Rififi à la Versus Bank - Le choix des dirigeants trouble la communauté bancaire

Dans sa croisade proclamée pour assainir l’administration ivoirienne, le chef de l’Etat ne donne pas des signes d’une réelle volonté de promouvoir l’excellence. Depuis le 6 janvier dernier, la Versus Bank est reprise par l’Etat de Côte d’Ivoire. Mais, le choix des dirigeants de cet établissement pose plus de problèmes qu’il n’en résout. En effet, le chef de l’Etat a positionné à la direction de la Banque deux personnalités qui n’inspirent pas confiance. Il s’agit du Directeur général et du Président du Conseil d’administration. Le Directeur général, est M. N’Da Ametchi Roger Jean-Claude. A la surprise générale du personnel et de la Communauté bancaire, ce banquier a été reconduit aux destinées de l’établissement. Pourtant, c’est justement sa gestion, de mars 2004 à mai 2006, décriée par la Commission bancaire qui a été sanctionnée par la mise en place d’une administration provisoire pour éviter que l’ensemble du système ne s’écroule par effet de contagion. A partir du 6 août 2006, l’administration provisoire s’est mise au travail et son constat était net : la gestion de Ametchi Jean-Claude a été dénoncée. Les gendarmes du système bancaire ont jugé la gestion de M. Ametchi « non orthodoxe » et le menaçaient et préconisant, par la même occasion dans ce courrier référencé CB/N°001092/2008 du 19 mai 2008 des « poursuites judiciaires ». S’opposant même à une quelconque indemnité forfaitaire de licenciement à son profit. En outre, à ses côtés, le Directeur Ametchi, a un autre nom pas tout à fait préconisé dans le monde de la finance ivoirienne, Kouassy Oussou, Directeur général de l’Economie et nouveau PCA de la Versus Bank. Ce fonctionnaire accusé de tremper dans plusieurs scandales financiers dont le dernier révélé en date est relatif à une scabreuse affaire de perte de cinq cent millions de francs CFA. Les Ivoiriens attendent des explications du fonctionnaire qu’ils n’ont toujours pas. Voici donc le duo à qui le chef de l’Etat a décidé de confier l’argent des contribuables, le destin d’une Banque qui doit se frayer un chemin dans un environnement très concurrentiel
Quel résultat attend alors le président de la république de ces derniers, étant donné qu’ils ont déjà prouvé leur inaptitude à gérer convenablement? Quelle assurance et quelle confiance auront les clients de la banque ? Déjà ça grogne au niveau des épargnants et du personnel. Les clients de la Versus Bank s’interrogent. Beaucoup se posent la question : ne serait-ce pas une caisse noire dans laquelle le FPI viendra puiser l’argent pour assurer sa campagne?
Déjà, nos sources indiquent que le Premier ministre Guillaume Soro aurait écrit au ministre de l’Economie et des finances pour émettre de sérieuses réserves sur ces nominations qui ne rassurent personne. Nous reviendrons, dans nos prochaines éditions, plus largement sur les dessous de cette affaire qui ne manque pas de surprendre la communauté bancaire et dont les conséquences pourraient être préjudiciables aux épargnants.
Charles Sanga