé ne seront pas à la récolte. Nous n'avons pas de compétition avec ces gens. Ils peuvent brandir leurs diplômes, leurs cursus, mais je dis qu'à l'Assemblée, tous les députés ne sont pas des docteurs d'Etat. Il y a des planteurs, des commerçants. Donc il n'y a pas de problème. Nous allons proposer, si la direction du parti nous suit, et on gagnera ici à Duékoué. Parce que c'est grâce à ceux qui ont travaillé sur le terrain que le PDCI-RDA vit présentement dans cette région. Si ça ne tenait qu'aux cadres, le parti serait mort ! Les cadres sont tous partis, d'une manière ou d'une autre, au FPI. Aller au FPI, ce n'est pas aller en enfer, mais je dis que vous ne pouvez pas aller au FPI et chercher une place d'élu au PDCI ! Non, il faut qu'on soit conséquent ! J'admire ceux qui déclarent officiellement leur départ au FPI, ils sont sincères avec eux-mêmes et avec nous. Mais nos cadres d'ici, sont là-bas, et ils veulent nous faire croire qu'ils sont avec nous. Mais on ne les voit jamais. D'ailleurs, je dis ici, il n'y a pas de candidat tant que le Président Bédié n'est pas élu à la présidence de la république. Notre seul candidat présentement c'est le Président Bédié. C'est quand il sera élu qu'on va penser aux autres candidats pour les autres élections.
On vous a vu à toutes les étapes des tournées du Président Bédié. Est-ce pour un lobbying ?
Oui. Mais je ne savais pas qu'Aboisso allait être visitée par le Président avant Duékoué. Chaque fois que le président nous reçoit, nous posons le problème. A Bouaké, j'ai demandé au Président de voir la possibilité de nous rendre visite dans le Moyen-Cavally, parce que nous pensons que si le Président venait ici maintenant, ce serait une très bonne chose. Son passage dans le Moyen-Cavally fera bouger beaucoup de choses. Après Aboisso, notre souhait est qu'il vienne chez nous. D'ailleurs, bientôt, une bonne délégation des responsables et militants de la région ira le voir.
Interview réalisée par Eddy Péhé