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Société Publié le mardi 27 janvier 2009 | Le Patriote

Adjamé Marie-Thérèse, 220 logements : Rackets, Couvre-feux intempestifs, contrôles inopinés Quand la FESCI terrorise les riverains

Au quartier Marie-Thérèse d’Adjamé, la vie a repris son train-train quotidien. Les habitants vaquent tranquillement à leurs activités. Seules les traces de vitres brisées encore au sol et de magasins calcinés indiquent qu’un évènement douloureux s’est déroulé dans cet endroit, plus connu sous le nom de quartier ‘’voyou’’. En effet, dans la nuit du mardi 13 au mercredi 14 janvier, les jeunes du quartier et des éléments de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), se sont affrontés à l’arme blanche. Occasionnant plusieurs blessés graves des deux côtés, le saccage de 12 box dont 5 incendiés et de 15 véhicules dont 1 également calciné. A l’origine de ce pugilat très sanglant, une altercation entre un jeune du quartier et un élément de la FESCI. Très vite la petite querelle s’est transformée en une grande bagarre où chacune des deux parties voulait définitivement en finir avec ‘’ une situation qui n’a que trop duré’’.
La goûte d’eau qui a fait déborder la vase
En effet, selon Fofana Amara, un des responsables des jeunes du quartier Marie-Thérèse « ce qui s’est passé les mardi 13 et mercredi 14 janvier était prévisible ». Les deux clans, estime celui-ci, allaient tôt ou tard s’affronter, car « les jeunes ne pouvaient plus continuer de subir le diktat de la FESCI ». « Il y a des causes lointaines à ce qui s’est passé entre la FESCI et nous. Il y a un ensemble d’évènements qui se sont déroulés et qui ont fini par créer des frustrations chez les habitants du quartier. Par trois fois déjà, la FESCI s’est attaquée aux riverains. Nous fréquentons tous les mêmes maquis. Une première fois des éléments de la FESCI ont attaqué un jeune du quartier dans un maquis des environs. Quand les échos sont parvenus au quartier, automatiquement, les riverains se son organisés pour apporter la réplique. Mais grâce à l’intervention de la police, ils se sont calmés. Une seconde fois, un autre jeune gérant d’une imprimerie dans le quartier, mais qui loge aux 136 logements, non loin de la cité universitaire, a été pris à partie par la FESCI. Il rentrait une nuit chez lui quand il a été arrêté par les éléments de la FESCI, au motif qu’en passant devant leur résidence, il violait le couvre-feu qu’ils avaient instauré dans le quartier. Ils sont donc tombés sur lui et ils l’ont tailladé avec des machettes. Lorsque les riverains l’ont appris, ils ont encore voulu apporter la réplique. Mais une fois, de plus, ils ont été dispersés par la police. Et la troisième fois, c’est ce qui s’est passé dernièrement. Vous comprenez qu’on ne pouvait que riposter dans ce cas là », explique Fofana Amara. Pour lui, il ne faut pas se méprendre sur le calme qui règne au quartier. « Ce n’est que de façade », affirme t-il. La preuve confie le jeune homme, ce n’est que le jeudi 22 janvier dernier que les forces de l’ordre ont cessé de monter la garde au quartier. S’ils se sont calmés, c’est parce que, à la suite des évènements, les jeunes ont demandé que les victimes soient dédommagées par la FESCI. Le commissaire du district, qui a écouté les belligérants, a préconisé la mise sur pied d’une commission paritaire où chacune des deux parties rédigera son rapport. A la suite de quoi, l’on évaluerait les dégâts et voir comment venir en aide aux sinistrés. « C’est ce qui a permis de faire baisser la tension. Car, les gens ont espoir qu’avec les différents rapports, on aura gain de cause », soutient-il.
Rackets, couvre-feu…, le règne de la terreur
Il n’y a pas que les jeunes du quartier Marie-Thérèse qui en ont marre de la cohabitation avec la FESCI. Aux 220logements tout comme aux 136 logements, commerçants et riverains n’ont formulé qu’un seul vœu en ce début d’année 2009. « Que cette résidence universitaire soit transféré ailleurs, afin qu’ils puissent vaquer tranquillement à leurs occupations ». Selon les témoignages des commerçants, depuis sa présence dans la cité, cette section de la FESCI, dirigée par un certain général « Fantôme », n’a fait que mener la vie dure aux commerçants. Elle a imposé des taxes à ceux qui sont installés dans les environs de la cité, qu’elle encaisse quotidiennement. Une autorité qui s’exerce sur près de 500 mètres de rayon. « Chaque jour, les éléments de la FESCI viennent nous encaisser 100 à 500F CFA. Quand nous refusons de payer, ils emportent toute notre marchandise. C’est ce calvaire que nous vivons ici depuis deux ans », raconte un commerçant de chaussures, qui a voulu garder l’anonymat, de peur d’être traqué par le syndicat estudiantin. Au début des exactions, les infortunés se sont tournés vers les autorités, à savoir la mairie et surtout le Commissariat du 7ème arrondissement, situé à quelques 100 mètres de la cité. Mais très vite, ils ont déchanté. « La mairie ne peut rien contre eux. Elle a répondu qu’elle ne nous encaisse pas, car la FESCI le fait déjà. Nous sommes donc obligés de négocier avec la FESCI. La police aussi est au courant. A maintes reprises, nous nous sommes plaints à la police, mais c’est le statu quo. Elle ne fait que prendre note en promettant d’aviser. Mais en réalité, elle ne fait rien », s’indigne un autre commerçant. Outre le racket des commerçants, les éléments du fameux général « Fantôme » se sont érigés en forces de l’ordre. « Parfois, ils décrètent des couvre-feux à partir de 19 heures. Ils font des contrôles d’identité comme s’ils étaient des policiers. Et tout ça, la police du 7ème et du district tous installés dans le quartier ne font rien », dénonce un riverain. Pour les habitants des quartiers cités, si les choses continuent ainsi, sans qu’aucune autorité ne mette fin au règne de la FESCI, une révolte générale de la population n’est pas à écarter...
Dao Maïmouna
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